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Ces 5 questions qu’on s’est tous posées après avoir vu Mother!

Ces 5 questions qu’on s’est tous posées après avoir vu Mother!

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Par Antonin Gratien

Publié le , modifié le

Quatre ans après la sortie du film, il est grand temps de revenir sur son final biblico-anarcho-invasif.

C’est peu dire que Mother! a fait couler beaucoup d’encre. Hué par une partie du public lors de sa présentation à la 74e édition de la Mostra de Venise, en 2017, le 7e long-métrage de Darren Aronofsky a été accueilli par la presse tantôt comme un bijou esthétique, tantôt comme une pièce outrancière et grotesque.

OVNI cinématographique toujours considéré comme l’un des plus clivants de ces dernières années, l’œuvre a également soulevé des tas d’interrogations côté public. Que ce soit concernant sa portée, ses symboles ou sa fin. Florilège de ces interrogations qui nous sont forcément venues à l’esprit après le générique du film. Et éléments de réponse.

S’agit-il (vraiment) d’un film d’horreur ?

Classé dans ce registre, Mother! était présenté par le prisme d’un pitch pour le moins light : “Une jeune femme et son mari mènent une vie paisible dans une maison campagnarde et retirée. Leur existence est bouleversée par l’arrivée chez eux d’un mystérieux couple.” Quant à la bande-annonce, elle laissait deviner une intrigue s’inscrivant dans le genre des home invasion movie. Et, de fait, le couple reçoit la visite de visiteurs semant le trouble. Pour autant Mother! ne verse ni dans le jump scare, ni dans le gore. Malgré quelques séquences de violences et d’angoisses, le film tient bien plus du thriller psychologique intimiste que des Annabelle & co, qu’on se le dise.

De quoi ça cause ?

La voilà, la question pour un champion. Nombre d’internautes ont glosé sur le sujet et, après plusieurs mois de silence, Darren Aronofsky a finalement tranché la question auprès de Variety en 2018. “J’ai voulu faire un film sur la Terre nourricière, et comment nous la traitons”, avait déclaré le réalisateur en faisant référence à “mother” (Jennifer Lawrence). Ce personnage qui s’emploie à rebâtir de ses mains une maison réduite en cendres serait donc la métaphore de Mère Nature. Quant aux “intrus”, ils symboliseraient l’impact dévastateur de notre espèce sur l’écosystème. Ça se tient.

C’est quoi, le délire religieux ?

Habitué à aborder la spiritualité (Pi, The Fountain, Noé…) Darren Aronofsky distille dans Mother! plusieurs références à la Bible. Simulacre de baptême, références au repas de la Cène et mise en scène de l’attendue du Messie entre autres. Pour en comprendre la signification, reprenons le point précédent. Si “mother” est la nature, qui est “Lui” (Javier Bardem) ? Plus qu’un écrivain, il pourrait bien représenter Dieu le Père lui-même, démiurge absolu et puissance créatrice par excellence.

Le couple interprété par Ed Harris et Michelle Pfeiffer ferait alors référence à Adam et Ève ayant bravé l’interdit (la pomme dans l’Ancien Testament, la pierre enfermée dans le bureau pour Mother !). Le meurtre de leur fils serait une allégorie de l’homicide d’Abel par son frère, Caïn, et la clôture du film dénoncerait les périls de l’extrémisme religieux.

En parlant de ça, que signifient les dernières minutes de l’œuvre ?

Piqûre de rappel. Au terme de Mother!, mother (elle-même) s’apprête à accoucher. Mais une horde de fans des œuvres de Lui, ainsi que des voleurs, policiers et marginaux de toute sorte sèment le chaos dans la demeure du couple. Alors que l’enfant vient de naître, une foule fanatique le tue, puis le dévore. Hors d’elle, la mère incendie sa maison. Dans une séquence hallucinatoire, son compagnon lui arrache ensuite le cœur après qu’elle l’a assurée de son amour.

Leur foyer sort à nouveau de terre, comme neuf, dans un écrin de verdure paradisiaque. Et une autre femme se réveille dans le lit conjugal en appelant son compagnon “bébé” – soit l’exacte réplique de la scène d’ouverture du film. Quèsaco ? Si l’on reprend à nouveau l’idée que Mother! est une fable écolo, cette scène pourrait être un clin d’œil aux cycles de la nature. D’autres y voient l’illustration d’une relation perverse reproduisant les mêmes schémas (Lui instrumentalise sa compagne, puis la délaisse avant d’en trouver une autre). Au choix.

Mais comment Jennifer Lawrence a-t-elle pu survivre au tournage ?

Qu’ils ont dû être longs, pour l’actrice oscarisée, les mois de tournage nécessaire à la réalisation de Mother!. La caméra la fixe en plan serré, suit chacun de ses pas, saisit chaque crispation de son visage lors de séquences brutales (celle du lynchage, notamment). L’interprète avait confié à Vogue que son rôle l’avait entraînée dans “l’endroit le plus sombre” qu’elle ait jamais connu. Et expliqué que durant une scène particulièrement éprouvante, elle avait fait de l’hyperventilation avant de se fêler une côte.

Afin de préserver leur star, l’équipe de tournage a carrément dressé une tente remplie de bonbons à côté du plateau de tournage pour qu’elle puisse s’y ressourcer en regardant… Keeping Up with the Kardashians. Cœur sur toi, Jennifer.

Et sinon, côté Darren Aronofsky, on sait que le réalisateur prépare un nouveau film. Baptisé The Whale, ce projet produit par la très en vogue A24 (Climax, Midsommar…) sera l’adaptation d’une pièce à succès signée Samuel D. Hunter. Il y est question d’un homme en surpoids et dépressif tentant de renouer le lien avec sa fille de 17 ans.

Pas hyper jouasse comme intrigue. Mais pouvait-on vraiment s’attendre à un conte mielleux de la part du réalisateur de Requiem for a Dream ? Sans doute pas. Et soyez rassurés, si The Whale verse à nouveau dans le symbolisme à gogo, on sera toujours là pour faire un topo sur le sujet.