Réforme de l’école, RSA, écologie… à quoi s’attendre après la réélection d’Emmanuel Macron ?

Réforme de l’école, RSA, écologie… à quoi s’attendre après la réélection d’Emmanuel Macron ?

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Emmanuel Macron © Frederic Petry / Hans Lucas

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Par Astrid Van Laer

Publié le , modifié le

C’est bien beau de parler de Gérard Majax et de coups de grisou, mais concrètement, à quoi faut-il s’attendre ?

Passage en revue des principales mesures prévues par Emmanuel Macron dans son programme.

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La réforme des retraites

L’un des chantiers majeurs auquel il faut vraisemblablement s’attendre, malgré le fait qu’il ait déjà été repoussé à plusieurs reprises, est écrit noir sur blanc dans le programme du chef de l’État, sous la mention “travailler plus longtemps” : il s’agit du “relèvement progressif de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans”, chantier qu’il a annoncé vouloir lancer dès l’été 2022.

Au regard de l’opposition très marquée des syndicats de travailleurs à cette mesure controversée, il avait indiqué avant sa réélection prévoir de lancer rapidement une “conférence sociale” à ce sujet afin de concerter les partenaires sociaux, qui devrait par conséquent bientôt avoir lieu.

Emmanuel Macron souhaite en parallèle “augmenter la pension minimale à taux plein à 1 100 euros par mois”. On peut également s’attendre à une suppression des principaux régimes spéciaux – il cite notamment la RATP et EDF – pour les nouveaux entrants. Une réforme qui devrait sans doute rencontrer de fortes oppositions et ainsi occasionner de nombreuses et massives mobilisations.

Autre mesure à noter concernant le travail : le programme du président inclut de “pouvoir travailler plus à certains moments et moins à d’autres”, avec la création d’un “compte épargne-temps universel”, qu’il explique : “Pour monétiser ses RTT, jours de congé ou bien les mettre de côté et choisir, plus tard dans la vie, d’avoir plus de temps pour soi et ses proches.”

Le chantier de l’école

Autre “chantier” annoncé par Emmanuel Macron dans son programme : celui de l’école, qui prendra la forme d’une “conférence des parties prenantes, déclinée sur tout le territoire”. Les objectifs affichés sont entre autres de “former mieux” et de “donner les mêmes chances à tous”. Il promet également de “mieux reconnaître les enseignants”, ce que ces derniers demandent en vain depuis plusieurs années.

Sauf qu’il semblerait que ce soit loin d’être une reconnaissance sans conditions. En effet, il évoque un “pacte avec, pour ceux qui l’acceptent, de nouvelles missions et des rémunérations augmentées en conséquence”, sans plus de détails.

Parmi les mesures plus spécifiques qu’on peut relever et qui devraient directement concerner les élèves, il a d’ores et déjà indiqué qu’il voulait augmenter le nombre d’heures réservées au sport, ainsi qu’au français et aux mathématiques, particulièrement en primaire et en sixième. En outre, souhaitant faire du lycée professionnel “une voie d’excellence”, écrivait-il, il a expliqué : “Les périodes passées en stage en entreprise augmenteront de 50 %, et les jeunes seront rémunérés.”

L’attribution du RSA

Élément important pour de nombreux bénéficiaires de cette allocation : la modification des conditions d’attribution du revenu de solidarité active (RSA). Emmanuel Macron avait prévenu : en cas de réélection, il souhaite les réformer.

S’il parvient à faire voter cette mesure, le RSA serait donc bientôt “conditionné à une activité effective qui permet l’insertion”. Son programme stipule également un durcissement du système : “L’assurance chômage [sera] plus stricte quand trop d’emplois sont non pourvus, plus généreuse quand le chômage est élevé.”

Plus globalement, après le prélèvement à la source, le versement à la source pourrait voir le jour avec une distribution des aides qui devrait être automatisée. Seront concernées les APL, le RSA, la prime d’activité et les allocations familiales. L’objectif affiché par Emmanuel Macron, “éviter la fraude” et, dit-il, “le non-recours”.

Volte-face sur l’AAH

Annonce importante, qui ne figurait celle-ci pas dans son programme : la déconjugalisation de l’allocation adulte handicapé (AAH), un minimum social prévu pour compenser une incapacité de travailler, à l’heure actuelle calculé en fonction des revenus du conjoint de la personne handicapée.

Interrogé par Lucie Carrasco, créatrice de mode atteinte de handicap, à l’occasion d’une interview en partenariat avec Franceinfo durant l’entre-deux-tours, Emmanuel Macron en campagne, dont le gouvernement s’est pourtant toujours opposé à l’individualisation de cette aide, semble finalement avoir changé d’avis.

Si cette situation est décriée depuis de nombreux mois, voire années, par les principaux concernés, la majorité parlementaire avait rejeté le texte prévu pour mettre un terme à cela. Elle a même été accusée par Aurélien Pradié, député les Républicains de la première circonscription du Lot à l’origine de cette proposition de loi, de “sabotage”.

“On doit bouger sur ce point”, a toutefois déclaré le président en campagne face à la jeune femme. “Ce qui est vrai, c’est que ça crée une situation aberrante pour les personnes en situation de handicap, donc on va le bouger”, s’est-il alors engagé, faisant volte-face. S’il tient cette promesse, un projet de loi est donc attendu dans les cinq prochaines années.

@konbini Emmanuel Macron répond à Lucie Carrasco sur la deconjugalisation de l'allocation aux adultes handicapés (AAH). #presidentielle2022 #debat #konbini ♬ original sound - Konbini

Quid de l’écologie ?

L’une des urgences à laquelle la France va devoir continuer à faire face durant le quinquennat à venir réside sans hésiter dans la transition climatique. Or, s’il avait assuré à Marseille que la politique qu’il comptait mener “dans les cinq ans à venir sera[it] écologique ou ne sera[it] pas” et s’il a promis dans son discours de victoire après le second tour dimanche dernier que son projet était de “faire de la France une grande nation écologique”, les associations concernées pointent du doigt un programme décevant, avec des ambitions bien en dessous des attentes qu’elles formulent.

On peut relever les mesures suivantes : investir pour “devenir le leader de l’hydrogène vert”, poursuivre la construction des six premières centrales nucléaires nouvelle génération, implanter cinquante parcs éoliens en mer, développer les filières industrielles françaises de recyclage pour “réduire massivement les exportations de déchets” ou planter 140 millions d’arbres d’ici à 2030. Pour Greenpeace, le programme d’Emmanuel Macron en matière d’écologie est “conforme à son bilan”, c’est-à-dire “extrêmement faible”.

Et durant la campagne d’entre-deux-tours, la tentative de séduction des électeurs de Jean-Luc Mélenchon ayant sûrement joué, il a annoncé que son prochain ou sa prochaine chef(fe) du gouvernement serait “directement chargé de la planification écologique”.

Grande cause, mais grande absente

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Enfin, à noter qu’après une lecture du programme d’Emmanuel Macron comparable à celle ci-dessus, on ne trouve aucune mesure phare concernant la lutte contre les violences faites aux femmes, pourtant “grande cause” de son quinquennat précédent, si ce n’est la mise en œuvre du “doublement de la présence des forces de l’ordre dans les transports aux moments critiques et le triplement de l’amende contre le harcèlement de rue, pour la sécurité des femmes”, unique mention à ce fléau dans son programme.

Mais il convient de rappeler que, pour que ce programme et les mesures qu’il contient soient appliqués, encore faudrait-il que le chef de l’État obtienne la majorité parlementaire en juin prochain, ce qui est pour l’instant loin d’être joué. Et pour cause : de nombreux électeurs du président au second tour, acquis à Jean-Luc Mélenchon, n’ont en réalité pas voté pour Emmanuel Macron, mais bien contre Marine Le Pen, et voient dans les élections législatives de juin l’opportunité d’un “troisième tour”. De la même manière que les partisans du Rassemblement national ont été invités par sa présidente, qui espère elle aussi gagner la majorité à l’Assemblée, à rejoindre cette “grande bataille électorale”.

Cohabitera ? Cohabitera pas ? Appliquera ou pas son programme ? Rendez-vous les 12 et 19 juin prochains.

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