C’est le ministre de l’Éducation, Ziya Selçuk, qui a annoncé le chiffre la semaine passée. Plus de 300 000 livres ont été retirés des écoles et des bibliothèques et détruits. Selon le quotidien The Guardian, c’est une manière officielle de marquer une rupture totale avec le prédicateur Fethullah Gülen, accusé d’avoir organisé la tentative de coup d’État trois ans plus tôt contre le chef d’État turc. Une accusation que l’opposant du président, exilé au États-Unis depuis, a pourtant toujours niée.
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Depuis, le président turc a entamé ce que de nombreux observateurs identifient comme une “purge”. Pourtant, le prédicateur fondateur du mouvement Hizmet avait d’abord été un allié d’Erdogan. Mais l’actuel président de la Turquie l’accuse d’avoir créé un “État parallèle” en réalité destiné à le renverser.
Ce n’est pas la première fois que Recep Tayyip Erdoğan emploie de telles manières pour censurer la politique de son ennemi. En décembre 2016, le journal turc BirGün avait indiqué que 1,8 million de manuels avaient été retirés et réimprimés parce qu’ils contenaient le mot “Pennsylanie”, État* où Fethullah Gülen vit actuellement. La même année, un autre livre avait également été détruit simplement parce que les initiales du prédicateur avaient été relevées au sein d’une phrase présente dans une consigne d’un exercice de mathématiques “du point F au point G”.
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Pour beaucoup d’associations, ces multiples actions vont au-delà de la simple destruction de manuels scolaires. Ce sont toutes les maisons d’édition qui sont touchées, ainsi que la liberté intellectuelle.
Pen International, une association internationale d’écrivains, a fait cette déclaration : “En trois ans à peine, le paysage éditorial turc a été pratiquement décimé, avec la fermeture de plus d’un quart des maisons d’édition pour ‘diffusion de propagande terroriste’.” Dans l’année suivant, durant la tentative de coup d’État, l’association révèle dans une étude datant de 2018 que “200 médias ont dû mettre la clé sous la porte, 80 journalistes ont fait l’objet d’enquêtes et de poursuites et 5 822 universitaires ont été bannis de 118 universités publiques”.
*Edit du 9 août à 13h32 : le mot “ville” a été corrigé par “État”.