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Review ton classique : Rocky

Review ton classique : Rocky

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Par Antonin Gratien

Publié le , modifié le

Il y a 45 ans sortait le drame sur ring qui tira Stallone de la galère.

Qu’il a été long, l’entraînement de Balboa pour tenir tête à Creed. Et qu’elle a été épineuse, la route qu’a empruntée Sylvester Stallone pour imposer le scénario de Rocky, puis décrocher le rôle-titre de ce film devenu culte. Alors que Prime Video accueille la quasi-totalité de la franchise dédiée au plus célèbre boxer du 7e art, retour sur la genèse d’une œuvre lumineuse, ode au rêve américain et fruit du combat opiniâtre d’un acteur prêt à tout pour sortir de l’ombre.

Trimer, puis saisir l’opportunité

Avant d’être Rocky, Sylvester n’était que… Sylvester. C’est-à-dire peu de choses. Derrière lui, l’interprète a de menus succès (quelques pièces off-Broadway) mais surtout une foule de mésaventures. Cumulant les périodes de chômage, il se retrouve sans domicile fixe puis tourne en 1970 dans un film érotique pour un cachet de… 200 dollars. Autant dire que cette première apparition sur grand écran est loin d’être celle dont il avait rêvé.

Les rôles de seconde zone s’enchaînent. Sylvester Stallone y interprète majoritairement des loubards sans nuances – la faute, notamment, à son physique de bodybuilder et une bouche légèrement tordue à cause de sa paralysie faciale. La trentaine approche à grands pas, aucune perspective de carrière ne point à l’horizon, et les arriérés de loyer s’empilent.

Dos au mur, Sylvester Stallone tente le tout pour le tout en exposant à la société de production United Artists son projet : porter sur grand écran la lutte épique d’un outsider de la boxe face à un champion mondial. Inspirée du combat de 1975 entre Mohamed Ali et Chuck Wepner auquel Stallone a assisté, l’idée séduit. À tel point que le studio lorgne du côté d’étoiles du cinéma pour camper Rocky Balboa. Robert Redford, James Caan, Burt Reynolds…

Mais Sylvester Stallone le sait, le wagon ne passera pas deux fois. Il refuse de céder son scénario si ce n’est pas lui qui interprète ce qui se révélera être le rôle de sa vie. Un bras de fer s’engage alors entre les producteurs – réticents à offrir la partition à un acteur méconnu – et ce comédien dont l’audace ne manque pas de surprendre. La suite est bien connue. Stallone a remporté le match, et par KO s’il vous plaît.

Stallone et Balboa, alter ego ?

Difficile de ne pas reconnaître dans Rocky une métaphore du propre combat de Sylvester Stallone pour atteindre la notoriété. L’acteur y campe un malabar réduit à briser des doigts au profit de l’usurier qui lui sert de boss. Et boxe de temps à autre pour une poignée de dollars. Comme Stallone à l’époque, il vivote péniblement.

Par un concours de circonstances, celui que l’on nomme “l’étalon italien” a l’opportunité de devenir le challenger du n° 1 des poids lourds : Apollo Creed. Venu des bas-fonds de Philadelphie, Rocky entend bien se propulser sous les spotlights. Il saisit sa chance.

Animé de “l’œil du tigre”, notre bastonneur s’entraîne en suant sang et eau. Joggings sur voie ferroviaire, uppercut contre des pièces de viande stockées dans une chambre froide… La totale façon Balboa, quoi. Aussi décidé que son interprète à avoir son heure de gloire, le boxer accomplit une prouesse en résistant aux assauts du “Maître du désastre” durant 15 rounds. Ça y est, il est une star. Tout comme Stallone.

“Yo Adrian, I did it”

Bouclé en à peine un mois à l’appui d’un budget dérisoire, Rocky crée l’exploit en rencontrant un immense succès. Du côté des publics, avec plus de 670 000 entrées rien qu’en France. Mais aussi de celui du monde professionnel. Contre toute attente, le bébé de Stallone reçoit 10 nominations aux Oscars en 1977 et remporte un Graal : l’Oscar du meilleur film.

Plus encore, Sylvester Stallone – jusque-là méprisé par les studios – rejoint deux monstres sacrés du cinéma, Charlie Chaplin et Orson Welles, en étant la troisième personne de l’Histoire nommée à la fois pour l’Oscar du meilleur acteur, et celui du meilleur scénario original. Plus qu’une consécration, c’est une apothéose.

En 1979 puis en 1982, Stallone renfile les gants de Balboa et endosse pour la première fois – toujours en 1982 – l’autre rôle qui fera de lui un emblème indéboulonnable de l’action movie made in Hollywood : Rambo. Cumulant les réussites en salles grâce à ces deux franchises, Stallone sort de sa zone de confort en s’aventurant vers d’autres registres dans la seconde moitié des années 1980.

Mais le public n’est pas au rendez-vous. Après un long passage à vide, c’est finalement grâce à Rocky Balboa (2006) qu’il retrouve ses lauriers. Et neuf ans plus tard, il sera même nommé aux Golden Globes dans la catégorie du meilleur acteur dans un second rôle pour le spin-off de Rocky, Creed : l’héritage de Rocky Balboa.

Un préquel dans les tuyaux

Après avoir endossé pas moins de 8 fois son rôle culte entre 1976 et 2018, Sylvester Stallone serait-il prêt à tourner la page ? Impossible. Non seulement l’acteur septuagénaire planche sur le troisième volet de Creed, mais il avait annoncé en 2019 préparer un préquel. Sur sa page Instagram, l’inlassable interprète en a partagé le script, et détaillé la structure.

Le projet devrait prendre la forme d’une série en plusieurs saisons, de 10 épisodes chacune. Ce show illustrera la jeunesse qu’on suppose chahutée du futur prodige de l’uppercut, ainsi que le contexte sociopolitique tumultueux des années 1960. Depuis l’alunissage d’Apollo 11 à la guerre du Vietnam, en passant par les luttes pour les droits civiques.

Pour l’heure, aucune date de début de tournage n’a été annoncée. On ne sait pas non plus sur quelle plateforme sera diffusée la série. Nul doute, néanmoins, que les services de streaming se bousculeront au portillon pour accueillir les débuts de l’éternel “étalon italien”.