Ce qu’on apprit sur le plus vil forcené des salles obscures avec le docu Hannibal Lecter, icône du crime

Miam

Ce qu’on apprit sur le plus vil forcené des salles obscures avec le docu Hannibal Lecter, icône du crime

Évidemment, il a fallu que le perso soit inspiré d'authentiques serial killers.

Il est l’irrésistible hantise de générations entières. Tout à la fois objet de dégoût et de fascination, Hannibal Lecter appartient aux rangs de ces (anti)héros dont le magnétisme tient à ce qu’ils ont deux visages. Côté pile, l’archétype exquis du dandy européen lettré, esthète. Et côté face… Un monstre, qui brise avec la plus insoutenable gourmandise, encore et encore, “le” tabou de l’humanité : l’anthropophagie. Cette ambiguïté, tour à tour incarnée par Anthony Hopkins, Gaspard Ulliel et Mads Mikkelsen (excusez du peu), a hissé le personnage au Panthéon so select des visages du Mal. Un mythe de la fiction qui pèse 5 oscars, plusieurs millions de romans vendus et cinq films ayant cumulé près d’un milliard de bénéfice.

La gloire, quoi. Alors forcément, oui, n’importe qui reconnaîtrait son masque d’aliéné, lors d’une soirée Halloween. Et évidemment, le premier venu serait capable d’associer, comme par instinct, le nom de “Lecter” au cannibalisme. Okay. Mais à Konbini, on a eu envie d’aller un peu plus loin que ces lieux communs, grâce au docu Hannibal Lecter, icône du crime, dédié aux origines et à la portée du personnage. Voilà ce qu’on a retenu.

1. “Docteur” Lecter est inspiré de vrais serial killers

On s’en doutait, tout en espérant avoir tort. La voilà, l’info qu’on aurait préféré s’épargner : pour donner naissance à ce qui allait devenir l’un des antagonistes les plus cultes de la pop culture, le journaliste américain Thomas Harris, auteur-phare des romans dédiés au perso, a puisé dans d’authentiques faits divers ayant défrayé la chronique. Notamment ceux associés au docteur Alfredo Ballí Treviño, connu pour avoir usé de ses connaissances en chirurgie afin de… Dépecer son amant. Le romancier aurait rencontré celui qu’on présente parfois comme le “vrai Hannibal Lecter” à la prison de Nuevo León, au Mexique, dans le cadre d’un reportage. Parmi les autres “références” de l’écrivain évoquées dans le documentaire, on compte Ed Kemper, dit “l’Ogre de Santa Cruz”. Accusé de 10 meurtres – dont celui de ses grands-parents, et de sa mère – le tueur, réputé d’intelligence hors norme, est aussi demeuré tristement célèbre pour avoir “cuisiné” le cadavre d’une de ses victimes. Anthropophagie, QI prodigieux… Ça ne vous dit rien ? Si ? Voilà, on y est.

2. Hannibal est le plus célèbre “profiler” de l’Histoire

Pour juguler l’épidémie de meurtres qui ravage la côté ouest américaine des sixties-seventies, le FBI lance une nouvelle section en 1972 : l’Unité d’Analyse Comportementale. Son principe ? Utiliser la psychologie (comportementale, donc) pour “comprendre” le mode de fonctionnement des serial killers. Thomas Harris s’est d’emblée passionné pour cette approche criminologique nouvelle de “profilage”, et parvient à entrer en contact avec cette unité, jusque là méconnue du grand public. La légende veut d’ailleurs que l’auteur, pour s’inspirer, aurait ré-écouté en boucle les conversations d’analyse enregistrées entre le duo Ressler-E.Douglas, deux célèbres profilers et… Ed Kemper. Oui, c’est glauque. Mais – selon la légende, toujours – c’est de ce matériel que serait sorti le génie noir d’Hannibal Lecter qui endosse, dans Dragon Rouge puis Le Silence des Agneaux le rôle du profiler, où justement, il excelle. “Ce personnage analyse constamment les personnes autour de lui, et les réactions qu’ils peuvent avoir (…) c’est son côté sociopathe évidemment, mais ça fait aussi de lui un profiler né”, pose Patricia Kirby, profileuse de profession. Si même elle le dit…

3. Le premier film où apparaît Hannibal a été un immense flop

Eh oui, notre cannibale n’a pas toujours été la vedette qu’il est aujourd’hui. Pourtant, le premier cinéaste à avoir porté les best sellers de Thomas Harris sur grand écran était une pointure, puisqu’il s’agissait de rien de moins que Michael Mann, à qui l’on doit notamment Heat. Étonnement, ce thriller nommé Le Sixième Sens met assez peu en lumière le personnage d’Hannibal Lecter, qui est campé avec beaucoup de sobriété. Faudrait-il y voir la cause de l’accueil tiède réservé au film à sa sortie, en 1986 ? C’est une possibilité d’autant plus plausible que cinq ans plus tard paraît Le Silence des Agneaux, où Anthony Hopkins, qu’on pensait alors perdu pour le cinéma, crève l’écran grâce à une interprétation toute en perversion qui vaudra à l’acteur l’Oscar du meilleur acteur. En fera d’Hannibal Lecter, au passage, une figure incontournable de l’horreur.

4. Lecter, l’anti-slasher par excellence

C’est un aspect contextuel qui mérite d’être en lumière. Lorsque Le Silence des Agneaux fait son entrée fracassante dans le box-office, nous sommes en 1991, et le zénith du slasher semble déjà loin, très loin, derrière le public. Durant les 80’s, de célébrissismes franchises telles que Vendredi 13 et Scream avaient habitué les amateurs de frisson à des antagonistes aux profils pas hyper finauds, leurs rôles se limitant souvent à courser des blondes, armés d’une arme blanche. Peu de dialogues, et des approches légèrement “rustres”, disons. En un sens, le Hannibal Lecter d’Anthony Hopkins s’impose d’emblée comme un contre-modèle à cette figure du slasher dont les spectateurs se sont lassés. Soudain, ces friands de thriller découvrent un criminel aux goûts exigeants – aristocratiques, presque. Même dans l’horreur – surtout dans l’horreur, peut-être…- , Lecter reste un délicat. Et ça plaît. Ça plaît beaucoup.