6 coups de cœur dénichés au festival CANNESERIES 2023

6 coups de cœur dénichés au festival CANNESERIES 2023

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© Amazon Prime Video/Apple TV+/Netflix/Paramount+

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Par Adrien Delage

Publié le

On fait le bilan de la sixième saison de CANNESERIES à travers les coups de cœur de la rédaction.

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#1. Silo

C’est la première série que l’on a pu découvrir lors de cette nouvelle édition de CANNESERIES. Présentée hors compétition, Silo est adaptée d’une trilogie de romans post-apocalyptiques de l’auteur Hugh Howey, dans la liste des best-sellers du New York Times. Créée par Graham Yost (à qui l’on doit entre autres, l’excellente série Justified), la série nous plonge dans un monde sous-terrain, où l’humanité se serait réfugiée à la suite d’événements obscurs ayant rendu la surface inhabitable.

Et c’est là tout le propos de Silo : des générations plus tard, les survivant·e·s ne savent même plus pourquoi il est interdit de s’aventurer dehors. Tout a été oublié, ou plutôt, effacé des registres historiques. Le premier épisode, avec Rachida Jones dans le rôle d’une lanceuse d’alerte, attise assurément la curiosité. (D.R.)

À voir où ? Sur Apple TV+ dès le 5 mai.

#2. Bargain

La fiction sud-coréenne était bien présente dans cette sixième édition de la compétition cannoise, et comme d’habitude, elle ne fait rien comme les autres et c’est pour mieux nous réjouir. Bargain est un OVNI difficilement descriptible mais ô combien déjanté et original, qui mélange les genres et nous emmène dans une sorte de trip éveillé où se croisent thriller, série d’horreur et comédie noire. Hyung Soo, une commissaire priseuse spécialisée dans le trafic d’organes (oui, vous avez bien lu), participe à une mise aux enchères lorsque cette dernière est brutalement interrompue par un tremblement de terre.

Hyung Soo tombe alors littéralement dans un trou de lapin blanc dans une version contemporaine et cauchemardesque d’Alice aux pays des merveilles. C’est en tout cas la métaphore qu’on perçoit dans cette série à couper le souffle et qui bénéficie de la mise en scène léchée de Jeon Woo-sung, uniquement composée de longs plans-séquences impressionnants, et qui laisse beaucoup de place aux comédiens et comédiennes pour s’exprimer. On rit, on crie, on cligne aussi souvent des yeux devant Bargain qui ne nous a décidément pas laissé indemnes, et qui peut compter sur la géniale Jeon Jong-seo (Money Heist: Korea), princesse badass et imperturbable de ce monde souterrain imprévisible et extravagant. (A.D.)

À voir où ? Prochainement sur Paramount+.

#3. Tapie

L’événement cocorico de cette sixième saison de CANNESERIES était évidemment la découverte de Tapie, biopic librement inspiré de la vie de l’homme d’affaires controversé. L’ex-politicien et président de l’Olympique de Marseille est incarné par un Laurent Lafitte impeccable et dévoué, uniquement trahi par quelques perruques à la qualité douteuse. À l’inverse, la reconstitution des années 1970 vue dans les premiers épisodes est parfaite, à la fois chic et vintage comme on l’imagine.

© Netflix

Dans la série, Bernard Tapie est montré comme une sorte de self-made man et antihéros du monde du business, ce qui lui permet d’exploiter ses meilleurs et ses pires aspects de sa personnalité. Une dualité qui semble assez objective sur le papier, mais qui dérange dans les coulisses. À la mise en scène, on retrouve Tristan Séguéla, fils du roi de la publicité française Jacques Séguéla, famille proche des Tapie lors de son ascension politique au milieu des années 1980.

En soi, sa réalisation stylisée est rythmée et appliquée, mais on se demande si elle ne participe pas à un phénomène de “coolification” de Bernard Tapie, comme s’il devenait une sorte d’Arsène Lupin entrepreneur (poke Netflix). Cette minisérie est indubitablement intrigante et maîtrisée, mais on ne pourra juger vraiment sa pertinence et son objectivité qu’à la fin des sept épisodes. (A.D.)

À voir où ? Sur Netflix dès le 13 septembre.

#4. Faux-Semblants

Adaptée du film éponyme (Dead Ringers, en VO) de David Cronenberg qui avait Jeremy Irons dans le rôle-titre, la minisérie Faux-semblants, écrite par Alice Birch (Normal People, Conversation With Friends) met en scène des sœurs jumelles, Elliot et Beverly Mantle, gynécologues obstétriciennes rêvant de monter leur propre clinique de fertilité, à la pointe de la technologie. Toutes deux sont campées par une Rachel Weisz au sommet de son art.

L’atmosphère y est lourde et la relation presque incestueuse entre les deux sœurs instaure un léger mais constant sentiment de mal-être et on sent que tout peut basculer à tout moment. Lors de la projection à CANNESERIES, des personnes ont même quitté la salle avant la fin du premier épisode, sans doute choquées par les images ultra-réalistes d’accouchements et autres césariennes. Âmes sensibles, s’abstenir. Mais pour celles et ceux qui s’accrochent, Faux-semblants les embarquera dans un drôle de voyage aux confins de la psyché de ses deux héroïnes. (D.R.)

À voir où ? Sur Amazon Prime Video dès le 21 avril.

#5. Spinners

Pour sa prochaine coproduction internationale, Canal+ pose ses caméras en Afrique du Sud pour la surprenante série Spinners. Deuxième OVNI de cette compétition officielle décidément relevée, la série suit la vie difficile d’un adolescent appelé Ethan, qui bosse pour un gang local afin de subvenir aux besoins de sa famille et particulièrement de son petit frère. Pilote talentueux n’ayant pas peur du danger sur l’asphalte, il trouve une potentielle porte de sortie en se lançant dans le spinning, une pratique motorisée à haut risque mais qui rapporte gros et pourrait lui permettre de fuir une sempiternelle guerre des gangs.

© Canal+

Pour la faire courte, Spinners est la rencontre improbable mais assez jouissive entre Gomorra et Fast and Furious. Une série mafieuse entrecoupée de scènes d’action où les monteurs ronflent et les pneus crissent, au rythme parfois en dents-de-scie mais qui peut compter sur son interprète principal pour nous charmer. Cantona James est une star montante en Afrique du Sud qu’on espère croiser plus souvent au-delà de ses frontières, puisqu’il a un talent brut tout simplement inestimable. (A.D.)

À voir où ? Prochainement sur Canal+.

#6. Appetite

Du côté de la compétition série courte, une œuvre nous a particulièrement intrigués. Appetite, venue d’Australie, nous plonge dans la vie au rythme infernal des livreurs à vélo. Dans la banlieue de Sydney, un groupe d’amis se lance sur les traces de Raj, leur colocataire, qui a mystérieusement disparu après une course. Rapidement, le Scooby-Gang australien remarque que sa société d’embauche, Appetite, tente de noyer l’affaire et pourrait même être impliquée dans sa soudaine disparition.

Entre thriller d’anticipation, policier et comédie sociale, Appetite est une petite série qui dit beaucoup des grandes industries exploitantes du monde. Elle critique judicieusement le capitalisme et l’ubérisation de nos sociétés et du monde du travail à travers l’enquête de Tessa et ses camarades, incarnés par de jeunes comédiens et comédiennes bourrés de talent. Pour nos sériephiles sûrs, elle nous rappelle vaguement la géniale dramédie High Maintenance sur HBO, où l’on suivait les péripéties d’un livreur de cannabis à New York. (A.D.)

À voir où ? Inédite en France.

Cet article a été coécrit par Delphine Rivet et Adrien Delage.