À l’occasion de la journée internationale de la femme, placée en 2016 sous le signe de l’égalité des sexes, Steeve Bourdieu, notre sociologue 2.0 s’est posé une question existentielle : à qui revient-il de payer l’addition lors du premier rendez-vous ?
Célébrée pour la première fois en 1911, la Journée Internationale des Femmes revendiquait à l’origine le droit de vote des femmes et un droit au travail.
En 2016, 105 ans plus tard, elle poursuit toujours cette noble ambition d’améliorer la condition féminine, prônant une vraie égalité des sexes avec ce thème : “Planète 50-50 d’ici 2030 : Franchissons le pas pour l’égalité des sexes” et une certaine idée d’émancipation du joug de l’homme.
Pourtant une étude de TNS SOFRES commandée par Meetic a notamment dévoilé deux statistiques :
- Seulement 24% des Français estiment qu’il est normal que la femme paie l’addition.
- Et 2 Femmes françaises sur 3 déclarent préférer que l’homme paie la note (même si elles aiment avoir le choix).
S’il apparaît que certaines coutumes ou modes de pensées subsistent, l’addition en reste pas moins un bon révélateur sociologique: Qui doit payer ? Où placer le curseur entre égalité des sexes et galanterie ?
Le premier rendez-vous amoureux : le dilemme de l’addition…
Prenons Brad et Angelina, deux jeunes tourtereaux qui viennent de matcher tranquillement OKLM sur Meetic en 2016.
Lors de cette première rencontre au restaurant, Brad et Angelina sont les enfants d’un héritage culturel et social fort. Chaque partie prenante a nécessairement à coeur de prouver des choses et de partager ses convictions. C’est tout l’enjeu d’une première rencontre qu’on espère amoureuse.
Que pense Brad ? Influencé par sa grand mère qui lui disait « Brad, il faut être galant avec les femmes », de tout un imaginaire du romantisme hérité des grandes oeuvres littéraires et d’une sociologie passée (où l’homme était le « gagne-pain » de la famille), Brad se positionne sur un projet « gentleman » pour ce premier rendez-vous.
C’est le début d’une entente fusionnelle : au fur et à mesure du repas, Brad et Angelina se découvrent d’ailleurs des passions communes comme le cinéma ou encore l’adoption d’enfants.
Puis vient le moment de l’addition. Et c’est là que le dilemme commence. Car peu importe leurs positions respectives de départ quant à la question « qui doit payer l’addition », l’attitude de l’un (s’il ou elle parle en premier) vient forcément impacter le jugement de l’autre.
Considérons les différentes options qui s’offrent à Brad et Angelina ainsi que les implications possibles.
Les conséquences de l’addition si Brad et Angelina restent fidèles aux traditions
- Si Brad reste attaché à la tradition et propose à Angelina de l’inviter, alors Angelina pourrait se sentir vexée :
- Identiquement, si Brad propose d’inviter Angelina, on en revient à l’analyse de Marcel Mauss : Angelina pourrait l’interpréter comme une volonté sournoise et espiègle « d’acheter un second rendez-vous » et de tremper le biscuit. C’est la fameuse mécanique du dragueur de boite qui propose d’offrir un verre à une fille, dans le but de « lui acheter » un temps d’attention. Même en étant sincère, Brad pourrait ainsi passer pour un sale petit entourloupeur.
- De même, si Angelina ne fait aucun geste pour sortir sa carte bleue au moment de l’addition, Brad pourrait penser qu’Angélina profite du système en ayant choisi le Homard à la truffe. « Azy LA MEUF elle abuse tsais »
Les conséquences de l’addition si Brad et Angelina cassent les traditions
Supposons maintenant que Brad, plein d’audace, décide de bousculer les clichés pour la journée internationale des femmes et propose à Angelina de partager l’addition. Brad commence ainsi à calculer sa quote-part au pro-rata du nombre de bouchées de homard consommées.
Sur le papier, on pourrait y voir une magnifique démonstration de son engagement féministe. Mais dans les faits, c’est pas très classe Brad, c’est pas très classe.
Car même si Angelina comptait payer, le fait que Brad propose lui-même cette option le fera dégringoler du statut de BOGOSSE SUPREME à GROS RADIN. Cela jettera un froid et Angelina ne voudra pas adopter des enfants avec Brad.
Quelle astuce ultime pour le paiement de l’addition ?
Comme vous pouvez le constater, chacune des possibilités mènent à des risques de mauvaise interprétation de la part de votre rencard, et ce, que vous soyez Brad ou Angelina.
En fait le problème vient de cette addition posée en plein milieu de la table à équidistance entre Brad et Angélina qui entraîne des jeux de faux-semblants (« oh t’es sûr que tu veux payer ? », « non ça me gène ») et de show-off (« t’inquiètes bébé c’est pour moi ») et autres gènes massives…
En réalité, Brad ou Angelina, si vous voulez vraiment être un BOGOSSE ou une BELLEGOSSE de l’addition, faut la jouer espiègle.
La vraie solution – développée par le sociologue notoire Steeve Bourdieu – consiste dans l’entourloupe suivante :
Pendant que Brad attendra seul à la table croyant qu’Angelina est aux toilettes, Angelina, telle une gentlewoman sera en fait en train de payer l’addition en secret dans le plus grand des calmes.
Brad découvrira le pot aux roses et sera touché de ce geste délicat. Plein de reconnaissance et déjà amoureux, il décidera d’inviter Angelina pour le 2nd rencard. #astuce
Et ce qui est dingue avec cette stratégie, c’est que, regardez bien, ça marche aussi dans l’autre sens :
Plein de reconnaissance et déjà amoureuse, elle décidera d’inviter Brad pour un 2nd rencard.
Par la suite, Angelina et Brad feront l’amour avec fougue et obtiendront plein de beaux chérubins. Merci Meetic et la Journée Internationale des femmes (et aussi Steeve Bourdieu pour cette astuce exceptionnelle).
Conclusion majeure
Bien évidemment, chacun est libre de faire ce qu’il veut, que l’on soit adepte des traditions ou que l’on n’ait pas envie de se conformer à des rôles prédéfinis. Mais l’astuce du repoudrage de nez et du paiement sournois de la totalité de l’addition est la meilleure, croyez-moi, ça évite bien des angoisses!
En attendant, on n’oublie pas les règles du 1er RDV : générosité, humour, pas de choux de bruxelles et JAMAIS DE « moitié moitié » pour l’addition sauf si le rencard est une catastrophe. #Astuce.