Comme on veut toujours plus se cultiver on saute d’expo en expo, parfois sans prendre le temps d’en apprendre plus sur l’artiste qui se cache derrière l’œuvre. Pourtant, quelques infos seulement peuvent suffire à comprendre sa démarche, sa pratique, son regard. Afin d’être paré sur la création contemporaine, le musée du quai Branly et Konbini t’en disent plus sur ceux qui font aujourd’hui de la photographie et de la vidéo leur terrain de jeu. 12 artistes du monde entier, 12 œuvres rarement vues en France. Tout cela, et bien plus encore, sera à découvrir dans l’expo “A toi appartient le regard (…) la liaison infinie entre les choses”, entièrement consacrée à l’image contemporaine. A partir du 30 juin, au quai Branly.














SAMUEL FOSSO
Photographe de studio à l’origine, il a construit son œuvre sur la pratique de l’autoportrait, depuis la fin des années soixante-dix. Loin des selfies égocentriques, il utilise son corps comme médiateur entre l’histoire, le spectateur et l’image. Son œuvre : SIXSIXSIX. Une œuvre monumentale constituée de 666 autoportraits au Polaroïd : qui du spectateur ou de l’artiste regarde l’autre ?
CINTHYA SOTO
Vidéaste et photographe, elle réinterprète les codes de la photo de paysage, s'attelle à décomposer le temps et l’espace. Son œuvre : Paysages (re)trouvés. Au cœur des parcs naturels argentins, elle confronte les images de carte postale au paysage laissé hors champs.
JOSÉ LUIS CUEVAS
Formé au marketing c’est finalement vers la photographie qu’il se dirige. Entre documentaire et fiction, il réinterprète et associe librement par la photo des recherches rigoureuses. Son œuvre : A kind of chronicle desease. Dans cette série composée de portraits, de paysages urbains, industriels ou ruraux, José Luis Cuevas relie la fragilité de l’homme à celle de son environnement dans un Japon post-Fukushima.
SAMMY BALOJI
S’inspirant de ses recherches personnelles, il propose un travail photographique centré à la fois sur la forme et la matière. Il s’interroge sur les représentations passées et leurs traces dans le monde contemporain. Son œuvre : Essay on urban planning. Étude des traces du colonialisme entre photos aériennes de la ville actuelle de Lubumbashi et boîtes d'insectes venant du musée national de Lubumbashi.
DINH Q. LÊ
Fuyant avec sa famille les khmers rouges, il obtient l’asile aux USA. Artiste pluridisciplinaire, il étudie l’imagerie du Vietnam en la superposant avec celle de la guerre du Vietnam. Son œuvre : Crossing the Farther shore. Référence à son statut de réfugié en Thaïlande, les volumes de l’œuvre correspondent à l’intérieur d’une moustiquaire, un espace de refuge. Les photos sont issues d’albums de famille, comme un substitut à son histoire effacée.
GOSETTE LUBONDO
Après une formation en communication visuelle, c’est vers une pratique artistique de la photographie qu’elle se tourne en 2016. Concevant les costumes, organisant les scènes, elle transforme le réel en un espace de contes énigmatiques. Son œuvre : Imaginary trip II. À l’aide du témoignage d’anciens élèves elle construit une fiction onirique dans un lycée désaffecté.
KATIA KAMELI
Ayant grandi entre la France et l’Algérie, elle définit les frontières comme poreuses et se considère elle-même comme une hybride. Son œuvre : Le roman algérien chapitre 1. Depuis 20 ans, un commerçant installe un kiosque d’images de politiques et d'intellectuels algériens. Une œuvre en vidéo comme un témoin des réactions de passants et du rapport à l’image dans la société algérienne.
CARLOS GARAICOA
Artiste pluridisciplinaire, grâce à la photo, la découpe et le dessin il fait cohabiter réalité et fiction. Il a fait des bâtiments inachevés ou en ruine son terrain de jeu pour symboliser le déclin des rêves utopiques. Son œuvre : Frases. Partant d’anciennes photographies de la Havane, il complète ou détourne le sens des enseignes comme un questionnement ironique.
LEK KIATSIRIKAJORN
Après des études à Bangkok et au Royaume Uni, il devient photographe publicitaire avant de retourner à Bangkok après 7 ans d’absence. Il utilise la photo pour retrouver ses repères dans une société changeante. Son œuvre : Lost in paradise. Il y a bientôt 40 ans le gouvernement Thaïlandais ambitionnait d’en faire la 5ème puissance industrielle d’Asie. S’en suit un exode rural laissant les paysans en périphérie des villes, à l’image de leur pays : comme en transition.
JO RACTLIFFE
Ses photographies révèlent les traces des guerres et des violences dans les paysages contemporains par la suggestion. Elle utilise la photographie noir & blanc pour attirer l’attention du spectateur sur le sujet de son œuvre. Son œuvre : The borderlands unmarked grave. Après s’être documentée sur les sites de guerre d’indépendance de l’Angola, elle porte son attention sur des territoires où vivent actuellement des vétérans et des populations déplacées pendant l’apartheid.
GUY TILIM
Photojournaliste à ses débuts, il rejoint en 1986 le collectif Afrapix pour l’abolition de l’apartheid. Ses travaux permettent de documenter les modifications du paysage urbain par rapport aux changements des régimes politiques. Son œuvre : Museum of the revolution. Œuvre représentative de son approche artistique, il documente le changement de nom des artères des capitales fluctuant au rythme des changements politiques.
JOSÉ ALEJANDRO RESTREPO
Il a fait de la vidéo monocanal son moyen d’expérimentation privilégié qui passe par la collecte d’images : de l’iconographie catholique aux journaux télévisés. Son œuvre : Paso del Quindio. Du nom d’un passage particulièrement difficile dans la cordillère des Andes, l’artiste le traverse à plusieurs reprises pour retranscrire dans l’image l’épreuve physique.