Après avoir appris le cancer de sa meilleure amie, Yaya Chang s’est mise à peindre des seins

Après avoir appris le cancer de sa meilleure amie, Yaya Chang s’est mise à peindre des seins

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© Yaya Chang

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Par Lise Lanot

Publié le

La peintre signe des grands formats lumineux, intimes et universels.

La série commence avec l’annonce faite à Yaya Chang qu’une de ses meilleures amies d’enfance est diagnostiquée d’un cancer du sein. Alors que son amie passe divers examens, et comme un moyen de “créer une connexion, de la soutenir pendant cette épreuve difficile et terrifiante”, l’artiste lui demande de lui “envoyer des photos de ses seins” pour qu’elle les peigne. Elle représente le buste de son amie avant que cette dernière ne connaisse l’existence de son cancer, puis au fil de l’évolution de la maladie.

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Progressivement, la série se décentre de cette seule amie et Yaya Chang se met à peindre les seins d’autres proches, des adultes aux âges, aux histoires et aux trajectoires de vie différentes. En se concentrant sur leurs seins, elle ne les objectifie pas. Au contraire, elle s’intéresse aux “moments transitoires” qu’elles vivent et à la façon dont leurs glandes mammaires peuvent symboliser ces évolutions, des moments “de croissance et de reproduction, de maladie et de peur, de défi, de triomphe et de changement”, énumère la Bim Bam Gallery, qui expose la série, joliment appelée My Breast Friends.

My Breast Friends. (© Yaya Chang)

Ces toiles en grand format ont été réalisées d’après des selfies envoyés directement à l’artiste : une façon d’appuyer le pouvoir qu’ont les modèles sur leur corps et le refus d’un male gaze omniprésent dans l’histoire du nu. Les téléphones sont parfois visibles dans le cadre ; les visages, jamais. Le public reste ainsi éloigné des détails, des histoires d’amitié qui lient ces femmes, de leur intimité. On a toutefois la possibilité de se projeter dans ces représentations personnelles, dans l’image de seins gorgés de lait, dont “les tétons font atrocement souffrir”, décrit Yaya Chang ; dans l’image de seins qui ont connu le poids de la gravité ; ou de ceux qui ont subi “une double mastectomie”.

L’artiste a réalisé sa série après l’annonce du cancer de son amie et après avoir vécu plusieurs fausses couches. Ces épreuves douloureuses l’ont poussée à “se questionner sur la vulnérabilité du corps féminin”, mais Yaya Chang n’oublie pas d’affirmer que ses toiles sont avant tout une “célébration joyeuse”. Une célébration qui atteste aussi de la force de ces corps qui vivent, survivent, nourrissent et jouissent. Une célébration qui lui a permis de “se réconcilier avec elle-même”, tel que le souligne la galerie parisienne et qui vise le même effet auprès de son public.

My Breast Friends. (© Yaya Chang)

My Breast Friends. (© Yaya Chang)

My Breast Friends. (© Yaya Chang)

My Breast Friends. (© Yaya Chang)

My Breast Friends. (© Yaya Chang)

L’exposition de Yaya Chang “My Breast Friends” est visible à la Bim Bam Gallery jusqu’au 13 janvier 2024.