Les détenus membres de bandes criminelles rivales sont désormais regroupés dans les mêmes cellules des prisons du Salvador : une décision à haut risque qui pourrait provoquer des mutineries et des assassinats dans les centres de détention surpeuplés du pays, selon des défenseurs des droits de l’Homme.
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Les autorités ont annoncé dimanche dernier qu’elles mettaient fin à la politique carcérale en vigueur depuis 2002 qui consistait à emprisonner séparément les membres des terribles “maras” rivales.
Cette décision intervient alors que ces gangs ont repris de plus belle ces derniers jours leurs activités criminelles, mises jusque-là en veilleuse en raison des mesures de confinement ordonnées pour contenir la propagation de l’épidémie de Covid-19.
“Les cellules séparées pour les détenus d’un même gang dans les centres de détention, c’est terminé”, a annoncé dimanche sur son compte Twitter Osiris Luna, le vice-ministre de la Justice, en charge de l’administration pénitentiaire.
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Consulté par l’AFP, le ministère a refusé d’indiquer quel est l’objectif de cette décision. “L’unification des gangs [dans les cellules] […] fait courir un risque absolu de mutineries ou d’assassinats sélectifs ou collectifs” dans les prisons, a averti Miguel Montenegro, coordinateur de l’ONG Commission des droits de l’Homme au Salvador (CDHES).
C’est “une bombe à retardement” qui peut “exploser” à tout moment, s’est alarmé Miguel Montenegro en faisant porter d’avance sur le gouvernement la responsabilité des conséquences éventuelles.
Pour illustrer la mise en œuvre de sa décision, le vice-ministre n’a pas hésité à publier sur les réseaux sociaux des photos de détenus des puissantes bandes rivales Mara Salvatrucha et Barrio 18 rassemblés pendant 24 heures, le temps que des travaux et opérations de police soient menés dans les cellules pour les sécuriser. Des panneaux ont notamment été installés sur les portes et les fenêtres de sorte que la lumière du jour n’y passe plus et que les détenus soient dans le noir.
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Prison d’Izalco. Photo rendue publique le 25 avril 2020 par le service de presse de la présidence du Salvador. (© AFP PHOTO / EL SALVADOR’S PRESIDENCY PRESS OFFICE)
Prison d’Izalco. Photo rendue publique le 25 avril 2020 par le service de presse de la Présidence du Salvador. (© AFP PHOTO / EL SALVADOR’S PRESIDENCY PRESS OFFICE)
Prison d’Izalco. Photo rendue publique le 25 avril 2020 par le service de presse de la Présidence du Salvador. (© AFP PHOTO / EL SALVADOR’S PRESIDENCY PRESS OFFICE)
Prison d’Izalco. Photo rendue publique le 25 avril 2020 par le service de presse de la Présidence du Salvador. (© AFP PHOTO / EL SALVADOR’S PRESIDENCY PRESS OFFICE)
Vague d’assassinats
Face aux critiques de violations des droits humains, Osiris Luna persiste et signe. Le 28 avril, celui-ci arguait :
“Nous ne violons les droits humains de personne, les gangs violent les droits humains de six millions de Salvadoriens et nous allons nous occuper de ces groupes criminels qui veulent les intimider.”
Cette décision intervient après que les autorités ont signalé que les gangs avaient tué 22 personnes vendredi, 12 samedi et encore cinq dimanche. Cette vague d’assassinats rompt avec le coup de frein constaté dernièrement à la faveur des mesures de confinement.
“Les maras profitent de ce que presque toutes nos forces de sécurité sont occupées à contrôler la pandémie”, s’est indigné dimanche sur Twitter le président salvadorien Nayib Bukele.
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La veille, il avait déclaré l’état d’urgence dans les centres pénitentiaires dans le but d’éviter que les détenus ne puissent faire passer à leurs troupes à l’extérieur des ordres de commettre des crimes.
Plus de 17 000 membres des maras sont emprisonnées au Salvador, sur un effectif total estimé à 70 000 gangsters qui se livrent surtout au racket et au trafic de drogue.
Le Salvador, qui compte 6,6 millions d’habitants, est au monde l’un des pays les plus dangereux, hors zones de conflit armé, avec une moyenne en 2019 de 35,6 meurtres pour 100 000 habitants. La majorité de ces homicides sont imputés aux maras.