5 bonnes raisons d’aller voir Les Proies de Sofia Coppola

5 bonnes raisons d’aller voir Les Proies de Sofia Coppola

Image :

(©Universal Pictures International France)

La réalisatrice de Virgin Suicides et de Marie-Antoinette est de retour avec Les Proies, nouvelle adaptation du roman de Thomas Cullinan.

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Réalisatrice confirmée, Sofia Coppola revient pour son sixième long-métrage. On l’avait laissée il y a tout juste cinq ans avec son très controversé The Bling Ring (2013). La cinéaste avait alors mis en scène le clan des Bling Ring, connu pour avoir dévalisé les maisons de célèbres stars hollywoodiennes. Pas tout à fait réussi mais pas totalement raté, le film n’avait pas su attirer les louanges du public et des critiques. C’est donc avec beaucoup d’impatience et d’appréhension que tout le monde attendait ce nouveau film.

Cette fois, la réalisatrice revient avec Les Proies. Un thriller sous forme de huis clos psychologique adapté du roman de Thomas Cullinan. L’histoire se passe en pleine guerre de Sécession dans le sud des États-Unis. Blessé au combat, un soldat trouve refuge dans un pensionnat uniquement tenu et habité par des femmes. Se produisent alors des événements inattendus, dans un contexte de tensions sexuelles et de dangereuses rivalités. On vous donne cinq bonnes raisons de découvrir ce nouveau film de la réalisatrice américaine.

La mise en scène

Le film était présenté en compétition lors du dernier Festival de Cannes et l’équipe n’est pas repartie les mains vides. Le film s’est vu récompensé par le prix de la mise en scène, amplement mérité. Un honneur qui n’est pas volé lorsque l’on découvre avec grande satisfaction le travail de Sofia Coppola. Huis clos oppressant et jubilatoire, Les Proies bénéficie d’une mise en scène soignée. Ainsi, du cadre millimétré au son maîtrisé, tout semble n’être que l’extension des personnalités des protagonistes. Leurs pulsions ou leur simple façon de respirer sont pensées en relation avec l’image et le son.

Concernant le montage, il apporte tantôt des passages denses et dynamiques et tantôt des moments relativement calmes et intimistes. Cela est présent à la fois dans l’image et dans la narration, ce qui permet au film de se créer une véritable identité. Et si parfois le scénario rame un peu, le spectateur sera toujours happé par les décors coquets et les déplacements étudiés des protagonistes qui font inévitablement penser à une énorme pièce de théâtre qui peut, d’un moment à l’autre, faire tomber son rideau.

La photographie

Si les exemples de directeurs de la photo talentueux sont nombreux (Vittorio Storaro, Roger Deakins, Robert Richardson, Wally Pfister et beaucoup d’autres), sur Les Proies c’est un des meilleurs qui a hérité de cette haute responsabilité qu’est l’image : Philippe Le Sourd. Nommé en 2014 aux Oscars pour son travail sur The Grandmaster de Wong Kar-wai, il a fourni ici son travail le plus remarquable.

Dans ce huis clos où l’on peut facilement perdre la tête, il a su harmoniser les lumières sur les décors et sur les corps des acteurs en jouant à la fois sur la transparence et l’opacité dans le domaine de l’intime. Si la mise en scène est en grande partie pensée par la réalisatrice, la photographie est soumise au talent d’un autre créateur. Et depuis quelques années, les directeurs de la photographie (également appelés chefs-opérateurs) voient enfin leur travail remarqué et reconnu par le public. On pensera bien sûr à Emmanuel Lubezki, qui durant trois années consécutives, a remporté le précieux Oscar pour son travail sur Gravity, Birdman et The Revenant.

Le point de vue féminin

Ce n’est pas la première fois que le roman de Thomas Cullinan est adapté sur grand écran. En 1971, le réalisateur Don Siegel porte à l’écran le thriller. Celui à qui l’on doit L’Inspecteur Harry (1971) et L’Évadé d’Alcatraz (1979) convoque alors Clint Eastwood pour incarner le protagoniste antipathique de ce drame psychologique. Tout comme dans la version de Sofia Coppola, Don Siegel choisit de faire de la guerre de Sécession un simple contexte. En centrant uniquement la narration dans le pensionnat dans lequel se trouvent les protagonistes féminins, les deux cinéastes occultent complètement les questions raciales que soulève le roman. Un choix pas forcément judicieux mais totalement assumé. Mais c’est à peu près le seul point commun que l’on peut trouver dans les deux adaptations.

La grande différence s’opère principalement dans le point de vue. Sofia Coppola apporte son regard féminin (qui n’est pas forcément féministe) et supprime le côté machiste et dominateur du personnage masculin. En détruisant les stéréotypes masculins, la narration se centre d’un point de vue féminin et offre une nouvelle façon de voir l’histoire de ce roman.

Le casting

Impossible de ne pas tomber sous le charme des actrices et acteurs. Même la croisette était à leurs pieds lors de la présentation du film, Nicole Kidman, Kirsten Dunst, Elle Fanning et Colin Farrell semblaient tout droit sortis d’un rêve dans leurs tenues épurées aux teintes poudrées, terriblement séduisants, à l’écran comme sur le tapis rouge.

La brochette hollywoodienne a été tout aussi efficace en interview que lorsqu’ils incarnaient les personnages principaux du drame porté à l’écran. Tous parviennent à fasciner et à attirer l’œil des spectateurs. Aucun ne reste sur la touche. Alors qu’ils se séduisent entre eux, le spectateur se trouve également pris dans leurs filets. Et ce qui marque le plus, c’est bien évidemment les rôles de personnes mesquines et presque méchantes qu’incarnent à la fois Nicole Kidman et ses collègues Kirsten Dunst et Elle Fanning. Malgré ce casting qui ne laisse pas indifférent, on remarque et on regrette vivement le manque de diversité.

L’ode à la jeunesse

S’il y a bien un thème récurrent dans la filmographie de Sofia Coppola, c’est bel et bien la jeunesse. Ces films donnent à voir la jeunesse universelle, principalement féminine. Entre les drames et les rires, les peines et les joies… la réalisatrice a toujours intégré d’une manière ou d’une autre à ses films l’une des périodes les plus complexes et fascinantes de la vie.

Dans Virgin Suicides (1999), son premier long-métrage, la jeunesse était le moteur de l’intrigue. Le destin tragique de ces cinq sœurs, dont aucune ne dépasse la vingtaine, a marqué et marque encore toutes les créations de la cinéaste. Cette représentation de la jeunesse, parfois apaisée, parfois tyrannisée… La réalisatrice de 46 ans en a fait son fil rouge. Même dans Lost in Translation et dans Marie-Antoinette, qui ne mettent pas en scène des adolescents, la jeunesse est omniprésente. Sous forme un peu nostalgique pour le premier et rebelle pour le deuxième. The Bling Ring aborde le thème dans son entièreté, de front, en représentant la jeunesse actuelle qui rêve de reconnaissance, de célébrité et de richesse.

Ici, avec Les Proies, Sofia Coppola aborde une autre facette de la jeunesse, plus vive et plus réfléchie. Les jeunes filles sont encadrées par des femmes d’âge mur, qui les éduquent pieusement et leur inculquent les bonnes manières. En effet, Nicole Kidman, comme une maîtresse de maison exemplaire, gérait jusqu’à l’intrusion du “mâle”, son pensionnat. Paradoxalement, ce sont ces mêmes âmes innocentes qui vont retourner la situation : ne répondant alors plus que par leurs pulsions, oubliant alors leur cours de bienséance, elles vont mettre en danger l’équilibre qui jusque là, faisait d’elles, des anges. 

Vidéo : dans les coulisses du cinéma de Sofia Coppola

Le film Les Proies est à retrouver dans les salles à partir du 23 août.