Hier, dimanche 16 octobre, Emmanuelle Seigner était l’invitée de Sept à Huit sur TF1. Elle était reçue dans le cadre de la publication de son ouvrage, Une vie incendiée, dans lequel elle raconte sa version de l’affaire Polanski et de son arrestation à Zurich en 2009 alors qu’il s’apprêtait à être honoré pour l’ensemble de son œuvre.
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C’est la première fois que l’actrice s’exprime sur les accusations portées contre son mari, Roman Polanski, aujourd’hui âgé de 89 ans, avec lequel elle est mariée depuis 33 ans. Par ce témoignage, elle souhaite dénoncer les “dérives” qui ont transformé son époux en “paria pour satisfaire l’air du temps”.
Au total, le cinéaste a fait l’objet de douze accusations de viols, d’agressions sexuelles et de pédophilie, dont neuf par des plaignantes mineures au moment des faits. Onze de ces affaires datant d’avant 1983 ont été révélées après 2010 et ne sont donc plus traitables par la justice américaine ou même européenne.
Rappel des faits
Une seule affaire sera amenée devant la justice et aboutira à un jugement. Il s’agit des accusations portées par Samantha Geimer à l’encontre du réalisateur en 1977. D’abord libéré contre une caution de 2 500 dollars, Roman Polanski est inculpé le 24 mars 1977 de six chefs d’accusation pour “avoir fourni une substance prohibée à une mineure, s’être livré à des actes licencieux et de débauche, s’être rendu coupable de relations sexuelles illicites, de perversion, de sodomie et de viol”.
L’avocat de Roman Polanski et l’avocat de la famille de Samantha Geimer trouveront un accord avec le juge pour éviter un procès public, en laissant tomber certaines accusations parmi les plus graves. Polanski plaide alors coupable pour “rapports sexuels illégaux avec une mineure”. Il sera condamné à 90 jours de prison, son incarcération démarrera le 19 décembre 1977 mais il sera libéré le 29 janvier 1978 pour conduite “exemplaire”.
Entre-temps, le juge — sous la pression sociétale — reviendra sur la légèreté de sa peine face à la gravité des faits et lorsqu’il apprend qu’il risque jusqu’à cinquante ans de prison, Roman Polanski quittera les États-Unis où il ne reviendra jamais. Le cinéaste sera arrêté en Suisse en 2009, mais, après un scandale médiatique qui le verra être soutenu par de nombreuses personnalités, il ne sera pas extradé. Roman Polanski a toujours nié toutes les accusations.
“Il n’avait besoin de violer personne”
C’est sur cette affaire que l’actrice — décrite comme “une femme amoureuse, abîmée par des années de pressions judiciaires, médiatiques et militantes” par Harry Roselmack en introduction du portrait — est revenue au micro d’Audrey Crespo-Mara.
Dans cet entretien d’une quinzaine de minutes, elle soutient sans faillir son mari, le père de ses deux enfants, et justifie ses actes par “une époque très permissive”. “Le rapport à l’âge, aussi, a beaucoup changé. On louait la Lolita, on la célébrait. Donc moi, ayant commencé à être mannequin à 14 ans, ce n’était pas une histoire qui me choquait. On n’est pas obligés d’applaudir cette époque, mais c’était comme ça”, explique-t-elle en insistant sur les bonnes relations que Samantha Geimer entretient avec son époux et “qui n’en peut plus de ce statut de victime“.
Interrogée par la journaliste sur les onze autres accusations à l’encontre de Polanski, Emmanuelle Seigner répond : “Moi, quand j’ai connu mon mari, toutes les femmes voulaient coucher avec lui, toutes les jeunes filles voulaient coucher avec lui, c’était un truc de dingue, c’était fou. Il avait 52 ans, il avait l’air d’en avoir 30, il était un grand metteur en scène, donc il attirait énormément et je pense qu’il n’avait besoin de violer personne”, déplorant également que la présomption d’innocence soit aujourd’hui “totalement bafouée”.
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Décrivant une vie de paria pour son époux mais aussi pour elle, elle condamne “un monde qui devient fou” et “les abus du mouvement #Metoo“. “C’est très bien que la parole se libère, mais nous assistons à beaucoup de dérives, d’abus, de mensonges qui décrédibilisent ces victimes et qui ne leur rendent pas service”, clame Emmanuelle Seigner.
Lorsque Audrey Crespo-Mara évoque le scandale des César en 2020 où Roman Polanski se verra remis le César du meilleur réalisateur et provoquera le départ de plusieurs actrices et réalisatrices de l’assemblée, Emmanuelle Seigner choisit de discréditer la colère d’Adèle Haenel au motif qu’en 2014, soit six ans avant le tollé de la cérémonie de 2020, elle l’aurait complimentée pour sa nomination pour son rôle dans le film de son mari, La Vénus à la fourrure.
Et de conclure : “Qu’on le laisse tranquille. Qu’ils s’occupent des vrais prédateurs, des gens qui sont un vrai danger pour la société et qu’on lui foute la paix”.