Les 10 acteurs et actrices pour un premier rôle
Carey Mulligan – Promising Young Woman
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Si Carey Mulligan s’était faite discrète après avoir joué dans Gatsby le Magnifique ou Loin de la foule déchaînée, elle revient en reine de la vengeance dans Promising Young Woman, la nouvelle production de LuckyChap Entertainment, la boîte de Margot Robbie. La comédienne, qui signe son grand retour, se glisse dans la peau de Cassie, une ancienne étudiante en médecine pleine d’avenir. Mais quelques années plus tard, elle se retrouve à bosser dans un café, rongée par les remords et la colère qui l’habitent.
Pour se défouler, elle titube faussement la nuit à la recherche de prédateurs, qu’elle piège pour les remettre à leur place. Plus qu’un Pascal le grand frère, Carey Mulligan s’illustre dans cette comédie d’humour noir en campant aussi bien la demoiselle alcoolisée en détresse que la girlboss ultra badass. À l’ère post-MeToo, Promising Young Woman divisera sûrement mais ce ne sera que pour mieux régner, par sa mise en scène, sa BO électrique et son esthétique années 2000 qui semble nous dire qu’il ne faut pas se fier aux apparences. Un très beau et singulier portrait féminin.
Mads Mikkelsen – Drunk
En 2012, Thomas Vinterberg lui avait permis de remporter un prix d’interprétation pour son rôle dans La Chasse, à Cannes. Si la pandémie du Covid-19 n’avait pas contraint le festival à baisser le rideau, il est fort à parier que l’histoire se serait répétée pour Drunk, le dernier bijou du duo. Mads Mikkelsen se glisse dans la peau d’un professeur et mari dépassé, encouragé par ses collègues à expérimenter la théorie d’un psychologue norvégien convaincu que l’être humain est né avec un déficit d’alcool dans le sang. L’idée ? Rééquilibrer cette étrange carence pour dévorer la vie.
Ce scénario original est avant tout une déclaration d’amour à l’irrationalité dont s’empare Mads Mikkelsen avec grâce. En jouant la carte du mutisme pour peu à peu lâcher prise, il abat dans un final magnifique la carte de son passé de danseur sur “What a Life”, notre nouvel hymne de soirée. Avec sa performance tout en nuances dans Drunk, Mads Mikkelsen dépeint finalement l’histoire d’une vie lambda en proie à la monotonie. Une vie que l’on finit par construire sans saveurs mais que l’on tente d’assaisonner avec des cocktails qui nous rappellent que l’insouciance se conjugue bien avec le bonheur.
Gary Oldman – Mank
Cette année, David Fincher a choisi d’ausculter la genèse mouvementée du monument de cinéma Citizen Kane, au travers de son scénariste Herman J. Mankiewicz. Pour camper ce personnage complexe, en opposition permanente aux puissants, Fincher a jeté son dévolu sur l’immense Gary Oldman, qui nous sert de guide dans cet impitoyable âge d’or hollywoodien.
L’acteur, adepte des transformations radicales, s’est glissé à plusieurs reprises dans le mal-être d’artistes tourmentés – de Sid Vicious, le chanteur des Sex Pistols, à Beethoven – et interprète donc à la perfection ce personnage charismatique et paradoxal, intègre, honnête mais également alcoolique et autodestructeur.
En Herman Mankiewicz, Gary Oldman, habitué aux rôles de psychopathe et vrai méchant, canalise cette folie noire dont il est capable mais conserve l’intensité qui est sa signature pour la mettre au service de ce grand personnage.
Marta Nieto – Madre
Magnétique pendant toute la durée du film, Marta Nieto – la femme du cinéaste Rodrigo Sorogoyen à la ville – livre l’une des performances les plus intenses de l’année, grâce à un scénario haletant. Dès les premières minutes, l’héroïne nous plonge dans son cauchemar, qui ne cessera de la hanter jusqu’à la fin de ses jours. Au téléphone, son fils l’appelle parce qu’il s’est perdu sur la plage et ne retrouve pas son père. Au fil de la conversation, la batterie se décharge et la mère reste impuissante, à des kilomètres. Depuis ce coup de fil, elle n’a jamais eu de nouvelles de son enfant.
Quelques années plus tard, elle est devenue serveuse dans un café sur la plage où son fils a disparu. Mal intégrée à sa nouvelle vie, elle va se lier d’affection pour un jeune garçon, venu passer ses vacances sur la côte. Avec cette relation aussi malaisante que touchante et amorale, Marta Nieto va jouer toute une palette d’émotions pour communiquer le mal-être de cette mère frustrée et dépassée. La force du scénario n’était qu’un prétexte pour révéler toute la complexité de ce personnage féminin inoubliable et bouleversant dans sa perdition.
Riz Ahmed – Sound of Metal
Il était temps pour Riz Ahmed d’obtenir un rôle à la hauteur de son talent. Alors qu’il était jusque-là abonné aux personnages secondaires (en tout cas au cinéma), du mauvais Venom à Night Call, l’acteur britannique trouve dans Sound of Metal son premier rôle fort.
Il incarne Ruben, un batteur dans un groupe de metal, qui souffre soudainement d’une perte auditive, l’empêchant d’entendre. En quelques minutes, la nuance de sons laisse place à des bourdonnements insatiables, amenés par un long larsen devenu acouphènes.
Si le film n’est pas encore sorti dans les salles françaises, la faute au Covid, on espère qu’il saura trouver une audience lors des différentes cérémonies de remises de prix, tant le jeu de Riz Ahmed facilite la plongée visuelle et auditive dans laquelle le cinéaste Darius Marder nous emmène. Après sa magistrale interprétation dans la série HBO The Night Of, l’acteur britannique confirme tout le bien qu’on pense de lui, portant sur ses épaules ce projet aussi indépendant que puissant.
Zendaya – Malcolm et Marie
(© Netflix)
Tahar Rahim – Désigné coupable
Mariana Di Girolamo – Ema
Nous vous le répétons encore et encore : Ema est une incroyable pépite, qui aurait mérité bien plus de reconnaissance. Le nouveau film de Pablo Larrain, avant qu’il aille raconter l’histoire de Lady Di avec Kristen Stewart, tient en grande partie par son parti pris esthétique, sa mise en scène folle, mais surtout, ô combien surtout, par Mariana Di Girolamo.
L’actrice, que l’on n’avait jamais vue, pond la définition même d’une performance électrisante. Elle dégage une aura folle et rayonne dans les séquences de danse, d’intimité ou de folie, le tout avec un je-m’en-foutisme presque provoquant. C’est simple : nous n’avons pas vu beaucoup de performances plus impressionnantes que celle-ci cette année.
Steven Yeun – Minari
(© ARP Selection)
Vanessa Kirby – Pieces of a Woman
(© Netflix)
Les 10 acteurs et actrices pour un rôle secondaire
Lance Henriksen – Falling
(© Caitlin Cronenberg)
Kingsley Ben-Adir – One Night in Miami
Retenir une seule performance dans un film choral peut paraître difficile. D’autant plus que les quatre acteurs du premier long-métrage de Regina King sont particulièrement bons. On pense bien sûr à Leslie Odom Jr., le chouchou des aficionados d’Hamilton (Aaron Burr), parfait du début à la fin en Sam Cook. Mais un autre acteur nous a plus frappés encore.
Kingsley Ben-Adir, qui joue ici Malcolm X, est impressionnant. Impressionnant dans ce caractère froid, tel qu’on peut imaginer qu’était le vrai Malcolm X, tout en laissant déborder tout un tas d’émotions diverses et variées. Il en devient le personnage le plus intéressant du récit. Et ce, sachant qu’il portait sur ses épaules l’héritage du biopic de Spike Lee et de la force qu’avait donné à X un certain Denzel Washington.
Pas le plus fort, peut-être, mais le plus frappant et marquant.
Amanda Seyfried – Mank
(© Netflix)
Bel Powley – The King of Staten Island
(© Universal)
Maria Bakalova – Borat 2
Savoir faire des canulars est une chose. Savoir rester de marbre pendant des caméras cachées longues et dangereuses en est une autre. Avant de la voir incarner la fille de Borat dans la suite des aventures du journaliste Kazakh incarné par Sacha Baron Cohen, personne ne connaissait Maria Bakalova. En une performance, elle a acquis une notoriété incroyable.
Il faut dire qu’elle est dans le long-métrage assez incroyable. Autant dans sa manière de jouer la fille prête à tout pour être aimée par son père, que par sa manière de mener ses gags jusqu’au bout. La séquence avec l’avocat de Donald Trump, Rudy Giuliani, en est la preuve parfaite. Autant dire que l’actrice bulgare, qui n’a pas encore 25 ans, va faire parler d’elle dans les mois et années à suivre.
Bill Murray – On The Rocks
Taylor Russell Mckenzie – Waves
Robert Pattinson – Tenet
Récupérée par David Cronenberg, l’ascension de l’ex-vampire adulé des ados peut se targuer d’avoir retenu l’attention de Christopher Nolan dans son plus ambitieux blockbuster, Tenet. Casse-tête cinématographique, ce long-métrage était le film le plus attendu de 2020, en proie à la pandémie mondiale. Aux côtés de John David Washington, qui lui vole presque la vedette, Robert Pattinson avec sa coloration châtain clair reste la pièce maîtresse de ce puzzle temporel.
En jouant un agent qui a toujours un coup de pendule d’avance, son personnage guide le Protagoniste dans sa quête contre la fin du monde. Scène de baston, cascades en voiture, explosions sur champs de bataille… Robert Pattinson se prend pour James Bond dans ce film d’action divertissant qui laisse en suspend bon nombre de théories. Parmi elles ? L’intéressé pourrait être la version adulte de Neil, la chère tête blonde de Kat et Sator, le grand méchant russe. À voir et revoir en boucle pour se faire sa propre interprétation de ce film épique qui a nécessité six mois de tournage dans sept pays différents et une grande énergie de la part des comédiens.
Sacha Baron Cohen – Les 7 de Chicago
Pendant que son acolyte Borat allait faire le con dans différentes régions des États-Unis, Sacha Baron Cohen utilisait son (vrai) talent d’acteur pour incarner un des sept accusés de Chicago, le deuxième long-métrage d’Aaron Sorkin. Pour la toute première fois de sa carrière, le comédien s’est penché sur l’histoire d’une personne ayant vraiment existé, aka Abbie Hoffman, un militant anarchiste notamment connu pour avoir fondé le Youth International Party.
Une figure politique influente, sorte d’alter ego de Sacha Baron Cohen à une autre époque et dans un tout autre domaine culturel, qu’embrasse parfaitement le comédien, avec subtilité et un sens de l’humour infaillible, devant une cour qui ne peut s’empêcher de se marrer à ses bons mots.
Comparé à ses tribulations parfois foutraques dans d’autres longs-métrages, on jurerait de découvrir un nouvel acteur qui n’aurait plus besoin de situations comiques futiles, sinon désespérantes, pour se faire remarquer. Et ça fait du bien.