Le ministère de l’Éducation nationale a publié un texte destiné à mieux accompagner les élèves transgenres à l’école, afin de clarifier le rôle que doit tenir l’institution face à ces “transitions de genre” souhaitées par un nombre croissant d’élèves. Cette circulaire intitulée “pour une meilleure prise en compte des questions relatives à l’identité de genre en milieu scolaire” est parue jeudi soir au Bulletin officiel. Elle reconnaît les droits des élèves transgenres et fixe des règles protégeant leurs droits.
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“L’École, en tant que service public fondé sur les principes de neutralité et d’égalité, se doit d’accueillir tous les élèves dans leur diversité et de veiller à l’intégration de chacun d’eux avec pour ambition de leur permettre de réussir leur parcours scolaire”, est-il écrit en préambule. Selon ce texte, “la transidentité est un fait qui concerne l’institution scolaire. Celle-ci est en effet confrontée, à l’instar de leur famille, à des situations d’enfants – parfois dès l’école primaire – ou d’adolescents qui se questionnent sur leur identité de genre”.
“Toutes les mesures d’accompagnement mises en place pour les jeunes transgenres ou en questionnement sur leur identité de genre doivent être élaborées de manière individuelle en se fondant sur les besoins exprimés par les élèves eux-mêmes et leur famille, dans le respect des règles communes à l’institution scolaire”, se basant “sur les trois principes écouter, accompagner et protéger”.
Répondre aux demandes de changement de prénoms, mais aussi aux normes vestimentaires et l’usage de lieux d’intimité, comme les toilettes, vestiaires et chambres d’internat : le ministère tente de fixer un cadre pour que les recteurs, inspecteurs, directeurs d’école, chefs d’établissements ou encore enseignants puissent répondre à ces questions sur le terrain.
Un changement de prénom qui devra être fait avec l’accord des deux parents
La question du changement de prénom d’abord. Si l’élève est mineur, lorsque la demande est faite avec l’accord des deux parents, “il s’agit alors de veiller à ce que le prénom choisi soit utilisé par l’ensemble des membres de la communauté éducative”, indique le texte.
Ce “prénom d’usage” est substitué par l’établissement scolaire “de manière cohérente et simultanée, dans tous les documents qui relèvent de l’organisation interne (listes d’appel, carte de cantine, carte de bibliothèque, etc.) ainsi que dans les espaces numériques (ENT, etc.)”, poursuit-il. En revanche, il ne sera pas pris en compte pour les épreuves de certains diplômes nationaux, où seul le prénom inscrit à l’état civil est valide.
Une circulaire qui n’a pas fait l’unanimité : sur les réseaux sociaux, de nombreuses personnes trans ont critiqué le texte, notamment concernant cette question d’accord parental pour le changement de prénom. “Ce torchon contradictoire va mettre en danger les élèves trans, qui vont donc devoir choisir entre faire leur coming out auprès de leurs parents ou se faire appeler par un prénom qui ne leur correspond pas”, écrit ainsi un internaute.
Autre levée de boucliers du côté de ceux craignant un “prosélytisme” sur les questions d’identité de genre, et qui estiment que ces questions sont de l’ordre de la sphère privée, déversant au passage de nombreuses réflexions transphobes.
Au début de l’année 2021, Doona, étudiante à Montpellier, puis Fouad, lycéenne à Lille, s’étaient suicidées, sur fond de transphobie scolaire.
Konbini news avec AFP