Comment je suis devenue accro à ce manga zinzin sur des bastons de coqs ultra-badass

C'est quoi ce poulet ?

Comment je suis devenue accro à ce manga zinzin sur des bastons de coqs ultra-badass

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Par Julie Morvan

Publié le

Déconseillé aux poules mouillées…

Quand j’apprends l’existence d’un manga intitulé Coq de baston, je n’arrive pas à savoir si c’est bien réel ou un troll complet. La couverture ne laisse aucun doute : plumes hérissées, crête flamboyante et yeux perçants et déterminés qui accrochent votre regard sans le lâcher, ce coq complètement badass semble bien être le personnage principal de cette saga. Un rapide coup d’œil au contenu me laisse pantoise : punchlines bien philosophiques lâchées d’un air solennel, scènes de combat nerveuses, on a clairement affaire à un shōnen bien vénère et complètement loufoque.

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Signé Shu Sakuratani, le manga a d’abord été publié à Tokyo en 2021. Le pitch est encore plus lunaire que tout ce que l’on peut imaginer : les kijûs, de terribles démons géants (et à l’apparence bien dégueu, il faut le dire), envahissent l’humanité et la menacent de destruction totale. Face à eux, un ennemi de taille se dresse : Keiji (littéralement “coq ambitieux” en français), un… coq. Mais attention, pas n’importe quel coq.

“J’ai l’âme d’un oiseau migrateur”

Déjà, Keiji est baraqué. Mais genre, coach de fitness-tier, avec des pecs si gonflés qu’ils menacent d’exploser à tout instant et des tablettes de chocolat à faire pâlir n’importe quel gym bro… Les scènes de baston en jettent : il bondit dans tous les sens, esquive avec brio les attaques des redoutables kijûs, vise avec précision le moindre point faible avec son bec acéré et achève ses assaillants d’un tonitruant “COCORI-K.-OOOO.” – oui, oui. Seule faiblesse : il ne sait pas nager, cette poule mouillée.

Et puis il parle. Pas le langage des humains, mais en tout cas, il peut dialoguer avec ses camarades oiseaux en tout genre. J’avoue, au début, ça le rend extrêmement antipathique. C’est un gros aigri de la vie qui déteste les enfants, il se la joue héros de l’ombre sans attache… et en profite allègrement pour avoir des relations sexuelles sans lendemain avec de pauvres poules amoureuses, prétextant avoir “l’âme d’un oiseau migrateur” au moment où il les abandonne lâchement après avoir tiré son coup, quand il ne se retrouve pas à agresser sexuellement un poulailler tout entier, soudainement dominé par “sa majesté du rut”. Un lonesome rooster boy détestable. Et puis, franchement, quoi de plus gênant que des scènes de baiser passionné et d’ébats amoureux entre des gallinacés ? Pas grand-chose.

Mais sous ces plumes soigneusement lustrées et cette montagne de muscles se cache un cœur qui bat. Keiji a un background, une histoire. S’il est si froid et déterminé, c’est qu’il ne pense qu’à venger sa défunte sœur Sara, victime des griffes d’un kijû. C’est ce qui a fini par me happer : plus on avance dans l’histoire, plus on veut en savoir davantage sur l’histoire de Keiji, ses motivations et l’avancée de sa quête. Ses compagnons de route sont tout aussi étonnamment touchants : Elizabeth, une redoutable poule qui cache un grand cœur, un poussin admiratif nommé Piyoko… Malgré nous, on s’attache à ces personnages et on s’étonne de s’émouvoir devant de simples animaux de basse-cour.

Un humour sans prise de bec

Et puis, outre toutes ces scènes de baston épiques et ces instants émotion riches en déclarations philosophiques – “Accroche-toi à la vie, tu trouveras bien assez vite un sens à celle-ci” –, l’univers en soi est complètement loufoque. Déjà, si vous aimez les jeux de mots, vous allez être servi·e : “Poule mouillée”, “Fier comme un coq”, “Quitter le nid”, “Prise de bec”… Les titres des chapitres visitent tout le lexique des gallinacés.

Et puis ces coqs ressemblent à s’y méprendre aux humains : comme eux, ils surfent sur Internet pour choper des tips beauté, vont au casino et raflent la mise, ont des obsessions culinaires étranges – Keiji raffole des oursins… Le manga regorge aussi de clins d’œil culturels, comme cette tortue de mer qui lance une attaque “Caillou-Mehameha”, référence au célèbre “Kamé Hamé Ha” dans Dragon Ball

Malgré les nombreux flash-back un peu déroutants et le récit parfois décousu, on suit avec réel plaisir ces péripéties et ces personnages étonnamment attachants. On ne pensait pas défendre bec et ongles une telle histoire mais, promis, ça vaut vraiment le coup d’œil.

Article rédigé dans le cadre d’une mise à disposition des trois premiers tomes de Coq de baston.