Violence “vicariante” : quand les enfants sont utilisés dans la violence conjugale

Violence “vicariante” : quand les enfants sont utilisés dans la violence conjugale

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© mrs / Getty Images

Un double infanticide qui a semé l’effroi en Espagne a fait surgir un terme spécifique pour désigner ce type de violences.

Un double infanticide qui a semé l’effroi récemment en Espagne a fait surgir le terme : la violence “vicariante”, pouvant aller jusqu’à l’assassinat, est un type de violence de genre infligée à des enfants pour faire souffrir leur mère.

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“La violence vicariante est une violence machiste doublement sauvage et inhumaine, puisqu’elle cherche à causer de la douleur non seulement à la femme, mais aussi à ses enfants.” C’est avec ces mots que, le 11 juin, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez rendait hommage à Olivia, 6 ans, et sa sœur Anna, un an, toutes deux tuées selon les premiers éléments de l’enquête par leur père, pour infliger une “douleur inhumaine” à leur mère après leur séparation.

Pedro Sanchez regrettait que “certains dans le pays continuent de nier” son existence, alors que son gouvernement de coalition entre socialistes et gauche radicale comme les acteurs associatifs ou les militantes féministes cherchent à imposer l’expression dans le discours général.

“La violence vicariante, c’est la violence qui s’exerce sur les enfants des femmes victimes quand l’agresseur n’a plus de prise sur la vie de la victime. Il a compris qu’il pouvait continuer à lui faire du mal à travers ses enfants”, explique Carmen Ruiz Repullo, sociologue spécialisée dans la violence de genre.

“En lui donnant un nom, on commence à identifier les cas. Quand il n’y a pas de nom pour désigner une situation, bien souvent ça atténue sa portée et on ne met pas en place les outils pour l’éradiquer”, ajoute-t-elle.

Violence machiste

Cette violence “par substitution”, comme la désigne Victoria Rosell, à la tête de la délégation du gouvernement espagnol contre la violence machiste, vise à atteindre “la femme là où ça lui fera le plus mal”.

Dans le cas d’Olivia – retrouvée au fond de l’océan, dans un sac et lestée – et d’Anna, toujours recherchée, il s’agissait bien d’infliger “la douleur la plus grande” à la mère, “en espérant que ne soient jamais retrouvés leurs corps”, analyse Angeles Carmona, présidente de l’Observatoire espagnol contre la violence domestique et de genre.

La mère des deux petites filles a écrit dans une lettre publiée par plusieurs médias espagnols qu’elle espérait que leur mort “n’aura pas été vaine”. “Grâce à elles, on sait ce que veut dire la violence vicariante”, ajoute-t-elle.

En Espagne, 39 mineurs ont été assassinés par leur père ou par les compagnons ou ex-compagnons de leur mère depuis 2013, selon les chiffres du gouvernement. Anna et Olivia ne sont pas encore recensées parmi ces données officielles. Dans des cas exceptionnels, selon les associations, de tels meurtres peuvent être commis par la mère.

En Allemagne, une femme soupçonnée d’avoir tué cinq de ses enfants âgés de 1 à 8 ans est ainsi jugée depuis mi-juin. Selon l’accusation, les faits s’étaient produits quand l’accusée avait appris que son mari dont elle était séparée avait trouvé une nouvelle partenaire.

Konbini news avec AFP