Comment (et pourquoi) 30 000 œuvres vont-elles être envoyées sur la Lune ?

Comment (et pourquoi) 30 000 œuvres vont-elles être envoyées sur la Lune ?

Image :

© Ayana Ross ; Nicolas Thomas/Unsplash

photo de profil

Par Lise Lanot

Publié le

Une bouteille à l’espace lancée pour le futur.

Plus de 30 000 artistes, auteur·rice·s, musicien·ne·s et cinéastes, originaires de près de 160 pays, ont accepté d’offrir à leurs œuvres un voyage interplanétaire nommé le Lunar Codex. Pas de panique, les cratères lunaires ne vont pas être dévorés par des œuvres coulées de plomb. Les milliers de travaux sont envoyés en orbite sous forme de nano-fichiers à l’intérieur de quatre capsules, dont les dates de voyage diffèrent.

À voir aussi sur Konbini

La première capsule, rassemblée sous le nom de “Collection Orion”, a déjà parcouru son chemin stellaire en accompagnant le Programme Artemis I, lancé par la Nasa le 16 novembre 2022 et rentré sur notre sol terrestre 25 jours, 10 heures et 53 minutes plus tard. D’ici novembre 2023, une deuxième capsule devrait être envoyée dans l’espace, note Colossal.

Ayana Ross, New American Gothic, 2019, toile récipiendaire du Prix Bennett en 2021, prix consacré aux artistes femmes.

Le Lunar Codex est le projet de Samuel Peralta, un auteur et physicien dont la passion pour les arts et les sciences dépasse les limites terrestres. Samuel Peralta n’est pas le premier humain à rêver d’envoyer de l’art sur la Lune. En 1969, Andy Warhol, Robert Rauschenberg, Forrest Myers et John Chamberlain envoyaient chacun une œuvre sur la Lune, au moment du lancement d’Apollo 12, côté Nasa.

L’Agence spatiale européenne n’a bien sûr pas voulu demeurer sur le côté de cette course à l’espace artistique et a collaboré avec la Moon Gallery Foundation qui a envoyé son projet de mini-galerie d’art à bord de la Station spatiale internationale l’année dernière. À l’automne 2021, l’artiste Amoako Boafo était choisi pour peindre sur les trois panneaux extérieurs d’une fusée Blue Origin New Shepard, appartenant à Jeff Bezos. La curatrice Jill Clark avait choisi “l’un des artistes du continent africain les plus cotés du marché” pour ce projet d’œuvre d’art exposée dans l’espace.

Afin de rendre son projet unique et inédit, Samuel Peralta insiste sur son ampleur et sa diversité : [Le Lunar Codex] est le premier projet à envoyer les œuvres d’artistes femmes sur la Lune […], à intégrer des œuvres signées d’artistes atteint·e·s de handicap, d’artisan·e·s qui travaillent le bois, l’argile, le bronze, la pierre, la mosaïque, le tissu, le tatouage, le numérique, le street art et de la poésie émanant d’une collaboration avec l’intelligence artificielle”.

Raconter la Terre d’aujourd’hui

Le physicien imagine son projet et celles et ceux qui y participent comme des “représentant·e·s de la Terre pour la Lune, des ambassadeur·rice·s de notre époque pour le futur”. C’est pourquoi les œuvres ont été choisies pour leurs qualités esthétiques autant que pour leurs qualités narratives et informatives : les nano-fichiers contiennent des travaux relatifs à la guerre en Ukraine, à la pandémie, à la création d’artistes femmes, aux liens entre humanité et intelligence artificielle.

Certains fichiers demeureront sur la Lune tandis que d’autres reviendront sur Terre après leur course orbitale. Si vous n’avez pas prévu de voyage sur la Lune ces prochaines années, vous pouvez aussi profiter du catalogue des œuvres sur le site de Lunar Codex. Ça paraît peut-être moins grandiose, mais ça coûte moins cher, et 30 000 œuvres à découvrir, ça fait tout autant voyager qu’un tour en fusée.