#Frenchmen2018 : B-NØM, deux jeunes qui font la paire

#Frenchmen2018 : B-NØM, deux jeunes qui font la paire

Ils représentent la nouvelle vague du rap français. Freestyles, interviews, photos : de leur style à leur flow, voici les FRENCHMEN, par Konbini. Place à un duo de kickeurs, les plus jeunes de la série, qui forment ensemble B-NØM.

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Trois clips. C’est tout ce qu’il aura fallu à B-NØM (duo formé par Amine et Pulkra) pour s’immiscer dans le paysage du rap français. Originaires de Pantin, ces deux jeunes amis d’enfance n’en sont qu’à leurs débuts, mais bousculent déjà le game. C’est tout récemment, en février 2018, que tout commence pour eux, avec le clip de “La Paire”.

À l’image, on découvre deux gamins pleins de fougue. Sur des instrus énergiques, le duo kicke avec assurance et une aisance déconcertante. Sans artifices ni fioritures. Les punchlines s’enchaînent, le charisme s’impose et l’ensemble devient très vite viral. Avec plus de deux millions de vues sur ce premier extrait, ils poursuivent rapidement leur lancée avec deux autres clips, “Saginati” et “AC2M”. Rebelote, la formule fait mouche. Et leur dernière sortie en date est toute récente ; convaincante, elle s’intitule “La Nuit”. 

Pas encore connus, ils nous tapent déjà dans l’œil. C’est pourquoi nous avons invité ces jeunes Frenchmen à s’adonner à l’exercice du freestyle, ici appliqué à la lettre avec une performance réalisée en one shot sur une prod de Seezy, beatmaker attitré de cette saison 2. On s’est ensuite posés pour parler de leur jeunesse, de leurs débuts fulgurants, de leurs premières expériences, de leur univers… dans une interview datée d’il y a six mois, à lire au bas du freestyle.

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Konbini |Avant toute chose, vous pouvez vous présenter ?

Pulkra | Nous, c’est B-NØM, on est deux potes de 17 ans originaires de Pantin. On a commencé il y a deux ans et demi. Ce nom vient de notre complémentarité. Il représente notre amitié fraternelle. On n’est pas frères, mais on se connaît depuis longtemps. La typographie du nom, c’est Amine qui l’a trouvé.

Amine | Moi, c’est Amine, j’ai voulu garder mon vrai prénom.

Pulkra | Moi, c’est Pulkra, crapule à l’envers. C’était pour jouer sur le fait “je ne suis pas un voyou, mais je ne suis pas un ange non plus”. C’est un blaze que je tiens du surnom que me donnait mon cousin.

Vous qui avez grandi à Pantin, comment vous avez découvert le rap ?

Pulkra | Mes parents ont toujours écouté de la musique. Le rap s’est imposé de lui-même. C’est la banlieue, c’est comme ça. Tout le monde écoute du rap alors on s’y est mis. Je suis tombé dans le rap après avoir écouté l’École des Points Vitaux de la Sexion D’Assaut. C’est le premier disque que j’ai acheté.

Amine | Moi, c’est Ouest Side de Booba. Le son “Pitbull” m’a tellement marqué.

Et comment vous vous êtes lancé dans le rap ?

Amine | C’est Pulkra qui a commencé…

Pulkra | C’est vrai, au début je rappais solo dans ma chambre autour de 13 ans. J’écrivais et je faisais écouter à mes potes. Progressivement, j’ai commencé à mettre mes freestyles sur Internet. J’ai toujours traîné avec Amine et en voyant ce que je faisais, il s’est motivé à commencer à écrire et il m’a rejoint.

Amine | Petit à petit on a commencé à écrire ensemble, c’est devenu une passion et on continue d’avancer.

Quel était votre premier son ?

Pulkra | Notre premier son on l’a gardé pour nous, mais le premier qu’on a sorti ensemble c’est “La Paire”. C’est un titre qui annonce la couleur. J’ai sorti quelques freestyles, mais ils sont dans la pénombre, impossible à trouver.

Amine | Moi je n’avais rien sorti avant “La Paire”. C’est le premier son qu’on a fait à deux en studio et c’est avec celui-ci que les gens m’ont découvert. Mais dès le début, on savait qu’on se complétait bien et qu’il fallait faire un truc à deux, mais on ne s’attendait pas à ce que ça marche autant c’est sûr.

Comment qualifieriez-vous chacun votre style ?

Pulkra | Je dirais “Puissant”, “rassembleur” et “contradictoire”. Je dis ça parce qu’on n’est pas toujours d’accord dans nos sons et on se renvoie la balle au micro. C’est ce qui fait notre force, la complémentarité des points de vue.

Amine | Je rajouterai “sincère”. C’est nous et personne d’autre, on raconte ce qu’on vit.

Votre premier morceau est sorti le 2 février 2018 et cumule plus de 2 millions de vues, c’est fou pour vous j’imagine ?

Amine | C’est clair ! Pour un premier truc, on ne s’attendait pas à ce que ça prenne autant. On est super contents, car les gens ont accroché encore après. Les gens ont saisi notre message et nos personnages. On a beaucoup de chance et ça laisse présager du bon pour la suite.

Pulkra | On est vraiment dans un délire de proximité avec le public et c’est ce que les gens ont compris je pense. Quand on sort un truc, on demande leur avis, on parle beaucoup avec eux. On a envie que ceux qui nous écoutent se reconnaissant dans nos histoires.

En dehors de la musique, vous faites quoi ?

Pulkra | L’année dernière, j’ai passé mon Bac L. Les études, c’est important pour rendre fiers nos parents.

Amine | Moi j’ai déjà mon bac, je suis à la fac, mais j’avoue que le rap prend un peu plus de place dans ma vie. C’est ma passion et je veux m’y consacrer à fond.

Comment votre entourage perçoit votre succès fulgurant ? Ils ont des craintes ? Notamment au sujet des études justement…

Pulkra | C’est sûr… Quand on a dit à nos parents que ça marchait bien et qu’on allait se diriger vers le rap exclusivement, ils ont eu du mal à l’accepter et c’est normal. Mais ils ont compris petit à petit que c’était une passion bien qu’ils aient toujours des doutes.

Qu’est ce qui vous inspire le plus dans la vie et dans la musique ?

Pulkra | Ma mère sans hésiter

Amine | Pareil, les amis et la famille avant tout. Ce sont les proches qui te font sourire. Tu te sens bien et tu n’as pas besoin de plus.

Pulkra | Il faut des sous aussi ! (rires)

Amine | Je dirai que ça dépend des moods. Je peux écrire un bon truc quand je suis dans un mood chill, mais que je peux en faire tout autant quand je suis dans un état d’esprit plutôt sombre.

Quels sont le morceau et le clip dont vous êtes le plus fier ?

Amine | C’est le clip de “A2CM”, le dernier qu’on a sorti. C’est celui qui a le mieux démarré et celui pour lequel on a eu le meilleur retour. On a inclus deux morceaux dans ce visuel, deux titres très différents. En faisant ça, on a voulu montrer notre image de kickeurs, mais qu’on ne savait pas faire que ça.

Pulkra | D’ailleurs, merci à Hani Azzoug, c’est lui qui gère qui réalise nos clips. On va beaucoup entendre parler de lui et il ne faut pas l’oublier car ce garçon est trop important pour nous. C’est un peu grâce à lui qu’on est là aujourd’hui.

La punchline dont vous êtes le plus fiers ?

Amine | Moi c’est “Un son, un million de vues”

Pulkra | “Le rap a pris le dessus donc en cours manque d’assiduité”

À quoi êtes-vous accros en dehors du rap ?

Amine | Les sandwichs évidemment ! Blague à part, moi avant c’était le foot, mais la musique a pris une place trop importante dans nos vies.

Pulkra | C’est sûr, on est trop des bousillés de musique. Il n’y a qu’à ça qu’on est vraiment accrocs. Fortnite aussi, et les jeux vidéo en général. Ça détend, ça fait du bien.

Une phobie ?

Amine | La phobie de l’échec

Pulkra | Aussi le fait que tout soit allé très vite pour nous. La réussite peut faire peur parfois. La réussite fait aussi peur que l’échec, ça, c’est une punchline ! On la garde !

Votre marque de vêtements favorite ?

Amine | Nike, on met pratiquement que ça.

Et niveau baskets ?

Amine | La paire que je kiffe c’est la Jordan Retro 11, ça a toujours été ma préférée.

Pulkra | Récemment pour moi, c’est la Air Max 90 Off White. Elle tue de ouf et je la porte dans un clip d’ailleurs.

On parlait de la fougue de la jeunesse tout à l’heure, mais si vous étiez un animal, lequel seriez-vous ?

Amine | un lion indomptable direct !

Pulkra | moi je serai un fennec pour représenter l’Algérie et un coq pour la France.

Quel métier vouliez-vous faire s’il n’y avait pas eu le rap ?

Amine | Avant, je faisais une licence AEI (Administration et Échanges Internationaux) Je me dirigeais vers le commerce international. Je n’étais pas mauvais élève, mais ça ne m’a pas forcément plu et je ne voulais pas trop de cette vie-là. Je suis content d’être dans le rap.

Pulkra | moi, c’est un peu plus mitigé, j’ai un parcours scolaire délicat. Mais je pense que si je n’avais pas fait de rap, je me serais dirigé dans la réalisation si je n’étais pas dans la musique. J’espère pouvoir me servir de la musique pour en faire un peu d’ailleurs. C’est quelque chose qui m’intéresse beaucoup.

Votre personnage de fiction préféré ?

Pulkra | Gustavo dans Breaking Bad parce qu’il est toujours serein dans toutes les situations. Heisenberg aussi, car il a le sens de la famille, un sang-froid et un sens de la maîtrise incroyable.

Amine | Michael Scofield de mon côté. Je le kiffe parce qu’il est tout le temps dans les bons coups et super ingénieux aussi.

Et votre film favori ?

Amine | Pas très original, mais je dirais la saga des Harry Potter. Je suis encore un enfant en vrai.

Pulkra | Le Loup de Wall Street clairement, trois heures de pure folie incroyable

Votre mot favori ?

Amine | B-NØM c’est “la crémerie”, les personnes concernées comprendront. Ce qui nous arrive, c’est une dinguerie qui passe crème du coup, c’est la crémerie.

Quel est votre plus grand rêve ?

Amine | Au-delà de la musique ce que je veux, c’est de pouvoir mettre ma famille à l’aise sur plusieurs générations. Je veux que la famille aille bien et qu’ils se disent : “c’est grâce à Amine tout ça”.

Pulkra | Pareil et au niveau musique, c’est le million de ventes et de pouvoir un jour faire un Bercy. Ce serait incroyable.

Un super-pouvoir que vous aimeriez posséder ?

Pulkra | Lire dans les pensées des gens, pour savoir ce qu’ils veulent qu’on sorte ! (rires)

Amine | Bien sûr on fait d’abord ce qui nous plaît, mais on veut vraiment être à l’écoute des autres en même temps. On veut trouver le meilleur compromis.

Votre plus grande qualité ?

Pulkra et Amine | La générosité, je pense que c’est notre plus grande qualité à tous les deux.

Votre plus grand défaut ?

Pulkra | La générosité quand j’y pense aussi. Il y a des gens, en voyant que tu es gentil et généreux, ils en jouent trop. Du coup pour moi, c’est un défaut comme une qualité.

Amine | moi je suis encore trop un enfant dans ma tête. Peut-être encore un peu trop immature ! (rires)

Et concernant votre jeune carrière, vous voyez la suite comment ?

Amine | On pense sortir une mixtape, mais pas pour l’instant. D’abord, on veut continuer à montrer ce qu’on sait faire au travers des clips. On va en sortir plusieurs, voir si les gens sont toujours réceptifs et après on verra.

Pulkra | On sortira une mixtape et on fera des concerts le moment venu. Dès qu’on sentira le bon moment arriver, nous ferons des annonces. La première date, il faut bien la choisir parce qu’on s’en souviendra toute notre vie.

Enfin, où vous voyez-vous dans dix ans ?

Amine | La production, c’est quelque chose qui me ferait kiffer. Produire des artistes et des albums pour des jeunes comme nous justement. Lancer un média, j’aimerais bien aussi. Quelque chose d’utile pour les gens.

Pulkra | Aussi bien sûr, on veut marquer le rap et ce foutu game ! Au-delà d’être un groupe de rap, on veut que B-NØM devienne une image symbolique, un état d’esprit.

Interview réalisée par Jérémie Léger

Photos : Benjamin Marius Petit

Merci aux artistes qui ont bien voulu participer, et à leurs équipes. À la prod vidéo de Konbini, d’Adrian Platon à Simon Meheust en passant par Manuel Lormel, Paul Cattelat, Jérémy Casanova, Luca Thiebault, Mike Germain, Nicolas Juares et Rédouane Boujdi au montage. À Jérémie Léger. Aux DA, Terence Mili et Arthur King.