Comment La Reine des neiges a percé le mystère d’une tragédie meurtrière

Comment La Reine des neiges a percé le mystère d’une tragédie meurtrière

60 ans après, la mort suspecte de neuf randonneurs a enfin trouvé sa réponse.

En 1959, neuf randonneurs trouvent la mort lors d’une expédition dans l’Oural, en Russie. Lancés dans une expédition de 320 km, ils ont été retrouvés sans vie dans des conditions terrifiantes. Crâne fracturé, côtes cassées, la langue et les yeux de certaines victimes arrachées… Les cadavres ont été retrouvés nus à l’extérieur de leur tente lors de la fonte des glaces. Face à ce tableau horrifique et à l’absence de témoins, de nombreuses spéculations avaient fait couler beaucoup d’encre. Pendant que certains pensaient que cette tuerie était l’œuvre d’extraterrestres, d’autres accusaient le légendaire yéti.
Depuis soixante ans, des scientifiques un peu plus rationnels tentent de percer le mystère autour de ce fameux col Dyatlov, rebaptisé ainsi après la tragédie en l’honneur du capitaine Igor Dyatlov. À l’époque, la théorie de l’avalanche avait été écartée suite à l’autopsie, qui n’avait pas établi de mort par asphyxie comme c’est habituellement le cas dans ce type de décès. L’enquête criminelle clôt alors le dossier en justifiant ces disparitions par une “force naturelle inconnue”.

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Une enquête improbable

Sceptiques, les médias ont poussé les autorités russes à rouvrir le dossier en 2019 et reviennent sur cette hypothèse de l’avalanche. Mais deux chercheurs, Alexander Puzrin et Johan Gaume, constatent que neuf heures séparaient l’avalanche et le moment où l’équipe avait déblayé la pente pour y installer son camp. Selon eux, la seule explication valable est une avalanche retardée, comme ils l’expliquent dans la revue Communications Earth and Environment.
Suite à de nombreuses simulations informatiques, les deux chercheurs ont retracé le funeste destin de ces sept hommes et ces deux femmes, poursuit National Geographic :

“Selon les simulations informatiques des chercheurs, l’avalanche qui se serait produite dans la Kholat Syakhl aurait été de petite taille, impliquant un bloc de matière gelée d’à peine cinq mètres, soit la taille d’un SUV. C’est pour cette raison qu’aucune preuve étayant cette théorie ne fut découverte lors de l’enquête initiale. La neige entraînée par l’avalanche aurait comblé l’espace dégagé pour le camp, avant d’être rapidement ensevelie sous une couche de neige fraîche. Mais comment un phénomène de cette taille a-t-il pu causer des blessures aussi graves ?”

Aussi improbable que cela puisse paraître, c’est la conception de La Reine des neiges qui aura finalement permis aux chercheurs de vérifier leurs hypothèses. La franchise au succès inattendu et doublement oscarisée en 2014 a joué un rôle clé dans cette enquête macabre. Fasciné par le travail des effets spéciaux dans le film, Johan Gaume se rend à Hollywood pour rencontrer le spécialiste en la matière. Après que ce dernier lui a dévoilé ses secrets, le scientifique s’empresse de modifier son code d’animation sur ses modèles de simulation d’avalanche pour simuler l’impact des coulées de neige sur le corps humain.
Il ne reste alors plus qu’une chose à faire : calculer les forces et les pressions exercées par l’avalanche sur les victimes. Pour rendre compte des conséquences de la masse de la neige sur les corps, les deux chercheurs se tournent vers le secteur automobile, chargé d’anticiper les accidents de voiture en imaginant des ceintures de sécurité adaptées. De fait, les modèles informatiques des chercheurs ont démontré qu’un bloc de neige lourde mesurant presque cinq mètres de long pouvait, dans cette situation, facilement briser les côtes et le crâne d’individus dormant dans un lit rigide, ajoute le média.
Pris de panique, les skieurs blessés auraient alors cherché à se dégager de l’avalanche en découpant leur tente et en s’extirpant à l’extérieur, où ils seraient morts d’hypothermie principalement, lorsqu’ils n’auraient pas succombé à leurs blessures graves, spéculent les chercheurs pour la suite de l’enquête. Si l’affaire ne sera jamais élucidée à 100 %, ces dernières révélations apportent quelques pièces à ce mystérieux puzzle qui a fasciné le monde entier pendant des décennies.