“Wesh, quel bail, chacal ? Ne me dis pas que tu commences à avoir un crush sur elle. De toute façon, ce n’est pas possible, lol, t’es hétéro.” Tous les jours, je me persuadais que je n’aimais pas cette fille, et que mes sentiments envers elle n’étaient que de l’amitié. Mais mon attirance pour elle était trop forte. Il était donc temps d’arrêter cette phase de déni. C’était en cinquième, je devais avoir 12-13 ans.
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C’était une fille de ma classe avec qui je m’entendais très bien. Elle et moi étions devenues de très bonnes amies dès notre première rencontre. Plus les jours passaient, plus l’envie d’être avec elle grandissait. Avant de tout lui avouer, je voulais en parler avec ma tante. Je savais bien qu’elle n’allait pas sauter de joie face à ces aveux. Elle a remis en question mon orientation, à me dire que ce n’était qu’une phase, que tout le monde passait par là. Malgré ses remarques, j’étais quand même prête à avouer à cette fille ce que je ressentais.
À ma grande surprise, c’était réciproque.
“Du coup, ça va être plus simple pour toi de trouver quelqu’un”
La plupart de mes ami·e·s étaient au courant du fait que je ne sois pas hétéro, et l’ont plutôt bien pris. Mais ils et elles ont commencé à faire des remarques “clichés”, du genre : “Du coup, ça va être plus simple pour toi de trouver quelqu’un” ; “Ptdr, tu vas la tromper facilement !”, etc.
Les remarques que m’avait faites ma tante ont refait surface et des millions de questions sur moi-même sont apparues. Résultat, rien ne s’est passé entre elle et moi, parce que j’avais peur et que je me disais que j’étais trop jeune pour savoir. Au final, peut-être que ma tante avait raison. La fille a finalement assez bien réagi. À cause de ça, j’ai eu beaucoup de mal à en parler avec un membre de ma famille.
Cette année, j’ai finalement décidé de le dire à mes parents, parce que la pression devenait trop grande. Et le fait que ma mère me pose toujours la fameuse question : “Alors, avec les garçons comment ça se passe ?”, ça m’énervait.
J’évite d’en parler parce que ça installe des blancs
Lorsque je leur ai avoué mon orientation sexuelle, j’avais assez peur de leur réaction. Mais finalement, ça s’est assez bien passé. Disons que ma mère était contente pour moi et que ça ne changeait rien. Cependant, mon père a eu la même réaction que ma tante.
On a été en froid pendant un petit moment, mais rien de dramatique. Maintenant, j’évite d’en parler parce que ça installe des blancs. Mais bon, au moins, mes parents le savent. Je suis comme ça, et voilà.
Marie, 16 ans, lycéenne, Paris
Ce témoignage provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la zone d’expression prioritaire), un média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans, qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concerne.