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Au fait, la minute de silence, ça vient d’où ?

Au fait, la minute de silence, ça vient d’où ?

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© Agê Barros/Getty

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Par Julie Morvan

Publié le

À la base, elle durait bien plus de 60 secondes…

C’est un rituel qu’on a toutes et tous tristement connu, rassemblé·e·s dans les cours de récréation à l’école, devant les postes de télévision ou dehors, dans la rue. La minute de silence, c’est la façon universelle de commémorer un événement tragique, la disparition de personnalités publiques et tout drame collectif. Mais au fait, depuis combien de temps elle existe ? Et comment est-elle apparue ?

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Une tradition portugaise

La minute de silence a bien traversé les années, puisqu’elle a aujourd’hui plus d’un siècle d’ancienneté. Pour remonter sa trace, direction… le Portugal. C’est là, le 13 février 1912, que le président du Sénat déclare pour la première fois un moment de silence. Et à l’époque, on voyait les choses en (très) grand : ce n’est pas une, mais dix minutes de silence complet qui sont décrétées. Histoire de marquer le coup.

Car le Sénat portugais commémore alors le décès d’un homme très admiré dans le pays : José Maria da Silva Paranhos. Ce dernier, un diplomate brésilien, avait été un des premiers à soutenir la révolution en faveur d’une république portugaise pendant la guerre.

Six ans plus tard, c’est le Royaume-Uni qui s’inspire de ce nouveau rituel pour rendre hommage aux morts pendant la Première Guerre mondiale. Mais pas question de faire dix minutes de silence, ni même cinq : George V tranche pour deux minutes de silence complet et la suspension de toute activité en cours.

En France, on s’y met pour la première fois pour commémorer l’Armistice, le 11 novembre 1922, et on descend à… une minute de silence. L’Assemblée nationale s’inspire ensuite de ce rituel pour rendre hommage à des personnalités importantes, d’ancien·ne·s député·e·s, et les victimes d’attentats terroristes, comme le triste 11-Septembre.

La “minute” n’en est pas vraiment une

Mais selon les pays, la durée exacte de cet instant suspendu peut varier. L’idée d’une telle coutume est surtout symbolique, et permet à toutes et à tous de se rassembler et de partager leur tristesse en même temps. Selon une enquête très sérieuse menée par Le Monde, en France, elle ne dure jamais vraiment une minute… mais bien moins !

Si l’on met bout à bout les quatre-vingt-trois minutes d’hommage observées à l’Assemblée depuis 2008, on constate qu’elles durent en réalité trente secondes en moyenne. Selon Claude Bartolone, une telle variation s’explique par une appréciation subjective de la durée. “La densité du silence décide du moment où cette minute doit être arrêtée”, explique-t-il au Monde.

À côté, le Royaume-Uni est par exemple un bien meilleur élève : en moyenne, on compte soixante-trois secondes d’hommage silencieux. Aux États-Unis, pour commémorer les victimes du tragique attentat du 11 septembre 2001, ce sont plusieurs minutes de silence successives qui sont rigoureusement observées. Chacune correspond à un instant de cette journée : le crash des avions détournés par Al-Qaïda contre les deux tours du World Trade Center, contre le Pentagone, et à Shanksville, en Pennsylvanie, ainsi que le moment où les deux tours se sont écroulées. Les noms de toutes les victimes sont aussi lus à voix haute ce jour-ci.