Passy, ce super chien (héros) renifleur de diabète, soulage la vie d’une adolescente

Passy, ce super chien (héros) renifleur de diabète, soulage la vie d’une adolescente

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© Delphine Bau

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Par Lisa Drian

Publié le

En plus de prévenir les crises de la jeune Thaïs, 13 ans, le labrador a un effet positif sur toute la famille.

21 septembre 2017. C’est la douche froide pour la famille Bau, installée à Saint-Leu-la-Forêt, dans le Val-d’Oise. “Quand on est arrivés à l’hôpital et que [les médecins] ont commencé à faire des tests et les premiers examens, ça a été la panique générale. Ils ont pris ma fille, ils l’ont amenée en réa’ alors qu’elle avait l’air d’aller très bien. Ils m’ont dit que c’était grave, qu’elle aurait pu faire un coma. Et ils m’ont annoncé qu’on partait pour trois semaines d’hospitalisation”, se souvient Delphine, la mère de Thaïs.

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Le verdict tombe : à 9 ans, Thaïs souffre de diabète de type 1. En 2019, seuls 15 enfants sur 100 000 sont atteints de cette maladie rappelle la Fédération française des diabétiques. Chez ces diabétiques, le pancréas n’est plus fonctionnel.

“J’ai perdu mon statut de maman et je suis devenue infirmière”

“J’ai d’abord pensé que c’était un diabète provisoire. Malheureusement, c’est à vie. Ça a été très compliqué à digérer. Depuis ce jour-là, j’ai perdu mon statut de maman et je suis devenue infirmière”, explique Delphine.

S’enchaînent alors depuis la maladie, les crises d’hyper ou d’hypoglycémie et tous les symptômes qui s’ensuivent : étourdissements, maux de tête, sueurs froides, fatigue, vertiges… Mais aussi la peur du coma diabétique, les nuits où il est impossible de fermer l’œil pour s’assurer que tout va bien. Il s’agit donc de vivre avec cette maladie qui fait “qu’aucun jour ne se ressemble” confie la mère de l’adolescente sur leur page Facebook.

Un chien d’accompagnement pour apaiser le quotidien

Mais depuis un mois presque jour pour jour, le quotidien dans la maison familiale a changé. Il y règne une atmosphère plus paisible et une certaine sérénité s’est installée suite à l’arrivée d’un cinquième membre dans la famille. Il ne s’agit pas d’un nouvel enfant mais bien d’un chien. Passy, un jeune labrador couleur sable, est une véritable bouffée d’oxygène dans la maladie, autant pour Thaïs que pour Delphine.

© Delphine Bau

Lorsqu’une crise survient, elle ne prévient pas. Le taux de glycémie monte ou descend alors en flèche. Thaïs ne s’en rend compte qu’une fois les symptômes apparus. Mais grâce à Passy, l’adolescente peut désormais les anticiper : “Avant, c’était compliqué. Aujourd’hui, je fais beaucoup moins d’hyperglycémies, elle m’alerte avant la crise”, raconte la jeune fille au téléphone.

Pour la prévenir, l’animal regarde sa jeune maîtresse avec insistance puis la “poke” sur la jambe ; elle lui donne des coups de museau pour lui signaler que quelque chose ne va pas. Thaïs peut contrôler sa glycémie à l’aide d’un capteur et agir en conséquence en s’administrant la dose d’insuline nécessaire ou en prenant du sucre lorsque son taux de glycémie est trop bas. Passy est capable de détecter les crises 15 à 20 minutes avant qu’elles ne surviennent.

Lorsque Thaïs décrit la relation qu’elle entretient avec sa chienne, elle répond du tac au tac : “Fusionnelle. C’est plus qu’un animal, c’est un membre de la famille”. L’arrivée de l’animal a totalement chamboulé le quotidien à la maison. Mais pour Delphine aucun doute, Passy est la première chose positive qui [leur] arrive, depuis qu’on sait que Thaïs est diabétique”.

Passy, l’ange gardien de la famille

Dans cette vidéo, Thaïs fait semblant de ne pas prêter attention à la chienne, qui la regarde avec insistance, pour la stimuler. Passy va finalement donner des coups de museau à sa maîtresse pour lui indiquer que son taux de glycémie varie. La stimulation est primordiale, si la récompense arrive trop tôt, le chien ne réagira plus.

“Un diabétique émet une odeur que nous ne pouvons pas sentir mais que le chien sent lorsque le taux de glycémie change. Elle sait que dès qu’elle sent cette odeur-là, il faut qu’elle alerte. Dès qu’elle fait quelque chose de bien, elle sait qu’elle va avoir une croquette. C’est ce qu’on appelle l’éducation positive”, décrit Delphine.

Si jamais Thaïs ne répond pas aux coups de museau de sa chienne, soit la nuit ou parce que sa crise est trop avancée, la chienne sait, si elle n’obtient pas de récompense, qu’elle doit appuyer sur un bouton à hauteur de museau dans la chambre de la jeune fille. Le bouton lance alors une alerte dans la chambre des parents. 

Delphine a une confiance aveugle envers l’animal : “Dès le premier matin, elle a prévenu Thaïs avant sa crise. On s’est dit que c’était bluffant.” Et comme si elle avait une deuxième fille, Delphine vient le soir souhaiter bonne nuit à celle que la famille appelle “son ange gardien” : “Tous les soirs, je dis à Passy que je suis contente qu’elle soit là et qu’elle veille sur Thaïs.”

Un long processus d’apprentissage

C’est en tombant sur un reportage à la télévision en avril 2018 que la famille prend connaissance d’Acadia, la seule association qui éduque des chiens renifleurs de diabète en France. C’est la société Triangle Solutions RH, partenaire d’Acadia, qui a parrainé la formation de la chienne. Cette année, l’association a permis à dix familles de bénéficier d’un chien d’accompagnement. Un chien met en moyenne 6 à 8 mois avant d’être éduqué et de répondre aux ordres spécifiques au diabète. Sa formation coûte entre 20 000 et 25 000 euros.

“Le chien d’assistance apprend une trentaine de commandes simples comme ‘assis’ ou ‘debout’, et une dizaine d’autres autour du diabète. Quand on lui dit ‘check’, elle sait qu’elle doit sentir et qu’il se passe quelque chose. Elle a été dressée pour aller récupérer la trousse médicale de Thaïs quand on lui dit de le faire. Elle peut aussi aller chercher de l’aide”, détaille Delphine.

© Delphine Bau

La famille Bau a suivi une formation de dix jours avant de repartir avec Passy. Le processus d’admission du chien au sein de la famille a duré de longs mois, presque un an d’attente au total. Mais il a fallu une condition : que le feeling soit au rendez-vous entre l’animal et sa maîtresse.

Les dix jours de formation avec la chienne n’ont pas été faciles. Entre doutes, pleurs et moments de joie, la chienne a passé les exercices haut la patte et voilà maintenant un mois que cette jeune Passy “au top” comble la famille et tente chaque jour de rendre moins pénible la maladie.

© Delphine Bau