Empêché de quitter Gaza pour être soigné, le peintre palestinien Fathi Ghaben est mort

Empêché de quitter Gaza pour être soigné, le peintre palestinien Fathi Ghaben est mort

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© Fathi Ghaben

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Par Lise Lanot

Publié le

Le peintre autodidacte, qui représentait un symbole de la culture et l’art palestinien, est mort à 77 ans.

Il peignait le quotidien de son Gaza natal, les douleurs de l’occupation et l’espoir de la libération. Le peintre Fathi Ghaben n’aura pas vécu assez longtemps pour voir son peuple libéré, lui qui a passé sa vie forcé à l’exil, dans un camp de réfugié·e·s gazaoui. Âgé de 77 ans, l’artiste est mort ce 25 février des suites d’une maladie respiratoire chronique après que l’État d’Israël lui a refusé la permission de quitter la bande de Gaza pour recevoir une aide médicale, rapporte Hyperallergic. Le peintre avait fait des demandes pour rejoindre l’Égypte à cause de la pénurie de médicaments et du débordement des hôpitaux de Gaza qui l’empêchaient d’être soigné.

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Autodidacte, l’artiste avait quitté l’école en 6e et appris à peindre seul, avec la volonté d’immortaliser les paysages de son enfance. Né deux ans avant la Nakba (“la catastrophe” en arabe, qui désigne l’exil, forcé par les attaques de l’armée israélienne, de milliers de Palestinien·ne·s en 1948), le nourrisson et sa famille avaient quitté leur village de Hirbiya pour le camp de réfugié·e·s gazaoui de Jabaliya.

“Fathi a vécu sa vie dans une tente et est mort dans une tente”, a déploré le ministère palestinien de la Culture dans un communiqué. Marqué par cette vie exilée, Fathi Ghaben imprégnait ses toiles de son quotidien et [de] la souffrance du peuple palestinien sous l’occupation israélienne”, relate le compte X/Twitter Palestinians achievements. On retrouve dans ses huiles sur toile des scènes pastorales et de constants hommages à la culture populaire palestinienne.

Comme bon nombre de fans du peintre palestinien, l’artiste Sliman Mansour a rendu hommage à Fathi Ghaben sur son compte Instagram, rappelant son importance dans l’histoire de leur pays : “Il a appris l’art en faisant et, dans les années 1970 et 1980, il est devenu l’un des artistes les plus importants de Gaza grâce à ses toiles exprimant la nostalgie de la Palestine pré-Nakba et ses dessins sur l’identité et la libération.” Sliman Mansour a également rappelé les condamnations imposées au peintre par l’État d’Israël à cause de son art : “Il a été arrêté et condamné à six mois de prison pour avoir dessiné le drapeau palestinien en 1984.”

Suite aux affrontements de 1967 qui virent l’État d’Israël tripler l’annexion de son territoire, les forces israéliennes interdirent en effet au peuple palestinien de brandir son drapeau dans les territoires occupés. Le simple affichage des quatre couleurs (rouge, noir, vert et blanc), placées côte à côte, était également banni, et c’est pour contourner cette interdiction qu’on raconte que le peuple palestinien se mit à brandir des pastèques et à les couper dans la rue, exposant leur peau verte, leur écorce blanche, leur chair rouge et leurs pépins noirs.