Le président Emmanuel Macron a remis la plus haute distinction française à son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi lors de sa visite d’État à Paris, a-t-on confirmé jeudi à l’Élysée après la diffusion d’images par la seule présidence égyptienne.
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Ces images de la cérémonie, filmées lundi soir par la délégation égyptienne, ont été diffusées en France par l’équipe de l’émission Quotidien sur la chaîne TMC. La remise de décoration ne figurait pas à l’agenda officiel du président Macron, tout comme le dîner offert dans la foulée en l’honneur du président Sissi.
L’attribution de la grand-croix de la Légion d’honneur au président Sissi, décrié par les défenseurs des droits humains pour la répression dans son pays, a suscité des réactions outrées sur les réseaux sociaux.
De telles attributions relèvent des “exercices imposés” lors des visites d’État, note-t-on dans l’entourage du président Macron. “Les échanges de décorations sont l’un des éléments traditionnels des visites d’État, qui sont rares, une à deux par an en France. Et comme il s’agit de chefs d’État, ils reçoivent la plus haute distinction”, renchérit une source diplomatique française.
Selon le site de la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur, les étrangers peuvent être décorés s’ils ont “rendu des services” à la France, “encouragé des causes qu’elle défend” comme la défense des droits de l’Homme, ou dans le cadre de visites d’État “au titre de la réciprocité diplomatique” et afin de soutenir “la politique étrangère de la France”.
“Il n’y a pas eu d’accréditation autorisée”
Le président Macron a ainsi décerné la grand-croix au grand-duc Henri de Luxembourg en 2018, selon l’Élysée. Les rois d’Espagne, des Pays-Bas ou du Maroc et plusieurs présidents, dont le Russe Vladimir Poutine en 2006 et le Polonais Bronisław Komorowski en 2012, l’avaient aussi reçue.
La France a par ailleurs engagé, sous Emmanuel Macron, une procédure de retrait de la Légion d’honneur au président syrien Bachar al-Assad, en raison de la guerre civile dans son pays depuis 2011 et de la répression sanglante engagée par le régime de Damas.
Ce dernier, qui avait été fait grand-croix par Jacques Chirac en 2001, l’a finalement rendue après la participation de Paris aux frappes contre la Syrie en avril 2018.
Pour la visite du président Sissi, les cérémonies aux Invalides et à l’Arc de triomphe, l’arrivée à l’Élysée pour le dîner d’État ou la rencontre avec la maire de Paris Anne Hidalgo n’étaient pas non plus ouvertes aux télévisions françaises et agences internationales.
“Sur une visite d’État, c’est le Quai d’Orsay qui fixe le protocole d’accréditation, y compris pour le secteur Hôtel de Ville. Il n’y a pas eu d’accréditation autorisée, le Quai ne l’a pas souhaité”, a déclaré à cet égard un proche d’Anne Hidalgo à l’AFP.
Mais l’exécutif dément avoir donné des consignes aux différents hôtes du président Sissi. “La seule consigne sur cette visite, c’était que chacun gérait sa communication”, assure-t-on au Quai d’Orsay.
Konbini news avec AFP