Les progrès de la technologie font des miracles, et aujourd’hui, il est tout à fait possible pour un comédien de jouer dans un film… sans se rendre sur le plateau de tournage. Bruce Willis l’a compris : le célèbre acteur apparaît dans une publicité russe dans laquelle il n’a pourtant pas tourné, grâce au deepfake, une technique de synthèse audio ou vidéo reposant sur l’intelligence artificielle.
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Comme le relaie IGN, Bruce Willis a en effet donné l’autorisation à plusieurs entreprises russes d’utiliser son image pour réaliser des spots publicitaires. Le fournisseur mobile MegaFon a donc recréé le visage de l’acteur dans Piège de cristal en images de synthèse, pour lui donner vie virtuellement.
Vasili Bolshakov, directeur communication et marketing de l’entreprise, a expliqué la démarche ainsi :
“L’image du personnage de [Bruce Willis] dans Piège de Cristal […] sera créée avec l’aide d’une technologie de création faciale, basée sur un réseau neural d’algorithmes. Pour concrétiser cela, les ingénieurs du studio Deepcake ont sélectionné un grand volume de photos et de vidéos de la star. Ils avaient 34 000 pièces de contenu qu’ils ont utilisées par le réseau neural pour créer une image du personnage de Bruce Willis”.
Si le résultat peut laisser sceptique, et créer une sensation assez dérangeante, la compagnie MegaFon assume ce choix d’avoir eu recours à la technique du deepfake. “Nous ne cherchons pas à tromper qui que ce soit” a affirmé Bolshakov, qui a assuré croire que les fans seront ravis de voir Bruce Willis “tel qu'[ils] se souv[iennent] de lui“.
Quant à l’acteur lui-même, qui n’a pas bougé des États-Unis, il a reçu un “cachet non précisé” pour l’utilisation de son image, dont la hauteur est estimée à 1 ou 2 millions de dollars selon les experts du marché publicitaire russe.
Le deepfake bientôt démocratisé au cinéma ?
Les studios de production ont déjà utilisé l’image de synthèse, notamment pour faire jouer des acteurs décédés. Par exemple, dans le film Rogue One : A Star Wars Story, les spectateurs ont pu voir une dernière fois Carrie Fisher dans le rôle de la princesse Leia.
L’année dernière, des chercheurs de Disney ont mis au point une technique pour façonner des deepfakes, et ainsi réaliser des visages virtuels au réalisme étonnant :
Alors que le deepfake est en passe de se démocratiser sur le grand écran, il soulève des problèmes éthiques. Comment utiliser l’image d’un acteur sans jamais le diffamer ? La diffamation est-elle d’ailleurs possible par des images de synthèse ? Ces questions n’ont pas encore trouvé de réponse valable, mais elles n’empêchent apparemment pas Bruce Willis de se faire de l’argent sans lever le petit doigt.