Pourquoi a-t-on supprimé la vidéo de l’artiste Hildegarde de nos plateformes ?

Pourquoi a-t-on supprimé la vidéo de l’artiste Hildegarde de nos plateformes ?

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Par Konbini

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Suite à une vague de cyberharcèlement très violente, nous avons pris la décision avec Hildegarde de supprimer le reportage qui lui était consacré.

La vidéo de Hildegarde, artiste performeu·r·euse que nous avons suivi·e pour Konbini News, fait l’objet depuis sa publication d’un nombre exponentiel de commentaires haineux qui n’ont pas leur place sur nos réseaux sociaux. Après avoir échangé avec Hildegarde et le collectif Féministes contre le cyberharcèlement, nous avons pris la décision, pour protéger Hildegarde, de supprimer ce reportage que nous aimions pourtant beaucoup.

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Nous rappelons ici en préambule que le cyberharcèlement est puni par la loi, et que quelqu’un qui participe à un harcèlement en ligne risque 2 ans de prison et 30 000 euros d’amende.

Si nous avons suivi Hildegarde, c’est parce que nous avons à cœur chez Konbini de porter des voix qu’on entend peu ailleurs, surtout quand elles sont accompagnées par une démarche artistique qui mettent en perspective des interrogations contemporaines.

Ces questions que soulève Hildegarde sur le présent et l’avenir de l’espèce humaine – questions que nous nous posons absolument tou·te·s à des degrés divers – nous intéressent parce qu’ils racontent aussi le monde dans lequel nous vivons : un monde compliqué où le futur est incertain et où nous sommes nombreu·x·ses à chercher de nouveaux repères. 

Nous avons des outils et des moyens pour modérer les vagues haineuses quand elles se produisent : l’outil Bodyguard qui permet d’automatiquement supprimer des commentaires était bien en place et toute notre équipe de diffusion est sur le pont depuis dimanche soir pour modérer les commentaires. Devant l’ampleur que prenait la vidéo, nous avons supprimé la possibilité de commenter partout où cela était possible. Notre journaliste est également resté en contact avec Hildegarde et c’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons rapidement modifié le titre de la vidéo : le premier titre simplifiait trop le propos d’Hildegarde, qui dit dans la vidéo “dans ma représentation publique, je ressemble souvent à un elfe”, mais sans pour autant revendiquer cette identité.

Cependant, l’ampleur du cyberharcèlement subi par Hildegarde – qui est notamment le fruit de raids lancés par des comptes coutumiers du fait – a rendu le quotidien de notre témoin invivable et les différentes stratégies que nous avons mises en place ne suffisent absolument pas à la/le protéger.

Nous prenons notre part de responsabilité dans la suppression de cette vidéo, qui doit nous interroger, en tant que rédaction, sur nos pratiques en termes de diffusion et de modération.

Sur les réseaux, les débats sont de plus en plus polarisés et ultra-violents pour les personnes qui les incarnent, et nous continuons de nous demander comment les partager avec le plus grand nombre, sans invisibiliser ni silencier ceux et celles qui les portent.

Cependant, nous continuerons à porter des voix uniques qui provoquent des remises en questions et font bouger nos certitudes.