Les États-Unis divisés quant au droit à l’avortement, le gouvernement de Biden continue sa lutte

Les États-Unis divisés quant au droit à l’avortement, le gouvernement de Biden continue sa lutte

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© US Department of Justice / AFP

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Par Lisa Coll

Publié le

Alors que le Kansas vote pour garantir le droit à l’avortement, Biden porte plainte contre une loi de l’Idaho.

Le gouvernement de Joe Biden a porté plainte mardi contre une loi de l’État de l’Idaho qui interdit quasiment tous les avortements, sa première action en justice depuis la volte-face de la Cour suprême des États-Unis sur le droit à l’IVG.

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Le président démocrate avait dénoncé l’arrêt de la haute Cour du 24 juin, qui enterrait le droit constitutionnel des Américaines à obtenir une interruption de grossesse, et promis de faire tout son possible pour défendre l’accès aux IVG.

Bien que ses marges de manœuvre soient limitées, son ministre de la Justice Merrick Garland avait mis en place une cellule chargée d’évaluer les lois adoptées dans la foulée de cette décision par les États opposés à l’avortement.

L’Idaho, un État rural et conservateur de l’Ouest américain, avait été parmi les premiers à se doter d’une nouvelle loi, censée entrer en vigueur le 25 août et qui autorise les avortements uniquement pour sauver la vie d’une femme enceinte.

Merrick Garland a demandé à la justice de la bloquer, arguant qu’elle viole une loi fédérale sur les urgences médicales puisqu’elle ne prévoit pas d’exception en cas de “danger grave pour la santé” de la femme enceinte et autorise des poursuites contre les médecins.

Selon lui, la loi fédérale estime que pratiquer un avortement peut être “le traitement nécessaire pour stabiliser une patiente en cas d’urgence médicale”. Or, depuis l’arrêt de la Cour suprême, “il y a eu de nombreuses informations sur des reports, des délais, voire des refus de soigner des femmes enceintes en situation d’urgence médicale”, a-t-il noté.

Les médias américains ont notamment donné l’exemple d’une femme dont la poche des eaux s’était rompue en début de grossesse mais qui avait dû continuer à porter l’embryon non viable jusqu’à un début de septicémie, ou d’autres qui n’avaient pas reçu d’assistance médicale pendant une fausse couche.

Le 24 juin, “nous avons promis de travailler sans relâche pour protéger et promouvoir les libertés liées à la reproduction, c’est ce que nous faisons aujourd’hui et nous continuerons à le faire”, a déclaré Merrick Garland.

Une dizaine d’États ont déjà banni les avortements sur leur sol et, à terme, une moitié des cinquante États devraient le faire. Un référendum sur le sujet, mardi au Kansas, a permis de prendre le pouls de l’opinion.

Le Kansas vote pour garantir le droit à l’avortement

Les électeurs du Kansas, dans le Midwest américain, se sont donc prononcés pour le maintien de la garantie constitutionnelle sur l’avortement, lors du premier scrutin majeur sur l’avortement depuis que la Cour suprême des États-Unis a annulé le droit fédéral à l’IVG.

Les électeurs de cet État conservateur ont rejeté un amendement qui aurait supprimé le texte garantissant le droit à l’avortement dans la Constitution de l’État et aurait pu ouvrir la voie à une réglementation plus stricte ou à une interdiction.

C’est un résultat “remarquable”, s’est félicitée Ashley All, porte-parole de la campagne des partisans du droit à l’avortement. “Les habitants du Kansas ont compris que cet amendement imposerait un contrôle gouvernemental sur les décisions médicales privées”, a-t-elle déclaré.

Quelques instants après la fermeture des bureaux de vote à 19 heures (00 h 00 GMT), Scott Schwab, chargé de superviser les élections au Kansas, a déclaré que la participation était d’au moins 50 %, un chiffre conforme aux attentes pour ce type de scrutin.

Ce scrutin était vu comme un test politique au niveau national, de nombreux États conservateurs ayant déjà interdit ou comptant interdire rapidement tout droit à l’IVG.

Même si les défenseurs de l’avortement ont remporté une claire victoire au Kansas, ils observent avec anxiété les États voisins du Missouri et de l’Oklahoma, qui ont imposé des interdictions quasi totales. Le Missouri n’admet ainsi pas d’exceptions en cas de viol ou d’inceste.

D’autres États, dont la Californie et le Kentucky, doivent voter sur la question en novembre, en même temps que les élections de mi-mandat au Congrès au cours desquelles républicains et démocrates espèrent mobiliser leurs partisans autour de l’avortement.

Konbini avec AFP