On vous raconte comment Dr. Dre est devenu Dr. Dre pour les 30 ans de The Chronic

On vous raconte comment Dr. Dre est devenu Dr. Dre pour les 30 ans de The Chronic

photo de profil

Par Aurélien Chapuis

Publié le , modifié le

Voici toute l’histoire d’Andre Young alias Dr. Dre, le producteur et rappeur américain légendaire alors que son premier album The Chronic fête ses trente ans.

Aujourd’hui, on va vous raconter l’histoire de Dr. Dre, le producteur et rappeur américain légendaire. On vous dit tout mais en speed. Ça commence en 1965. Dr. Dre naît le 18 février à Compton dans le comté de Los Angeles en Californie. Son vrai nom, c’est Andre Romelle Young. Ses parents, Theodore et Verna Young, se séparent quelques années après sa naissance.

À voir aussi sur Konbini

Andre déménage alors beaucoup et change d’école, de collège et de lycée très souvent. Résultat, il est éclaté en cours. Dans la vie, Andre voulait devenir pilote d’avion ou même faire du plongeon olympique (si, si, pour de vrai), mais ses notes lui disent : “Non, en vrai, tu ne vas rien faire, je pense.”

Comment Dr. Dre est devenu Dr. Dre

On est en 1982 et un disque va changer la vie d’Andre Young : The Adventures of Grandmaster Flash on the Wheels of Steel. Sur ce disque, un DJ du Bronx, Grandmaster Flash, mixe des disques ENSEMBLE, EN MÊME TEMPS. Waaah, le délire. Andre est hypnotisé et essaie de le refaire chez lui avec sa chaîne hi-fi, en faisant gauche, droite, gauche, droite. Gauche… droite…

Bon, après, sa mère lui achète une table de mixage et c’est mieux. Il devient alors le fournisseur officiel de cassettes mixées pour tout le quartier. Il organise des soirées, donc il lui faut un pseudo. À l’époque, Andre est archi-fan de basket et son joueur préf, c’est Julius Erving des 76ers de Philadelphie. Julius Erving, il est BG, athlétique, aérien, bref une nouvelle façon de jouer au basket. Son alias à Julius, c’est Dr. J. Ni une ni deux, Andre Young le prend comme nom de DJ, ça sera Dr. J.

À la même époque, l’oncle d’Andre est videur dans un club hyperbranché à LA, l’Eve’s After Dark. Là-bas, il y a des grosses soirées disco, funk et électro jusque très tard dans la nuit. Grâce à son oncle, Andre rentre en scred dans le club et tombe sur le boss de l’établissement, Alonzo Williams, un des DJs les plus importants de la région.

Andre lui demande : “Hey mec, je peux mixer dans ton club ?”

Alonzo lui répond : “T’es un minus et j’ai déjà quatre DJs. Franchement, rien à foutre de toi.”

Andre lui dit : “Allez, fais-moi tester, tu vas voir je suis chaud.”

Alonzo dit : “OK mais speed, minus.”

Andre arrive alors sur scène habillé en chirurgien, rapport à son nom, Dr. J (si, si), et il mixe deux morceaux en même temps, comme Grandmaster Flash. La piste est en transe, c’est la première fois que les gens entendent ça.

À la fin, Andre dit : “Tu vois je suis chaud, je peux mixer dans ton club ?”

Et là, Alonzo dit : “OK mais viens, on monte un groupe.”

Andre dit : “Ah, je croyais que j’étais minus.”

Alonzo dit : “Nan, oklm, c’est quoi ton blaze ?”

– Dr J.

– Dr. Dre comme ton prénom Andre ? Super, on roule !

– Nan, Dr. J.

– Dr. Dre ouais trop cool, allez on go !

– Euh, non… Bon oui, OK, Dr. Dre.”

Et voilà comment Andre est devenu Dr. Dre. Enfin, à peu près.

Comment Dr. Dre est passé de chirurgien à gangster

En 1984, Dr. Dre est DJ résident dans le club Eve’s After Dark et travaille avec DJ Yella tous les week-ends, un autre résident qui deviendra son pote. À côté du club, ils bossent sur un premier disque pour le boss Alonzo Williams, des trucs assez sucrés sous le nom Working Class Wreckin’ Crew. En 1985, toujours habillés en chirurgiens, Dr. Dre et DJ Yella composent un premier morceau, “Surgery”, en rapport à leur déguisement.

DJ Yella dit alors : “OK, c’est cool, on a une bonne prod là, mais qui rappe dessus ?”

Dr. Dre dit : “Vas-y, j’ai une idée, ça va être chanmé. Pour le refrain, j’ai pensé à un délire genre : ‘Doctor Dreeeee, Doctor Dreeeee, Doctor Dre, Dre, Dre, Dre.'”

DJ Yella répond : “Bof, c’est pas ouf.”

Dr. Dre dit : “Chanmé, vas-y on le fait.”

Et pouf, le morceau sort.

Et bam, Dr. Dre et le Working Class Wreckin’ Crew deviennent des stars à Los Angeles, tout le monde parle d’eux et le club ne désemplit pas. Mais l’ambiance electro-funk s’essouffle, Dr. Dre veut passer à autre chose de plus brut, comme les Run-DMC à New York. C’est là qu’entre en jeu Eric Wright, un dealer de Compton qui passe très souvent dans les soirées de Dr. Dre au Eve’s After Dark.

Eric, ça commence par un E, prononcé “i” en anglais. Et c’est un mec cool, il est easy, donc son blaze dans la rue, c’est Eazy-E. Quand Dr. Dre le croise, il n’arrête pas de lui dire : “Mec, faut que tu rappes, t’es l’âme du quartier.” Eazy-E répond toujours : “Naaan, t’es un ouf, je ne suis pas un bouffon chirurgien moi, tu veux que je dise ‘Eazy-E, Eazy-E, Eazy-E, Eazy E E E E E’.”

Dr. Dre répond : “Naaaan, mais c’est fini ça, viens faire un morceau, il n’y aura pas de chirurgien, promis, ça va être gangster.” On est en 1987, un soir en studio dans le noir complet, Eazy-E enregistre “Boyz-n-the-Hood”, phrase par phrase, avec des lunettes de soleil sur une production de Dr. Dre et des paroles d’Ice Cube, un rappeur proche de Dre via son cousin.

Et bam, “Boyz-n-the Hood” est un carton. Eazy-E en profite pour monter son label : Ruthless Records. La suite directe sera la création de N.W.A., un super-groupe avec Eazy-E (vous connaissez), Ice Cube (vous connaissez aussi), Dr. Dre (vous connaissez à fond, on parle de lui voyons), DJ Yella (vous connaisseeeeez) et MC Ren (ah, lui, vous ne connaissez pas).

Ce groupe, NWA, va populariser le gangsta rap dans le monde entier avec des hits comme “Straight Outta Compton” ou “Fuck tha Police”. Ils auront même droit à une petite lettre du FBI. Et là, ce n’est plus des chirurgiens. Avec NWA, Dr. Dre est devenu le roi du rap.

Comment Dr. Dre a créé la légende Death Row avec Snoop

Donc là, on est en 1988 et NWA, c’est le feu, des tournées dingues, des clips de malade, une influence de fou sur le rap. Mais, au bout d’un moment, Ice Cube trouve qu’il y a un problème avec la thune. Il se casse. Dr. Dre continue de produire plein de trucs pour Ruthless Records, mais il sent aussi qu’il y a une galère avec la thune.

C’est là qu’arrive un nouveau personnage, Suge Knight, son garde du corps. Un jour, Suge Knight débarque dans le bureau d’Eazy-E et Jerry Heller, son associé.

Il dit : “Salut, Dr. Dre veut se barrer, je suis venu prendre son contrat.”

Et là, Eazy-E, il dit : “Non.”

Et là, Suge Knight, il dit : “Vas-y, rends le contrat.”

Et là, Eazy-E, il dit : “Bah non, je viens de te le dire.”

Suge Knight : “Mais j’ai des battes de baseball.”

Eazy-E : “OK, tiens.”

Résultat, Dr. Dre récupère son contrat et crée Death Row Records avec Suge Knight, le garde du corps. Il cherche de nouveaux artistes parce qu’il n’a plus de rappeurs. Dans ses multiples déménagements, Dr. Dre finit à Long Beach avec le nouveau mari de sa mère. Il traîne alors pas mal avec son demi-frère, qui fait du son aussi et qui va devenir… Warren G. Oui, c’est une affaire de famille.

Warren G connaît bien les jeunes rappeurs de Long Beach et il les présente à son demi-frère Dr. Dre. Vous suivez toujours ? Dans la clique, ils ont tous des blazes de ouf comme Daz Dillinger, Kurupt, RBX, Nate Dogg et surtout un gars tout grand et tout mince : Snoop Doggy Dogg.

Dr. Dre décide de bosser son premier album avec cette équipe ainsi que The D.O.C., qui est parti avec lui de Ruthless via les battes de baseball de Suge Knight. On est en 1992 et Andre enregistre “Deep Cover” puis “Nuthin’ but a ‘G’ Thang” en mettant Snoop Doggy Dogg en avant et en clashant Eazy-E au passage.

L’album The Chronic sort à la fin de l’année 1992 et c’est un carton qui popularise un nouveau style de rap : le G-funk. Dr. Dre enchaîne avec le premier album de Snoop, Doggystyle. Et re-carton. Avec Snoop et Death Row, Dr. Dre est le roi du monde du rap. Encore une fois.

Aftermath, du flop au top

Alors là, on est en 1995 et Suge Knight signe 2Pac sur le label Death Row. Dr. Dre bosse sur son album All Eyez on Me, mais il sent que c’est la merde. 2Pac est vénère contre TOUUUUUS les gens de New York et Dr. Dre il s’en fout de ça, il a la flemme. Surtout quand on lui demande de filer son morceau “California Love” pour l’album de 2Pac, il a le seum.

Là, il va voir Suge Knight et il dit : “Vas-y Suge, je me casse.”

Suge dit : “Mais j’ai des battes de baseball tu sais.”

Et là, Dr. Dre dit : “Osef.”

Et pouf, il crée son propre label : Aftermath. Au début, c’est nul. Dr. Dre sort d’abord une compilation avec toutes ses idées, mais les gens ne trouvent pas ça ouf. Puis il signe plein de gars, mais il ne sort jamais leurs albums. Donc les gens trouvent ça pas ouf. Puis il produit l’album du groupe de Nas, The Firm, alors au top de sa forme. Mais les gens trouvent toujours ça pas ouf. C’est un peu la loose pour le docteur.

Et là, il y a un gars, Jimmy Iovine, l’associé de Dr. Dre, qui lui propose un nouvel artiste, un as de la rime mais chelou. On est en 1998, Dr. Dre écoute et là il dit : “Woah, il est chelou, mais il est fort lui. Comment il s’appelle ?” Jimmy lui dit : “Bah son nom, c’est Marshall Mathers et vu que ses initiales c’est M et M, bah il s’appelle Eminem.”

Et là, Dr. Dre, il dit : “Waaah, c’est nul.”

Et là, Jimmy dit : “Eeeuh mec, tu t’appelles Dr. Dre.”

Et là, Dre il dit : “OK, on le signe.”

Et là, paf, il bosse avec lui sur son album The Slim Shady LP, notamment sur le tube “My Name Is”. Et c’est un énorme carton.

La même année, Dr. Dre sort son deuxième album, nommé 2001. Alors qu’on est en 1999. Bah pourquoi ? On ne sait pas. Mais dessus, il invente le son des années 2000 et il y a la réunion avec Snoop Dogg mais aussi Eminem, Xzibit, Mary J. Blige et que des morceaux que vous connaissez par cœur. Dr. Dre est le roi du monde. Encore une fois.

Le fantôme de Detox et… des casques

On est en 2005. Dr. Dre surfe sur les succès d’Eminem, Xzibit, 50 Cent, The Game et tout le monde entend la rumeur d’un nouvel album, la suite de 2001, qui s’appellerait… 2012. Non, en vrai, Detox. Et là tout le monde spécule sur qui sera sur l’album, quel son il y aura et tout. Ça devient un vrai délire. Les années passent, mais rien ne sort.

On est en 2008 et Jimmy Iovine appelle Dr. Dre : “Yo mec, tu fais quoi ? Tu sors Detox ou pas ?”

Dr. Dre répond : “Franchement, nan, flemme.”

Jimmy répond : “Ah OK. Bah on fait quoi alors ?”

Et là, Dre répond : “Viens, on fait des baskets.”

Jimmy dit : “Nan, nul.”

Dr. Dre dit : “OK, sinon, je suis un peu spécialiste en musique, toute la journée j’ai un casque audio là, ça ne te dit pas on fait des casques ?”

Et là, Jimmy dit : “MDR t’es un ouf, allez super !”

Et bim, Dr. Dre crée Beats by Dre, sa marque de casques. Et ça cartonne. Là, on est en 2014 et Apple veut racheter Beats by Dre. Tim Cook appelle Dr. Dre et il dit : “Alors, combien pour les casques ?”

Et là, Dr. Dre dit : “Je ne sais pas, vas-y, 3 milliards.”

Et là, Tim Cook, il dit : “Vas-y, OK, c’est carré.”

Et bim, voilà comment Dr. Dre est devenu le premier milliardaire du rap US avant que les impôts ne lui prennent un paquet de thunes. Juste après, Jimmy Iovine le rappelle : “Waaah mec, t’es un ouf, mais on fait quoi maintenant ?”

Et Dr. Dre lui répond : “Bah, je vais sortir un album.”

Jimmy : “Ah nickel, Detox !”

Dr. Dre : “Nan, il s’appellera Compton.”

Jimmy : “OK.”

On est en 2022 et Dr. Dre fait le show de la mi-temps du Super Bowl avec Snoop Dogg, Eminem, 50 Cent, Kendrick Lamar et Mary J. Blige. À 57 ans, Dr. Dre est le roi du monde du rap. Encore une fois.

Abonnez-vous aux podcasts Konbini sur Apple Podcasts, Podcast Addict, Deezer, Castbox, Spotify, Google Podcasts ou encore Amazon Music pour ne rater aucun épisode !