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Mais c’est quoi, la rage, ce genre de rap dont tout le monde parle ?

Mais c’est quoi, la rage, ce genre de rap dont tout le monde parle ?

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Par Aurélien Chapuis

Publié le , modifié le

Depuis quelques jours et semaines, le monde du rap français s’excite autour du concept de rage, Zola en tête. On vous explique.

Chaque semaine, Aurélien Chapuis, alias Le Captain Nemo, revient sur l’actualité du rap avec ses coups de cœur, ses découvertes et les enjeux du moment.

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Vous avez sûrement vu Zola parler de son kif pour la rage dans son interview chez Deezer par Narjes Bahhar.

Il en parle notamment suite à son morceau avec Ateyaba “Finish Him” qui reprend ce style de productions :“Y a des cloches, c’est rouge”. Mais en vrai, c’est quoi, ce truc, le rage rap ?

En gros, la rage, c’est le rap qui donne envie de faire des cercles et des pogos. Voilà, c’est le rap qui te file la rage quoi, tu vois rouge, tu veux tout casser, c’est du punk version électronique rap. Dérivé de la trap, ce sous-genre prend sa source chez des rappeurs comme Travis Scott, Lil Uzi Vert et surtout Playboi Carti avec son album Whole Lotta Red en 2020.

En vrai, c’est surtout les productions qui donnent le ton de ce style entre saturation, musique de jeux vidéo et répétitions à l’extrême. Parmi les producteurs influents de la rage, on retrouve Pi’erre Bourne, Maaly Raw et F1lthy. Les projets de Young Nudy, très fouillés en sonorités étranges, peuvent aussi rentrer dans ce schéma.

Chez Yeat, la coqueluche du mouvement rage actuel, notamment sur TikTok, on retrouve surtout les fameuses cloches dont parle Zola. Et aussi beaucoup de saturation et de répétitions. Le but : être hypnotique, quasi en transe, avec des éléments synthétiques aléatoires.

La source du nom, “rage”, peut venir de ce morceau “Miss The Rage” de Trippie Redd et… Playboi Carti justement, encore lui. Ou encore des albums Luv is Rage de Lil Uzi Vert. Niveau rap francophone, des artistes comme Rounhaa ou Bu$hi le font très bien. Est-ce que la rage va envahir le rap français ? On attend que ça.

Le 6 majeur de la rage

Lil Uzi Vert – Just Wanna Rock

Lil Uzi Vert est sûrement l’artiste qui correspond le plus au concept de rage au côté de Playboi Carti. Son dernier hit en est la somme avec un peu de jersey dedans. C’est difficile de vraiment décrire ce morceau, on a l’impression que c’est à la fois une introduction, une montée d’acide, une explosion de joie, un morceau pour danser sur TikTok avec des sonorités futuristes, un exutoire court et intense. Tout ça à la fois.

Rounhaa – Music sounds better to you

L’album Möbius de Rounhaa a beaucoup de tendances rage dedans, plutôt celles douces et atmosphériques, moins dans le pogo. La montée et l’explosion saturée de son plus gros titre sont un bon symbole de ce que peut être la rage en français.

Bu$hi – Link Up

L’autre artiste qui me vient tout de suite en tête est Bu$hi avec ses productions crépitantes et ses phrasés vaporeux. Une belle évolution de la trap avec énormément de propositions musicales.

SoFayGo & Ken Carson – Hell Yeah

Deux autres représentants très intéressants de la rage. SoFayGo est signé chez Travis Scott. Comme par hasard. Et Ken Carson est signé sur le label de Playboi Carti. Comme par hasard. Le résultat sur ce titre et ce clip est tout ce que j’attends de ce concept rage : de l’énergie, de la folie, des expérimentations et de la facilité totale.

Luther – Uet

Luther est aussi un super challenger dans ce délire de rage. Dans son tout dernier EP, le morceau “Uet” signé Amne est un véritable banger du genre. On en redemande.

Destroy Lonely – Nostylist

Autre signature de Playboi Carti, encore une réussite, parcours intéressant et toujours ces petites bombes artisanales bizarres inclassables. Je valide.

Ligne nostalgique

Je réécoute beaucoup Hard to Earn de Gang Starr en ce moment. Je me souviens d’avoir acheté cet album en recherche de Primo après avoir discuté avec DJ Need qui me disait que c’était des albums dont il ne se lasserait jamais. Ça m’a marqué.

Je l’avais acheté 50 francs à la Fnac en 1996-1997 et je me souviens qu’à la première écoute, j’avais trouvé ça “vieux”, genre très breakbeat. J’étais bousillé au Wu-Tang, Mobb Deep, Def Squad et je trouvais la diff énorme. Maintenant, c’est un de mes albums préférés.

C’est marrant, il y a des cloches au début de ce clip, comme chez Yeat. Le rap est un éternel recommencement. Bonne semaine !