Treize Vies : derrière le drame ciné’, un miraculeux sauvetage d’enfants piégés dans une grotte thaïlandaise

Treize Vies : derrière le drame ciné’, un miraculeux sauvetage d’enfants piégés dans une grotte thaïlandaise

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Par Antonin Gratien

Publié le

Une opération de secours désespérée, à travers un dédale caverneux de plusieurs kilomètres englouti par les eaux.

“Basé sur des faits réels”. Vue et revue, la formule a de quoi faire frissonner quiconque a connaissance de l’histoire dont s’est inspiré Ron Howard (Apollo 13, Da Vinci Code…) pour pondre son dernier film, Treize Vies. Un drame à suspens porté, notamment, par Colin Farrell et Viggo Mortensen, qui reproduit avec fidélité l’incroyable rescue mission de la grotte de Tham Luang. Soit le sauvetage in extremis d’une dizaine d’adolescents piégés par les inondations durant dix-sept jours.

Voici le récit de leur calvaire.

Cernés par les eaux

Début juin 2018, les yeux du globe sont rivés sur la Coupe du monde de football. Peut-être inspirée par les exploits de Neymar, Ronaldo et Mbappé, le 23 du mois, la jeune équipe des “Sangliers Sauvages” tape du ballon rond lors d’une session d’entraînement dans la région de Chiang Rai, en Thaïlande. Rien que d’habituel. Mis à part que les douze enfants, qui ont entre 11 et 16 ans, ainsi que leur coach tardent à rentrer.

À tel point qu’une mère sonne l’alerte. Et lorsqu’un garde découvre l’équipement des adolescents devant la grotte de Tham Luang, l’affaire vire au cauchemar. Il pleut beaucoup. Beaucoup trop. Une mousson précoce a surpris le groupe alors qu’il explorait la grotte, et les a contraints de s’enfoncer dans les profondeurs de la cavité afin d’échapper à la montée des eaux. Les voilà bloqués, à 4 kilomètres de l’entrée.

Une cellule de crise se met en place. À chacun sa tâche. Ici, on pompe l’eau de la grotte en espérant en faire décroître le niveau. Là on cherche des points de forage par les hauteurs pour atteindre directement les victimes. Des plongeurs de la Thai Navy SEALs essaient de les rejoindre à la nage. En vain. Les jours passent, et nul ne sait si les enfants sont encore en vie. Peu osent y croire.

“– Combien êtes-vous ? – Treize ! – Formidable”

Après une interruption des tentatives de plongée due aux intempéries diluviennes, les Britanniques Richard Stanton et John Volanthen retrouvent enfin l’équipe des Sangliers Sauvages. Il leur aura fallu 6 heures de nage parfois à contre-courant dans les boyaux d’une grotte aux passages escarpés pour y parvenir. Les rescapés, quant à eux, étaient disparus depuis neuf jours, plongés dans une obscurité abyssale et sans aucun moyen de communication avec l’extérieur. “Combien êtes-vous ? “, questionne John Volanthen en les découvrant. “Treize”, répond l’un des jeunes footballeurs. Tous sont en vie. Et retrouvent l’espoir.

D’autres nageurs approvisionnent en nourriture les enfants. Leur fournissent des couvertures, des lampes. Mais le problème du sauvetage reste entier, notamment parce qu’aucun des adolescents ne sait nager. Le gouvernement envisage une solution sur plusieurs mois ; au fil des allers-retours, les professionnels leur apprendraient comment se mouvoir dans l’eau – eau qui, idéalement, aurait progressivement décru.

Mais le niveau d’oxygène dans la caverne ne cesse de baisser. Qui sait combien de temps encore les enfants pourront y respirer. D’autre part, le plongeur thaïlandais Saman Kunan a déjà perdu la vie après avoir épuisé sa réserve d’oxygène durant un trajet. Dès lors, la chose ne fait plus aucun doute : opter pour un sauvetage de long cours mettrait en péril la vie d’autres secouristes.

Un sauvetage sous pression (et kétamine)

Les autorités thaïlandaises apprennent l’imminence de nouvelles pluies de mousson qui pourraient perdurer jusqu’en octobre. Nous sommes le 8 juillet. Le gouvernement doit trancher : l’opération de long cours, ou le sauvetage immédiat. Ce sera le sauvetage immédiat.

Une équipe internationale de treize secouristes en prend la charge. Afin d’éviter que lors du sauvetage les enfants ne paniquent, et mettent en danger leur vie par des mouvements brusques, l’un des sauveteurs spécialisé dans l’anesthésie, Richard Harris, est chargé de planifier l’injection de kétamine aux enfants. L’administration de cette drogue à intervalles réguliers permet de tous les maintenir inconscients, et donc immobiles.

Un à un, les adolescents sont équipés de tenue de plongée, masques et harnais. Puis endormis, donc, avant d’être entraînés tour à tour par des plongeurs sur plusieurs kilomètres de cavité, à travers des couloirs d’une étroitesse extrême. Et avec un champ de vision parfois proche du néant. Le péril est grand. Mais entre le 8 et le 10 juillet, chacun des membres de l’équipe des Sangliers Sauvages est remis sain et sauf à sa famille. Le calvaire est enfin terminé.

Une source d’inspiration

Au total, ce sauvetage hors normes aura mobilisé l’aide internationale d’une vingtaine de pays, de l’armée thaïlandaise et de plusieurs milliers de volontaires venus du monde entier. Des milliards de litres d’eau ont été pompés, et plusieurs centaines de millions détournés, depuis le col du massif montagneux Doi Nang Non qui abritait la grotte, vers les plantations agricoles alentours.

Pas étonnant que le miracle de Tham Luang ait inspiré les cinéastes. En 2019, cette rescue mission avait fait l’objet d’une première adaptation par le réalisateur irlando-thaïlandais Tom Waller (The Cave). Se voulant ultraréaliste, le film avait été tourné en décor naturel. Et quatre des sauveteurs historiques apparaissaient à son casting.

Trois ans plus tard, c’est donc au tour de Ron Howard de s’approprier l’histoire qui a tenu le monder entier en haleine. Avec un rendu appliqué et aux contours volontiers épiques, porté par un casting de haut vol, disponible sur Prime Video.