Dinos, Médine, SCH : quand le rap inspire la manifestation anti-loi “sécurité globale”

Dinos, Médine, SCH : quand le rap inspire la manifestation anti-loi “sécurité globale”

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@s_assbague/Twitter

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Par Valentin Després

Publié le

De nombreuses formules issues du rap français ont orné les pancartes des manifestants ce samedi 28 novembre.

À chaque colère son chant de révolte. Le rock, le punk et les autres sous-genres qui en découlent ont offert leur lot de “protest songs” et accompagné les mouvements contestataires depuis près d’un demi-siècle. “Things have changed”, comme le chantait Bob Dylan il y a vingt ans, et c’est aujourd’hui le rap qui inspire les slogans politiques de notre époque tourmentée.
La punchline qui a sans doute trouvé le plus d’écho sur les pancartes des manifestants est signée Dinos et l’album sur lequel elle figure n’est sorti que depuis trois jours. “Chaque contrôle de police me rapproche de mon feat avec Tupac”, a-t-on pu lire à plusieurs reprises tout au long du cortège, qui a rallié la place de la République à celle de la Bastille. L’agression du producteur de musique Michel Zecler par trois policiers a donné à la formule du rappeur de la Courneuve une lecture tristement ajustée à l’actualité. 


Parmi les milliers de panneaux griffonnés au marqueur et bricolés avec de vieilles boîtes à chaussures se trouvaient aussi différents slogans inspirés de morceaux de rap français qui ne se veulent pas nécessairement contestataires. Parmi eux : “Papa m’reniera jamais, j’suis ni flic ni préfet”, en clin d’œil à SCH et au morceau éponyme de sa première mixtape A7, ou encore l’ironique “Merci Gérald pour les travaux”, emprunté au groupe sevranais 13 Block.
Les citoyens venus exprimer, entre autres, leur opposition au fameux article 24 – qui prévoit de pénaliser la diffusion malveillante de l’image des policiers – ont aussi puisé dans les textes de Médine pour appuyer leur message. “On n’ouvre pas la porte du vivre-ensemble avec une clé d’étranglement”, fait probablement partie des punchlines lues sur le plus grand nombre de panneaux. D’autres formules inspirées des lyrics de Booba ou des clips de Drake étaient également visibles dans les cortèges. 

Les titres provocateurs et anticonformistes issus du mouvement punk ont laissé la place aux textes véhéments, passionnés et parfois violents d’une nouvelle génération d’artistes issus du rap. Le rock ne descend peut-être plus dans la rue mais le hip-hop démontre que la musique peut encore arborer une véritable dimension politique : en quittant la seule enceinte des cités, ses rimes sont venues se loger au cœur du débat démocratique. Espérons qu’elles puissent, demain, illustrer une actualité plus lumineuse.

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