Caméra au poing, le cinéaste Mantas Kvedaravicius a été exécuté par l’armée russe

Caméra au poing, le cinéaste Mantas Kvedaravicius a été exécuté par l’armée russe

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Par Manon Marcillat

Publié le

En hommage à sa disparition, Arte.tv met en ligne son documentaire Mariupolis.

Alors qu’il documentait le siège de Marioupol, le réalisateur lituanien de 45 ans Mantas Kvedaravicius a été tué en tentant de quitter la ville portuaire du sud-est de l’Ukraine assiégée par les forces russes, a annoncé le dimanche 2 avril l’armée ukrainienne. “Les occupants russes ont tué le réalisateur lituanien Mantas Kvedaravicius, auteur du documentaire Mariupolis, alors qu’il tentait de quitter Marioupol”, a indiqué sur Twitter l’agence de presse du ministère ukrainien de la Défense.

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Le 9 avril, la Défenseure des droits ukrainienne, Lyudmyla Denisov, précisait les circonstances de la mort du cinéaste. “Il a été retenu prisonnier par les Russes, qui l’ont abattu d’une balle dans la tête et d’une autre dans la poitrine. Les occupants ont jeté sa dépouille dans la rue.”

Né en 1976, Mantas Kvedaravicius s’était fait connaître avec Mariupolis, un documentaire tourné à Marioupol, la ville où il a trouvé la mort, présenté pour la première fois au Festival international du film de Berlin en 2016. Connu pour ses documentaires de guerre à la frontière entre la poésie et l’absurde, il était de retour dans la ville pour y documenter le siège de l’armée russe et offrir un second volet à son ode à cette ville martyre.

En hommage au cinéaste, Arte.tv a mis en ligne son documentaire, décrit par la chaîne franco-allemande comme “un portrait poignant de la Marioupol d’avant la guerre actuelle, une ville qui tirait sa richesse de son aciérie et des mines de charbon” et qui sera disponible pendant un an.

En 2016, malgré les bombes, les coups de feu et la menace de la guerre, la vie à Marioupol, ville d’un demi-million d’habitants située dans l’est de l’Ukraine, suivait son cours. Le jeune réalisateur lituanien Mantas Kvedaravicius y documentait alors les joies, ses amours, les peines et les gestes du quotidien de ses habitants.

Dans le film, aucune scène d’affrontement, le réalisateur préférait y substituer des scènes de la vie ordinaire. “Je voulais montrer la réalité du quotidien pris dans la guerre. Montrer comment les gens ordinaires vivent au milieu des coups de feu, des explosions et de la mort”, résumait-il en 2016, lors de la présentation de son film à la Berlinale.

“Il a été tué aujourd’hui à Marioupol, caméra à la main, dans cette guerre merdique du mal contre le monde entier”, a écrit le réalisateur Vitaly Mansky sur Facebook.