Elle : ingénieuse traqueuse d’artefacts, rompue à l’exercice de la survie en milieu hostile. Lui : globe-trotteur au sarcasme inépuisable, tombé addict à l’adrénaline que lui procure l’audace de ses larcins. Lara Croft et Nathan Drake. À eux deux, une vingtaine de jeux vidéo trépidants, quatre films qui ne le sont pas moins et… Un inoxydable débat. Car oui, voilà plus d’une décennie que, dans les méandres de la Toile, “pro” Croft et “pro” Drake s’écharpent pour savoir lequel de leur champion mettrait une dérouillée à l’autre, en matière de pêche au butin exotique. Ici, ici, ou là. Chez Konbini, on s’est passionné pour la question, et voilà le bilan de notre arbitrage, point par point.
Impartialité garantie.
Background de nos”héros”
1. Lara Croft, la solitaire intrépide
Au gré des supports, l’histoire de Miss Croft varie sensiblement. Grosso modo : on retrouve souvent la protagoniste dans les chaussures (abîmées, forcément) d’une archéologue érudite d’origine aristo, ayant perdu un – voire deux – de ses parents dans des circonstances plus ou moins troubles. Sa passion pour les civilisations d’autrefois la conduit à publier des ouvrages relatant ses découvertes, du tombeau de la mythique reine Himiko (Tomb Raider, 2018) aux énigmes de la Vallée des Rois (Tomb Raider : la révélation finale, 1999). Impressionné ? Vous le serez encore plus, lorsque vous apprendrez que la “pilleuse de tombes” a l’habitude d’œuvrer en cavalier solitaire. Et donc de dénicher de l’artefact millénaire à la seule force de ses bras. Respect.
2. De roublard impavide à père de famille attentionné
C’est l’une des évolutions de personnage les plus marquées de l’univers-vidéoludique. Nathan est d’abord présenté comme une tête brulée résolue à s’en mettre plein les poches, en ravissant des trésors pesant leurs millions de dollars, souvent à l’appui d’un ou deux potes. Puis celui qui se présente – non sans arrogance – comme le descendant de l’illustre corsaire Francis Drake, se transforme, au fil des opus (et donc des années), en family man. Quitte à ranger les crampons, en tournant une bonne fois pour toutes le dos aux capiteuses sirènes de nouvelles escapades. De là à conclure que la richesse, la vraie de vraie, réside dans le fait de chérir ses proches, plutôt que de courir le globe à l’affût d’une cité d’or oubliée ? À méditer.
Bilan psycho de nos bourlingueurs
1. Lara Croft, une sans cœur – vraiment ?
Pas commode, commode, la “tomb raider”. C’est bien simple : dans les premiers épisodes de la saga, elle parle peu, et tire beaucoup. Même sur des animaux en voie d’extinction, notons. Sex-symbol malgré elle, cette badass girl par excellence frappe par une détermination sans failles, que certains auront tôt fait d’associer à quelque bien cruelles froideurs. Il faudra attendre l’interprétation d’Angelina Jolie pour que le personnage s’humanise. Puis la parution sur console en 2013 de Tomb Raider, et du film de 2018 du même titre, en rajouteront une couche, en offrant une nouvelle dimension au personnage. Moins chevronnée, plus vulnérable, voilà Lara plongée dans une aventure initiatique orientée “survie”, où elle devra tuer des pairs, certes, mais avec hésitation – voire horreur. Ouf.
2. Nathan Drake, l’intarissable vanneur
Aussi catastrophique soit la situation, comptez sur l’impayable “Nate” pour balancer une punchline bien sentie. Ce penchant pour la déconne est particulièrement saillant dans le film Uncharted, où Tom Holland livre – sans surprise ? – une interprétation très spidermanesque du personnage ; çà et là, on reconnaît beaucoup de sa version gouailleuse de “l’homme araignée”, dans sa manière de camper le rôle de Mister Drake. Et pourquoi pas ? Après tout, ce n’est pas trahir l’esprit du personnage brossé par la franchise vidéo-ludique, qui met en scène un Nathan plus âgé, mais toujours prompt à faire de l’esprit. Bref, Nathou en vingtenaire, trentenaire ou quina : même combat. Un casse-cou dont l’éternelle assurance n’est pas sans rappeler l’insolence d’un certain… Indiana Jones. Forcément.
Deux profils, deux approches de la castagne
1. Lara Croft, une cérébrale spécialiste du système D
Sait-elle se servir d’un pistolet ? Bien sûr, et même de deux à la fois. Mais là où l’aventurière se distingue, c’est plutôt par sa capacité à déployer des trésors d’ingéniosité, dès qu’il s’agit de résoudre un puzzle, ou de percer à jour une énigme. Nota bene : ses capacités d’adaptation lui permettent également d’improviser des armes à partir… D’à peu près tout. Un peu de bois, un bout de ficelle et – hop ! – voilà un arc qui, aussi artisanal soit-il, fera des ravages. Avec discrétion, s’il vous plaît.
2. Nathan Drake, alerte au kamikaze ?
Pas du genre à réfléchir à deux fois, le Nathan. As de l’assaut casse-cou, on le voit débouler façon diable de Tazmanie à droite, à gauche, en fauchant ses ennemis comme il peut – et avec l’espoir de leur dérober du gros calibre. Car si “Nate” excelle au pistolet, on l’a aussi vu faire des étincelles armé d’une mitrailleuse. De grenades, de fusils de chasse. Bref, on est sur un profil plutôt tout terrain qui, si il manque parfois de finesse, ne prendra jamais la poudre d’escampette face à ses ennemis, aussi menaçants soient-ils. Le gars sûr, quoi.
Et la palme d’or du meilleur traqueur de trésor revient à… Lara
Alors certes, Croft n’est pas aussi “friendly” que son concurrent. Sauf qu’on a envie de vous dire : et alors ? S’agit pas de verser dans la copinade, là. Mais de marauder des objets d’antan, en mettant sur le carreau, si nécessaire, les mafieux, mercenaires et autres vilains qui voudraient, aussi, mettre la main sur ledit pactole. Bref, Lara fait figure de “pro” là où Nate, de par sa frivolité – son insouciance, parfois – frise… L’amateurisme.
Besoin d’une mise en situation ? Mettez les deux personnages dans un format à la Man vs Wild, ou même Koh Lanta, simplement. Vous verrez bien qui s’en sort. D’un côté un type qui débite des blagues (pas mauvaises, attention) à la pelle. De l’autre une survivaliste hors pair, formée à la dure. Question débrouillardise, y’a pas photo.
Tout ça, sans compter que Nate souffre d’un sévère talon d’Achille : Monsieur a fondé un foyer. Avec épouse, et enfant. Alors, imaginons par exemple que des antagonistes mettent la main sur sa fille, Cassie. À coup sûr, notre aventurier serait prêt à lâcher le magot et vendre ses acolytes pour que personne ne lève la main sur elle. Preuve d’une mollesse de caractère ? Chacun sera juge. Nous, on est pas là pour scruter l’aspect moral de la chose. Disons simplement qu’à mission égale, une “sans attache” telle que Croft aurait plus de chances de triompher. Et, accessoirement, de sauver l’humanité. Fonce Lara, fonce. On croit en toi <3.