Non, la performance COLORS de Kerchak n’est pas un flop !

Non, la performance COLORS de Kerchak n’est pas un flop !

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Par Yasmine Mady

Publié le

Depuis quand ce n’est plus cool d’essayer de nouvelles choses ?

Kerchak a présenté une nouvelle facette de sa musique lors de son passage au COLORS Show le 2 octobre dernier. Il y a dévoilé un nouveau titre intitulé “Roule un autre”, très expérimental. Une performance inédite dans laquelle il s’essaie à un genre bien loin de la jersey drill avec laquelle il s’est fait un nom. Sur des sonorités définies comme “grimy” par COLORS, Kerchak se joue de la production de 256 Minaj, BRBeats, Lowonstage, Bloody et Drayki. Il ne fait qu’un avec la composition et lui donne un sens nouveau. On assiste à une véritable conversation entre le rappeur de 19 ans et ses producteurs.

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Il prend là un double risque : d’abord celui de sortir de son genre de prédilection, et ensuite celui de proposer des sonorités qui ne ressemblent à rien de ce qui fonctionne actuellement à l’échelle mainstream. Il explique dans son interview pour COLORS qu’il avait envie de montrer à son public qu’il peut faire autre chose que de la jersey et demande aussi à ce dernier de lui faire confiance dans ses nouvelles propositions.

Malheureusement, la performance de Kerchak à COLORS n’a pas eu un accueil chaleureux de la part de tout le monde. De nombreuses critiques assez dures ont afflué sur les réseaux sociaux, telles que : “C’est donc ça le rap français aujourd’hui”, “C’est catastrophique” et autres “flop”… On se souvient d’un vent de haine similaire lors du retour de Shay avec le titre et le clip “DA” en début d’année. Des réactions et critiques houleuses qui, à ce moment, nous avaient déjà fait nous questionner sur la capacité du public français à accueillir le nouveau, spécifiquement quand il s’agit d’une femme, encore plus lorsqu’il s’agit d’une femme qui rappe.

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Il semblerait qu’en France, “prise de risque” soit souvent synonyme de petite sauce sur Internet. La critique du rap est enveloppée dans une mentalité du “c’était mieux avant” qui laisse peu de place à l’innovation et l’expérimentation. Alors ne pas aimer, d’accord, la musique reste un art subjectif et surtout sujet aux goûts et aux couleurs, mais ne pas prendre le temps de comprendre ni de reconnaître la proposition nouvelle d’un artiste, c’est un peu simpliste.

À peine majeur, Kerchak a été l’un des premiers artistes français à s’être essayés à la jersey, s’imposant ainsi comme l’un des représentants de ce genre en France. Aujourd’hui âgé de 19 ans, il continue de repousser ses limites et de forcer ses auditeurs à ne pas s’habituer à l’évidence. Alors oui, ce qui est nouveau n’est pas toujours confortable pour l’oreille, mais c’est exactement pour cette raison qu’il faut la tendre à deux fois. Non pas pour se forcer à aimer, mais pour s’habituer à comprendre et accueillir les nouvelles propositions artistiques qui nous sont données d’expérimenter. Car la musique, c’est aussi ça, une expérience, autant de la part de celui qui crée que de celui qui reçoit la création. D’autant plus qu’on peut ne pas être en accord avec la musicalité d’un·e artiste sans être systématiquement dans la violence et l’aigreur.

Kerchak vient de célébrer son premier disque d’or avec son premier album Confiance à seulement 19 ans et sera, semble-t-il, de retour en novembre prochain avec de nouvelles propositions musicales. Espérons qu’à ce moment, la bienveillance répondra à l’appel et que les experts rap et directeurs artistiques autoproclamés de Twitter tourneront leur langue sept fois dans leur bouche avant de harceler les gens qui essaient de nouvelles choses.

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