Avec “La Graine”, Stacy Martin, Marie Papillon et François Damiens s’embarquent dans la galère de la PMA

Mission procréation

Avec “La Graine”, Stacy Martin, Marie Papillon et François Damiens s’embarquent dans la galère de la PMA

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Par Antonin Gratien

Publié le

Un roadtrip burlesque, qui illustre le parcours du combattant des couples lesbiens lancés dans la procédure.

Dégainer l’humour pour pointer la détresse. Voilà le parti pris d’Héloïse Lang (Connasse, princesse des cœurs), avec son nouveau long-métrage : La GraineDisponible sur Prime Video, cette comédie queer nous entraîne aux côtés de deux homosexuelles prêtes à tout pour avoir un enfant. Genre vraiment tout. De l’infiltration de campus universitaires à l’extorsion pure et dure, en passant par le chantage d’un boss de clinique…

Un défilé de péripéties décapantes qui, sous leurs abords de légèreté, jettent une lumière crue sur un contexte de crise : ouverte à toutes depuis août 2021 dans l’Hexagone, la PMA relève encore du chemin de croix. La faute, notamment, à une pénurie de don de sperme qui jugule l’avancée des démarches. Dans ce désert de cellules reproductrices, où dénicher le gamète mâle providentiel ? Nos héroïnes de La Graine ont leur petite idée. Suivez les guides !

“Le meilleur sperme de Belgique, ou rien”

C’est une voie semée d’embûches, que ne connaissent que trop bien des milliers de couples français. Inès (Stacy Martin, qui tenait l’un des rôles titre du très sombre Nymphomaniac) et Lucie (l’humoriste Marie Papillon) ne parviennent pas à faire aboutir leur PMA en France. Face à l’impasse – et à l’instar d’une multitude de partenaires engagés dans la démarche -, elles se tournent vers la Belgique, pays pionnier de cette procédure, où elle est autorisée pour tous et toutes depuis 2007. Seulement voilà. L’opération rate une fois, deux fois… Cinq fois.

Des échecs qui minent le moral du duo, et menace de les mettre sur la paille – le coût de chaque tentative pouvant s’élever à plusieurs milliers d’euros, à l’étranger. Pas du genre à baisser les bras, le tandem rempile pour une mission “dernière chance” chez nos voisins belges. Cet élan sera le point de départ d’une Odyssée loufoque, où défile une galerie de personnages hauts en couleurs. Comme ce patron de clinique réduit à couper du sperme avec de l’eau pour pallier la disette de gamètes (François Damiens, who else ?). Ou encore un fils aristocrate menant une vie parallèle d’étrange gourou, à la fois guide spirituel et distributeur miracle de semence (Guillermo Guiz, qui signe ici une nouvelle incursion réjouissante dans le ciné’).

L’une des premières comédie made in France à évoquer la PMA

Catapulté dans une folle course au donneur, notre duo d’infatigables fonce à droite, à gauche. Sans manquer de battre en brèche les stéréotypes homophobes. Ni de dénoncer, à grand renfort de punchlines, une France “retardataire” en matière d’ouverture aux droits LGBTQI+. Cette mise en scène décomplexée – et assez rare, dans le paysage cinématographique national – permet, aussi, d’alerter sur les freins qui enrayent le parcours de la PMA dans l’Hexagone. En 2019 déjà, les délais d’attente entre une ouverture de demande et la première tentative pouvaient aller jusqu’à 2 ans, en fonction des centres.

De sorte qu’en cas d’échecs répétés, certains couples soient contraints d’abandonner leur projet de procréation. Ou d’adopter des chemins de traverse exorbitants en se rendant à l’étranger, où la PMA est devenue le fruit d’un juteux business.

Au total, près de 23 000 demandes de première consultation avaient été recensés fin 2022 en France. Et nombre d’entre elles se heurtent à une situation qui demeure, aujourd’hui encore, intenable pour de nombreux couples. La solution ? L’Agence de la biomédecine encourage, encore et toujours, au don. Une pratique entièrement gratuite, et accessible pour toute personne en bonne santé, âgée de 18 à 44 ans côté hommes et de 18 à 37 ans pour les femmes. À bon entendeur !