Ce musée a rectifié les pronoms d’Héliogabale, “empereur romain” reconnue comme femme transgenre

Ce musée a rectifié les pronoms d’Héliogabale, “empereur romain” reconnue comme femme transgenre

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© PHAS/Universal Images Group/Getty Images

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Par Flavio Sillitti

Publié le

Le musée de North Hertfordshire, en Angleterre, se réfère désormais à Héliogabale à l’aide de pronoms féminins suite à la confirmation de sa transidentité.

“L’empereur” Héliogabale, c’est fini ! Vive l’impératrice ! C’est suite à l’analyse des écrits de Dion Cassius, qui a relaté l’histoire de Rome, que le musée britannique de North Hertfordshire s’est prononcé sur la transidentité de “Marcus Aurelius Antoninus”, connue sous le nom d’Héliogabale. C’est plus particulièrement une citation emblématique de l’impératrice, “Ne m’appelez pas Seigneur, car je suis une Dame”, qui a conduit le musée à rectifier les pronoms d’Héliogabale, notamment après s’être entretenu sur le sujet avec l’association Stonewall.

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Au sein du musée, cette figure impériale, qui a régné de 218 à 222 après Jésus-Christ, est désormais évoquée à travers des pronoms féminins, en remplaçant notamment “l’empereur” par “l’impératrice”. “On sait qu’Héliogabale s’identifiait comme femme et qu’elle était vocale quant aux pronoms qu’elle souhaitait utiliser. […] Nous essayons d’être sensibles quand nous identifions les pronoms de grandes figures du passé, comme nous le faisons pour celles du présent. Cela relève simplement de la politesse et du respect”, indique Keith Hoskins, responsable pour le musée, dans un entretien accordé à The Telegraph.

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“Le musée de North Hertfordshire a déclaré que l’impératrice Héliogabale était une femme transgenre et qu’il utilisera le pronom ‘elle’ pour la désigner. Cette décision militante a été prise après consultation du groupe LGBTQIA+ Stonewall.”

En 2021, l’identité de l’impératrice faisait déjà parler d’elle suite à une interview de l’historien Ollie Burns sur le site de l’université de Birmingham, dans laquelle on apprend qu’Héliogabale était considérée comme “l’un des empereurs romains les plus controversés”. “Héliogabale était également connu pour avoir épousé un homme, le charretier et ancien esclave Hiéroclès, et parce qu’il aimait être appelé ‘la femme’ ou ‘la maîtresse’ de Hiéroclès. L’empereur aurait également porté fréquemment des perruques et du maquillage, préféré être appelé ‘domina’ (‘Dame’) plutôt que ‘dominus’ (‘Seigneur’), et aurait même offert de grosses sommes d’argent à tout médecin qui pourrait lui donner un vagin.”

Une décision qui divise

La théorie de la transidentité de Héliogabale ne convainc pas l’entièreté des historien·ne·s. Pour beaucoup, le contexte politique et son impopularité en tant que “jeune empereur” (Héliogabale n’étant qu’ado au moment de sa montée au pouvoir) pourraient justifier l’attribution de pronoms féminins par Dion Cassius. “Il y a beaucoup d’exemples dans la littérature romaine où des termes féminins sont utilisés comme une manière de critiquer et affaiblir la figure politique dont il est question. Des références à Héliogabale portant du maquillage, des perruques ou s’épilant le corps pourraient avoir été écrites pour faire mal paraître un empereur impopulaire”, explique à la BBC Shushma Malik, professeure d’études classiques à l’université de Cambridge.

Quoi qu’il en soit, la décision du musée de North Hertfordshire donne de l’espoir quant à des politiques muséales plus inclusives concernant les identités de genre, qui ont d’ailleurs été encouragées dans un récent rapport publié en septembre par l’université de Leicester. “L’étiquette ‘trans’ [….] ne remplace pas les nombreuses et formidables possibilités d’explorer les spécificités historiques et culturelles”, note le rapport, “mais constitue plutôt une voie d’accès à cette recherche qui permet au public d’utiliser sa compréhension contemporaine des genres pour en apprendre davantage sur le passé”.