Mois des fiertés : Paris inaugure 4 noms de rues à la mémoire des LGBTQ+

Mois des fiertés : Paris inaugure 4 noms de rues à la mémoire des LGBTQ+

De Harvey Milk aux émeutes de Stonewall, des figures et moments clés de l'histoire LGBTQ+ sont à l'honneur.

Paris va résolument se parer des couleurs de l’arc-en-ciel en ce mois de juin, mois des fiertés LGBTQ+. À quelques jours de la Marche des fiertés, qui se tiendra le 29 juin, quatre places et rues viennent d’être renommées en l’honneur de personnages ou de moments clés de l’histoire des personnes gays et trans.

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Une plaque commémorative en hommage à Gilbert Baker, créateur du fameux drapeau LGBTQ+, a également été installée. Entourée de drag queens et de performeurs, Anne Hidalgo, la maire de Paris, a réaffirmé son soutien à la communauté LGBTQ+. Pour la seconde année, la ville de Paris aura même droit à son propre char lors de la Pride, pour crier haut et fort : “Filiation, PMA : marre des lois a minima !”

Place Harvey Milk

Harvey Milk a marqué l’histoire politique comme personne. Personnage incontournable du Castro (le quartier gay de San Francisco), il était une figure d’insoumission à une époque où l’homosexualité était encore considérée comme un vice aux États-Unis. Harvey Milk est le premier homme politique ouvertement gay à avoir été élu “city supervisor”, en 1977.

Ses campagnes théâtrales et ses discours enflammés lui ont valu une popularité hors-norme pour un homme gay dans une Amérique ultra-réactionnaire. Populaire auprès de ses électeurs, mais haï par ses confrères de la classe politique, Milk le progressiste sera assassiné par Dan White en 1978, l’un de ses opposants. White ne passera que cinq ans derrière les barreaux et se suicidera en 1983.

Gus Van Sant a adapté cette histoire en film, en 2008 – Sean Penn a d’ailleurs remporté l’oscar du meilleur acteur pour son interprétation de Harvey Milk.

Place Ovida Delect

Ovida Delect était une poétesse transgenre, écrivaine, résistante et déportée française. Après avoir été assignée au genre masculin à la naissance, elle crée sous l’Occupation un groupe de résistance avec quelques jeunes de son âge, alors qu’elle était encore adolescente. L’écrivaine infiltra les Jeunesses nationales populaires pour espionner et saboter cette organisation de l’intérieur.

Ces actions lui valurent d’être arrêtée et torturée par la Gestapo, puis déportée en Allemagne. Ce n’est qu’à 55 ans, alors qu’elle est à la retraite, qu’elle fait sa transition sociale et choisit comme nom celui qu’elle utilise pour ses écrits depuis 1975 : Olivia Ovida Delect. Elle décède en 1996.

Rue Pierre Seel

Pierre Seel est connu pour être la seule personnalité homosexuelle à avoir témoigné à visage découvert de sa déportation durant la Seconde Guerre mondiale. Tout commence en 1940, lorsque Pierre Seel se fait voler sa montre dans un parc de Mulhouse réputé pour être un lieu de rencontre gay. Seel s’en va porter plainte au commissariat, mais son nom est fiché à son insu. Il se fait alors convoquer par la Gestapo.

Le 3 mai 1941, il est interrogé, enfermé, torturé et violé avant d’être déporté dans le camp de sûreté et de redressement de Schirmeck-Vorbruck. Il est libéré en novembre 1941, à l’âge de 18 ans. Mais ce n’est qu’à la fin des années 1970 que Pierre Seel témoignera enfin de l’enfer qu’il a vécu et des raisons pour lesquelles il a été incarcéré. Il s’éteint en 2005, après des années de militantisme.

Place des Émeutes de Stonewall

Sûrement le nom le plus important dans l’histoire des droits et de la reconnaissance de la communauté LGBTQ+. Cette année marque d’ailleurs les 50 ans des émeutes de Stonewall, ce qui rend particulier ce mois de la fierté queer. Dans la nuit du 27 au 28 juin 1969, des policiers font un raid dans le bar gay du Stonewall Inn, dans le quartier de Greenwich Village, à New York.

Ce genre de descentes violentes de la police sont alors légion dans cette Amérique homophobe. Cette nuit sera celle de trop pour la clientèle du Stonewall Inn : les personnes gays, lesbiennes, bi et trans se révoltent, ce qui donne lieu à de violents affrontements.

La légende veut que ce soient des femmes transgenres de couleur (comme Marsha P. Johnson, devenue icône de la lutte) qui aient lancé la première bouteille sur les policiers. L’affrontement se poursuit toute la nuit et des unités spéciales de la police sont envoyées sur place, mais elles n’arrivent pas à disperser la foule. Les hostilités dureront cinq jours. Un épisode décisif.

Article écrit par Matthieu Bobard Deliere.