Il y a un an, Karin Alvarado Lopez, 39 ans, est sortie de chez elle pour acheter des bonbons et n’est jamais reparue. Depuis, “nous, sa famille, nous ne savons pas où elle se trouve“, raconte à l’AFP son frère Edward Alvarado, qui a lancé diverses initiatives avec ses parents pour tenter de retrouver sa sœur.
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Au Pérou, les disparitions de femmes sont un problème récurrent. Cinq femmes ont disparu par jour dans ce pays en 2019, selon le bureau du Défenseur des droits.
8 disparitions par jour pendant le confinement
Et la situation a empiré pendant la période de confinement imposé du 16 mars au 30 juin dans tout le pays : le chiffre a alors grimpé à huit disparitions quotidiennes, soit 915 Péruviennes, dont 70 % mineures.
“Je suis vraiment totalement dévasté, frustré de cette situation et envers les institutions de l’État qui ne nous apportent aucun soutien“, se lamente Edward, 37 ans, qui vit dans le nord-est de Lima.
Pour les familles et les associations féministes, la police et la justice ne prennent pas la peine d’enquêter sur ces disparitions, soutenant l’idée que ces femmes ont quitté leur famille volontairement.
La disparition, “une façon de tuer une femme”
Le Pérou a pourtant un très haut taux de féminicides et les réseaux de trafic d’êtres humains et de prostitution sont nombreux.
En février, trois semaines avant que le Covid-19 ne fasse irruption dans le pays, le cas de Solsiret Rodriguez, 23 ans, disparue en août 2016, a fait grand bruit. Le corps de cette jeune étudiante et militante contre les violences faites aux femmes a été retrouvé mutilé dans une maison de la capitale.
“Une disparition, c’est un féminicide ou un trafic d’être humain, ce n’est pas quelque chose de volontaire, plus maintenant. Aujourd’hui, c’est une façon de tuer une femme“, assène la mère de l’étudiante, Rosario Aybar, qui a cherché sa fille pendant trois ans et demi.
“Une résistance de la police à enquêter sur ces affaires“
La mère de Solsiret regrette que les autorités ne se soient pas donné la peine de savoir ce qu’il était advenu de la jeune femme, jusqu’à ce qu’un nouveau procureur se saisisse du cas.
Ses investigations ont permis de découvrir le corps de l’étudiante dans la maison de sa belle-sœur et du mari de cette dernière, où l’étudiante vivait au moment de sa disparition.
Le couple a été emprisonné, mais en raison de l’épidémie de Covid-19 le processus judiciaire est pour l’instant à l’arrêt, se lamente Rosario Aybar, 60 ans.
“Il y a une résistance de la police à enquêter sur ces affaires. Nous exigeons que se mette en place un fichier national des personnes disparues“, revendique Eliana Revollar, responsable des droits des femmes au sein du bureau du Défenseur des droits.
Même si certaines femmes ont pu réapparaître ensuite, l’absence d’un fichier national ne permet pas de savoir combien ne sont jamais rentrées chez elles.