Voici l’ovni avec lequel ont été écrits les sous-titres du discours de Macron

Voici l’ovni avec lequel ont été écrits les sous-titres du discours de Macron

Un clavier très "spéciaquiéyeière ér ér ér".

Du discours de Macron, qui s’est tenu devant 22 millions de Français jeudi soir, on a retenu trois choses : la fermeture de tous les établissements scolaires, l’éloge aussi flou qu’inattendu de l’État-providence, et les sous-titres truffés de maladresses (le stress de ouf, probablement) destinés aux malentendants.

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Ce qui a beaucoup fait rire les réseaux sociaux, jusqu’à ce qu’une voix inattendue s’élève au beau milieu des railleries pour remettre les points sur les “i” et déclencher une semi-amnistie pour le sous-titreur :

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Les arroseurs, séchés, découvrirent un nouveau mot : la “vélotypie”, bijou linguistique composé d’un beau préfixe latin (velox, c’est-à-dire rapide) avec une résonance globale délicieusement rétrofuturiste. Une couleur bien loin, très, très loin des IA de reconnaissance vocale surgies du turfu.

Ces vélotypistes professionnels, qui écrivent des discours en direct pour les malentendants, il n’y en aurait qu’une dizaine en France, nous explique @miilaure dans son thread. Macron y a fait appel hier, mais il n’est pas le seul. Les questions au gouvernement, posées à l’Assemblée ou au Sénat, sont elles aussi vélotypées. Dans les faits, n’importe quel discours peut être vélotypé. Une entreprise prestataire en France ressort du lot : Système Risp.

Le clavier utilisé, le vélotype, n’a rien à voir avec les claviers que nous connaissons, beaucoup plus lents. Il s’agit d’une sorte de piano, où l’on tape sur plusieurs touches à la fois, un peu comme on ferait des accords. Ce qui permet de créer instantanément des syllabes. Un logiciel interne s’occupe ensuite de reconnaître les mots et d’harmoniser tout ça. Pour pianoter, il faut faire une formation de deux ans tellement nos repères sont chamboulés.

Même si nous en sommes friands, le néologisme n’a pas été créé par les Français. On le doit le vélotype à des chercheurs hollandais, qui ont inventé cette technologie dans les années 1930 pour que les sténographes puissent écrire plus vite. Si le vélotype a failli mourir avec l’arrivée de l’informatique (et donc la généralisation de la sténographie), les efforts d’accessibilité pour les personnes malentendantes depuis les années 2000 lui ont redonné un gros coup de boost.

Les claviers sont aujourd’hui produits par l’entreprise hollandaise du même nom : Velotype. Leur Rolls Royce, c’est le Velotype PRO Keyboard, vendu 1 500 euros. Il fait peu de bruit, il est robuste (jure-t-on), antidérapage pour les mains moites, et on peut le connecter aux grands OS (Windows, MacOS, Linux, etc.) sans installer de pilote relou.

(© La Rolls Royce de Velotype)

Pour parfaire notre connaissance de ces métiers passionnants, il convient de terminer par un débroussaillage linguistique. Il ne faut pas confondre vélotypie et sténotypie. La première utilise la méthode syllabique, pour sous-titrer en direct, et c’est la plus rapide. La seconde est utilisée pour retranscrire des conférences ou des colloques afin d’en avoir une trace écrite – il faudra au préalable retravailler le texte sténotypé pour avoir un beau document sans fautes.