Ready Player One : mode d’emploi prophétique du métavers

Ready Player One : mode d’emploi prophétique du métavers

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Par Antonin Gratien

Publié le

Spielberg, ce visionnaire.

Métavers. D’aucuns y voient le futur d’Internet, voire notre futur à tous. À l’instar du patron de feu Facebook, Mark Zuckerberg qui, en octobre dernier, annonçait en fanfare en faire le nouveau cheval de bataille de sa société, rebaptisée “Meta”, justement. Mais de quoi s’agit-il vraiment ?

Oubliez les laborieuses investigations sur votre barre de cherche. La meilleure porte d’entrée pédago’ en la matière est actuellement sur Prime Video, et s’appelle Ready Player One. Oui, oui, le petit bijou SF signé Steven Spielberg. Un film tout de réalité virtuelle parallèle, avatars colorés et aventures trépidantes bref, une œuvre qui brosse le (jubilatoire) portrait d’un métavers possible. Et annonciateur.

Chasse à l’easter egg

2045. Un spectacle de désolation s’offre au regard des habitants d’un monde ravagé par la crise énergétique, la guerre et la précarité. Comme tant d’autres, Wade Watts, un ado orphelin vivant dans un quartier-dépotoir de l’Ohio, erre. “Il n’y a nulle part où aller”, résume-t-il dans le trailer de Ready Player One. Nul part sauf… l’Oasis. Un dispositif tentaculaire de réalité virtuelle fonctionnant à la façon d’un MMORPG (Massively Multiplayer Online Role Playing Games) dans lequel il suffit d’enfiler un casque de VR, une combi’ et des gants pour plonger dans un monde numérique vraiment, mais alors vraiment, fun.

C’est dans les paysages colorés de ce doux exutoire que le dernier propriétaire de l’Oasis a planqué un easter egg. Soit une espèce de “bonus” qui permettra à celui qui l’aura déniché d’hériter d’une immense fortune (on parle de 500 milliards, tout de même). Et surtout d’acquérir les droits de sa société.

Pas peu séduit par cette perspective, Wade se lance en même temps que des milliers d’homologues ainsi que des bras armés d’une organisation aux sombres desseins dans cette “chasse à l’œuf” ponctuée de courses automobiles, d’énigmes sentimentales et de gunfight titanesques où plusieurs figures iconiques de la pop culture se mettent sur la tronche. Tout un programme.

Un film vraiment “SF” ?

Ce que Ready Player One donne à voir, ce n’est rien de moins que ce qui pourrait bien être l’une des plus grandes révolutions d’Internet. Soit la possibilité, pour l’ensemble de la population, d’être immergé dans un univers interactif digital. Un monde où chacun aurait la possibilité de nouer des amitiés, faire du gaming et pourquoi pas travailler.

Ce (comme le montre le film) grâce à des lunettes ou casques de réalité virtuelle. Et de dispositifs dit “haptiques” permettant la communication entre un humain et son environnement numérique. Si Ready Player One appartient bien au registre SF, les technologies qui y sont mobilisées sont pour la plupart déjà sur le marché, ou en phase de développement expérimental du côté de “Méta”, par exemple. 

Autrement dit, le film n’a plus grand-chose de fictionnel. Encore moins de délirant. Pour le meilleur qui refuserait de piloter le bolide d’Akira ? , mais aussi pour le pire. Après tout, la société (réelle) dans laquelle vivent Wade et ses potes tient bien de la dystopie. Et voir des humains par centaines de milliers s’évader matin, midi et soir en délaissant la lutte politique comme les rencontres “en chair et en os” au profit d’univers artificiels féeriques a de quoi foutre les jetons. Pas vrai, Wade ?