C’est une première. À Eskilstuna, dans l’ouest de la Suède, il faut désormais payer un permis pour pouvoir mendier dans les rues. Valide pour une durée de trois mois, le permis s’élève à 23 euros soit 250 couronnes suédoises. Pour l’obtenir, il est nécessaire de fournir une carte d’identité et de remplir un formulaire disponible en ligne ou dans les commissariats de la ville. La Suède, souvent présentée comme un parfait modèle social et universaliste, a appliqué cette mesure controversée au début du mois d’août. Si une personne vient à mendier sans ce fameux sésame, elle s’expose à une amende de 4 000 couronnes suédoises, soit environ 372 euros.
À voir aussi sur Konbini
Chargement du twitt...
Un système suédois pas si parfait…
Autant dire que cette mesure votée l’an dernier a suscité de vives réactions dans le pays comme le précise Ouest France, relayant une information publiée dans le Gardian. Si les défenseurs de la mesure voient un moyen pérenne d’enrayer la normalisation de la mendicité dans le pays, d’autres craignent une double marginalisation des personnes mendiantes : taxer les plus démunis et les exposer à une plus grande précarité. C’est l’avis de Tomas Lindroos, de l’organisme de charité de Stadsmission, qui pressent un risque d’exploitation, notamment de la part des groupes criminels qui pourraient avancer les permis des plus vulnérables et exiger un remboursement à crédits exponentiels.
Pour Jimmy Jansson, un conseiller social-démocrate suédois, cette mesure est légitime et rentre également en adéquation avec la politique sociale du pays : “Il ne s’agit pas de harceler les personnes vulnérables mais d’essayer de répondre à une plus grande question : savoir si nous pensons que la mendicité devrait être normalisée au sein du modèle social suédois. J’entends beaucoup de critiques à l’égard de toute tentative de réguler la mendicité, mais je ne vois pas la même force, ni la même énergie envers le fait que les gens soient forcés de mendier en premier lieu” a-t-il affirmé dans un entretien au média suédois Aftonbladet.
“Nous verrons où cela mène”, a-t-il ajouté en espérant que cette mesure pourra aider les sans-abri à renouer le contact avec les autorités locales et les services sociaux. À ce jour, seulement huit personnes ont entamé les démarches afin d’obtenir leur permis, tandis que trois ressortissants européens aperçus en train de mendier ont été informés par la police de la nouvelle loi en vigueur. Il est à noter que depuis trois mois, plusieurs villes suédoises ont fait le choix de tout simplement interdire la mendicité dans les rues…
Rokia DOSSO