Il y a encore des sex-shops qui considèrent le viol comme une catégorie porno

Il y a encore des sex-shops qui considèrent le viol comme une catégorie porno

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© Lucille Bion / Konbini news

Au même titre que l'inceste, d'ailleurs.

V-I-O-L. Le mot s’étale en toutes lettres sur les étagères d’un sex-shop de Châtelet à Paris. Dans ce magasin qui vend des sextoys, de la lingerie ou encore du lubrifiant, le viol est une catégorie de vidéo comme une autre. L’écriteau fait tache alors que s’est ouvert il y a quelques jours un Grenelle sur les violences conjugales

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Est-ce un cas isolé ou cette catégorie de vidéos est-elle courante dans les sex-shops ? Pour vérifier, direction Pigalle – le quartier de la capitale censé concentrer le plus grand nombre d’établissements du genre au mètre carré.

Derrière un rideau rouge, Ali se souvient du temps où son magasin faisait dans le DVD : “Avant, c’était ça qui rapportait de l’argent. Maintenant, les gens achètent des sextoys.” Trente ans que ce cinquantenaire à la mine réservée tient son petit magasin boulevard de Clichy.

S’il a remisé depuis plusieurs années tous ses DVD, il nous envoie chez certains collègues, qui pour la plupart n’auront “pas le temps” de répondre à nos questions. C’est bizarre, quand même, tous ces vendeurs qui n’ont “pas le temps” alors qu’ils campent derrière le comptoir de leur magasin désert.

Dans un magasin au look rafraîchi, on tombe sur un petit box de DVD. “Aujourd’hui, un DVD, ça coûte dans les 5 euros, à l’époque, ça pouvait valoir dans les 50-70 euros”, explique l’homme qui tient la boutique. Ça fait 20 ans qu’il travaille à Pigalle.

Si aujourd’hui il n’y a plus de catégorie “viol” sur son présentoir, il se souvient parfaitement du temps où ça a existé, parmi d’autres choses… “Un truc comme la zoophilie, ça se vendait très cher. Mais bon, aujourd’hui, avec tout ce qui se passe côté harcèlement, le féminisme…”, explique-t-il. On se comprend.

© Clothilde Bru/Konbini news

Dans un énième établissement où le vendeur est soudainement mutique, on tombe nez à nez dessus. Sur la tranche d’un classeur dans lequel sont classés les CD, la catégorie “Viol” s’imprime entre “Sado-maso” et “Spanking”. Mais bon, comme “le patron ne répond pas aux questions”, difficile de demander des explications.

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Un fantasme ancien

Un peu plus loin encore, au premier étage d’un sex-shop au stock de vidéos fourni, on tombe à nouveau dessus. Même chose dans les rayonnages d’un sex-shop, dont la DVDthèque court sur deux étages.

© Clothilde Bru/Konbini news

La catégorie “viol” a-t-elle aussi sa place sur les sites pornos ? Si on peut encore taper “viol” et obtenir des résultats sur les sites proposant ce type de contenus, la catégorie en tant que telle a disparu. Selon la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc, le viol a toujours fait partie des fantasmes de l’homme comme de la femme.

“Pour l’homme, c’est un moyen d’enlever sa peur de pénétrer l’autre et donc de confier son bien le plus précieux à l’autre. Quant à la femme qui fantasme sur le viol, ce n’est pas comme on le croit, cela n’a rien à voir avec la réalité d”une agression.”

Il s’agit plutôt d’une envie de lâcher prise qui se traduit par le fait d’être dépossédée de soi, explique l’auteure de La Sexualité décomplexée.

“Les gens fantasment des choses violentes. C’est normal”, abonde Aurore Malet-Karas, docteure en neurosciences et sexologue. Il y a bien aussi des catégories “inceste” qui perdurent dans ce genre d’établissement. “On est dans une société où les violences ont été taboues et très cachées pendant longtemps. Forcément, ça ressort autre part”, ajoute la spécialiste.

De là à dire qu’il ne faut pas s’inquiéter de l’existence d’une telle catégorie ? “Il n’y a pas de problème à fantasmer sur le viol. C’est dans la tête. Mais porté à l’écran, ce fantasme induit une normalité relationnelle qui peut être problématique”, modère Catherine Blanc. “C’est gênant d’un point de vue éthique, ça participe à la culture du viol”, abonde Aurore Malet-Karas. Reste que tant que ce sont des mises en scène, ces vidéos sont parfaitement légales.