Flore de l’Impératrice raconte les violences sexuelles qu’elle a subies dans la musique

Flore de l’Impératrice raconte les violences sexuelles qu’elle a subies dans la musique

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Par Joséphine de Rubercy

Publié le

"Il m'a dit : 'moi tout ce qui m'intéresse, c'est que tout le monde ait envie de te baiser'", raconte Flore Benguigui.

Alors que la parole se libère dans le milieu de la musique, elle aussi a décidé de parler. La chanteuse du groupe pop L’Impératrice, Flore Benguigui, a dénoncé au micro de C à vous le harcèlement sexuel et le sexisme dont elle a été victime à ses débuts.
Avant de rejoindre son groupe actuel, la chanteuse, alors âgée de 22 ans, était membre d’un groupe de disco-jazz. Elle explique au journaliste Tancrède Bonora comment, après son tout premier concert, le leader du groupe l’a tout simplement virée :

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Il m’a dit : ‘ça ne m’intéresse pas du tout la manière dont tu chantes, moi tout ce qui m’intéresse, c’est que tout le monde ait envie de te baiser. Personne n’a envie de te baiser car tu es là, avec ton balai dans le cul. Tu nous fous la honte’.

Des propos choquants et violents que Flore Benguigui supporte très mal, d’autant plus que ce chanteur lui assure qu’elle “n’arrivera jamais dans ce métier” si elle reste “coincée” comme ça.
“J’étais sa marionnette, ajoute-t-elle, c’est-à-dire qu’il me touchait, me disait ‘tiens-toi comme ça, mets ça’. Il me disait comment m’habiller, comment bouger sur scène.” Elle se caractérise elle-même de “plante verte” à l’époque. “J’étais là pour décorer”, confesse-t-elle.
Et puis un jour, un dirigeant de label lui a demandé “de simuler l’acte sexuel dans un micro”. “T’es super gênée quand on te demande ça”, déclare-t-elle. L’artiste détaille à quel point on peut être jugé·e sur ce genre d’action.

“Et si tu ne le fais pas, ce qu’on te répond à chaque fois c’est : ‘de quoi t’as peur, t’as pas envie d’y arriver, t’as pas envie d’être chanteuse ?'”

À l’époque, Flore Benguigui n’a pas porté plainte. “J’avais 22 ans, j’étais un bébé et je n’étais absolument pas consciente de la gravité de la situation”, explique-t-elle. Et puis surtout, les jeunes femmes n’ont pas d’autre choix que de se taire selon elle.

“On est prêtes à se faire traiter comme ça, à se faire harceler, moralement et physiquement, pour pouvoir y arriver. Parce qu’on sait qu’il faut passer par là pour y arriver dans la musique.”

La chanteuse de L’Impératrice sait bien qu’elle n’a pas été la seule, et que ce genre d’agissements est monnaie courante dans le milieu de l’industrie musicale. Surtout, elle dénonce une omerta qui empêche la situation de changer.

“Beaucoup de gens savent qu’il y a énormément de filles qui sont pieds et poings liés à un label, à un groupe, à des gens malveillants. Il y a des violences sexuelles qui sont graves dans ce milieu, mais personne parle parce que tout le monde a peur, enfin les femmes.”

Un coup de gueule qui survient quelques mois après le lancement du mouvement #MusicToo. Ce #MeToo de l’industrie musicale a permis à plusieurs victimes de dénoncer les violences sexuelles d’artistes tels que Roméo Elvis, Moha La Squale, Yohann Malory, le parolier de Louane et de Johnny Hallyday, ou encore le chanteur Spleen, un ancien candidat de The Voice.
Avant L’Impératrice, d’autres artistes ont tenté de secouer le milieu musical face à ce genre d’accusations. La chanteuse Pomme par exemple, dénonçait sur Instagram en septembre dernier le manque de réactions des hommes malgré les griefs des victimes.