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Des favelas aux banlieues parisiennes, Iris Della Roca immortalise les rêves d’enfants

Des favelas aux banlieues parisiennes, Iris Della Roca immortalise les rêves d’enfants

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Par Konbini

Publié le

De Rio à Clichy-sous-Bois, Iris Della Roca a demandé à des enfants de 6 à 15 ans comment ils aimeraient être vus. Résultat : des rois, princesses, stars de cinéma ou patrons miniatures, étonnants de sincérité et de fantaisie.
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Avec Nikon, nous avons choisi quatre photographes dont la philosophie et l’approche créative se démarquent. Au-delà du talent, une bonne idée, une série qui raconte une histoire forte, un projet unique. Premier volet de cette série : Iris Della Roca.
Iris Della Roca est une jeune photographe française d’à peine trente ans. En 2007 elle foule pour la première fois le sol brésilien, qui deviendra son pays d’adoption : «

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Je travaillais dans une association de la favela de Rocinha à Rio. À l’époque, elle n’était pas encore pacifiée. Mais je préférais être là-bas car, malgré tout, tu ne te sens pas en danger. C’est comme un petit village, avec vue sur la mer. Je vivais dans une famille qui m’a très vite adoptée.

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Son rôle : occuper des enfants de 6 à 15 ans qui n‘ont pas cours l’après-midi, les sortir de la rue, casser l’ennui qui peut conduire aux dérives. Pour changer d’air, Iris les emmène à la plage et leur crée des ateliers photo. C’est dans leurs yeux qu’elle découvre la favela, et avec elle, les vieilles idées préconçues qui voudraient que tous les habitants y soient en guenilles, le cachou battant la narine.

Un après-midi, j’ai voulu les emmener au musée. Ils sont tous arrivés endimanchés, avec leur belle chemise, bien parfumés. Ils ne veulent pas du tout que l’image de la favela leur colle à la peau.

De là, nait son premier projet photographique : “Puisque le roi n’est pas humble, que l’humble soit roi“.
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“Comment veux-tu que les gens te voient ?”

C’est la question qu’elle pose aux enfants. Star de cinéma, princesse, patron ou simplement riche héritière (!), tous habillés et accessorisés comme le veut leur idée. Le projet est un simple jeu. « Je les photographiais chez eux, dans leur environnement. Ça reste du déguisement, mais cela reflète vraiment leur personnalité, exagérée ».
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Les photos s’étalent sur plusieurs années, on voit les enfants évoluer et leur rêve avec. Quand vient l’heure d’exposer les clichés, c’est la fierté :

Un gros journal brésilien a fait un article sur nous. Maintenant beaucoup de chose se passent à la favela, mais à l’époque ils n’y auraient jamais mis les pieds, il existait alors une forme de mépris et de désintérêt.

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Mais Iris Della Rocca n’en reste pas là. Quand elle rentre en France, elle remet le couvert avec ses copains de la cité de La Forestière à Clichy-sous-Bois. Là aussi, les enfants de l’association pour laquelle elle travaille sont prêts à graver leur rêve dans le viseur.

La problématique était la même : comment ne pas réduire les gens à leur lieu de vie. Ici ou là-bas, la magie opère à chaque fois. Et dans les deux cas, forcément, c’était les attributs de la richesse qui revenaient. Au Brésil, le patron, à Clichy le prince Qatari.

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Photos d’identité

Iris Della Rocca a trouvé dans la photo un moyen d’aller à la rencontre des sujets qui la touchent. Un en particulier, la construction de l’identité. Fil rouge de ses différents projets qui depuis lors ce sont orientés vers d’autres marginaux du pays : les transsexuels ou les enfants des rues, livrés à eux-mêmes. Ils viennent de favelas éloignées dans la banlieue de Rio, plus dures, pas encore pacifiées. Ils n’ont pas de maison, pas de parents, pas de papiers d’identité. Des enfants SDF qui, de temps en temps, frappent à la porte de l’ONG dans laquelle travaille Iris.
Un déclic pour la photographe qui en tire une nouvelle série de portraits, exposés cette année à Photo Off.

 Ils allaient et venaient, certains revenaient, d’autres plus jamais. L’idée était de révéler leur identité. De marquer enfin leur passage.