Le Premier ministre libanais, Hassan Diab, a annoncé ce lundi soir la démission de son gouvernement.
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Fragilisé par le départ de plusieurs membres du gouvernement après l’explosion meurtrière du port de Beyrouth, Hassan Diab, à la tête du gouvernement depuis près de sept mois, a rendu la classe politique traditionnelle responsable de ses échecs, fustigeant la “corruption” ayant conduit à “ce séisme qui frappé le pays“.
Cette annonce succède à une réunion du gouvernement, cet après-midi, au cours de laquelle “la plupart des ministres étaient en faveur d’une démission” du cabinet, a déclaré à l’AFP Vartiné Ohanian, ministre de la Jeunesse et des Sports.
Conséquence de l’explosion de Beyrouth
Depuis dimanche et face aux protestations d’une population éreintée, quatre ministres ont déjà présenté leur démission : celui des Finances, Ghazi Wazni, celle de la Justice, Marie-Claude Najm, celle de l’Information, Manal Abdel Samad et celui de l’Environnement, Damianos Kattar.
Le cabinet de Hassan Diab avait été formé en janvier après la démission de celui de Saad Hariri, sous la pression d’un mouvement de contestation populaire inédit.
Samedi, M. Diab avait indiqué qu’il était prêt à rester dans ses fonctions pendant deux mois, jusqu’à l’organisation d’élections anticipées.
Lors des manifestations samedi et dimanche, réprimées par les forces de sécurité, les protestataires ont appelé à la “vengeance” et réclamé des comptes à la classe politique. “Tous veut dire tous”, ont clamé ces deux derniers jours les manifestants, appelant au départ de tous les dirigeants.
Une enquête internationale rejetée
La déflagration gigantesque qui a fait au moins 160 morts, plus de 6 000 blessés et détruit une partie de Beyrouth le 4 août, était la catastrophe de plus dans un pays mis à genoux par une crise économique inédite, aggravée par l’épidémie de Covid-19.
Six jours après ce drame, les autorités n’ont toujours pas répondu à la principale question : pourquoi une énorme quantité de nitrate d’ammonium était entreposée au port, au beau milieu de la ville ? C’est un incendie dans l’entrepôt où étaient stockées 2 750 tonnes de nitrate depuis six ans sans “mesures de précaution”, de l’aveu même de Hassan Diab, qui a provoqué l’explosion.
Le président Michel Aoun, lui-même contesté, a rejeté une enquête internationale. Les autorités n’ont pas communiqué sur le déroulement de l’enquête locale.
La communauté internationale va “directement” distribuer son aide
Le drame a relancé la contestation populaire, déclenchée le 17 octobre 2019 pour également dénoncer la corruption des dirigeants, même si celle-ci s’était essoufflée avec la pandémie de coronavirus.
La communauté internationale, qui depuis des années réclame au pouvoir libanais des réformes et une lutte contre la corruption, a bien montré, lors d’une visioconférence dimanche, coorganisée par la France et l’ONU, qu’elle ne lui faisait plus confiance.
Elle a annoncé qu’elle allait “directement” distribuer à la population les 252,7 millions d’euros d’aide aux victimes de l’explosion. Elle a également exigé une enquête “transparente” sur les causes de la catastrophe qui a fait près de 300 000 sans-abris, auxquels le gouvernement n’a fourni aucune aide.