Le député Insoumis Éric Coquerel est élu président de la commission des finances

Le député Insoumis Éric Coquerel est élu président de la commission des finances

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© JULIEN DE ROSA / AFP

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Par Emma Couffin

Publié le

Depuis une dizaine d’années, il s’est peu à peu imposé comme l’un des mélenchonistes les plus médiatisés.

Le député LFI de Seine-Saint-Denis Éric Coquerel, élu jeudi au poste-clé de président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, est un défenseur inlassable des “quartiers populaires” et l’un des promoteurs, auprès de Jean-Luc Mélenchon, de la lutte contre “l’islamophobie”.

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Ces derniers jours, c’est plutôt la perspective qu’il préside la puissante commission des finances qui a inquiété la Macronie, la droite et le RN.

Même s’il assure en souriant qu’il a eu “16/20 au bac sur le tournant de la rigueur de Mauroy”, Éric Coquerel ne pouvait se prévaloir d’un pedigree aussi convaincant sur l’économie que l’ancienne cheffe des députés PS Valérie Rabault. Elle voulait se présenter avant de se rendre à la logique des rapports de force intra-Nupes.

Techniquement, “ce n’est pas faire offense à Éric Coquerel de dire qu’elle avait une compétence plus importante”, souligne ainsi la députée socialiste Christine Pirès-Beaune auprès de l’AFP.

Pourtant, celle qui était la voisine d’Éric Coquerel en commission lors de la précédente législature témoigne : “Il était très présent, très assidu, ce n’est pas le cas de tout le monde. C’est quelqu’un qui a bossé ses dossiers.”

Omniprésent dans les manifestations, les piquets de grève, les luttes étudiantes ou dans les quartiers, il s’est imposé depuis une dizaine d’années comme l’un des mélenchonistes les plus médiatisés. “C’est un député d’action, il aime bien participer aux mouvements sociaux”, rapporte Pascal Troadec, adjoint au maire de Grigny (Essonne) et l’un des animateurs, à LFI, des collectifs militants dans les cités.

“J’apprécie sa disponibilité et son engagement, c’est à ça qu’on reconnaît un élu de terrain, car ce ne sont pas toujours des luttes gagnantes”, euphémise-t-il.

“J’ai été l’un des acteurs du changement de période”

Éric Coquerel n’a jamais cessé de militer, de la lutte lycéenne à la direction du Parti de gauche, en passant par son adhésion à la LCR, au MRC de Jean-Pierre Chevènement puis à la création du mouvement Mars.

Il a, en particulier, organisé en novembre 2018 à Épinay (Seine-Saint-Denis) les premières “Rencontres des quartiers populaires”. Au-delà de toutes les problématiques sociales et territoriales alors abordées, l’événement reste l’un des symboles de l’évolution de Jean-Luc Mélenchon et de LFI sur le voile.

“J’ai été un des acteurs du changement de période, considérant qu’avec le développement d’un racisme à l’encontre des musulmans dans le pays, il fallait les protéger”, confie Éric Coquerel. Il explique : “On a dû constater que pour la quasi-totalité des femmes voilées, c’est plus un affichage culturel et religieux qu’une soumission. Alors qu’avant, le voile était chez nous davantage vu comme le signal de l’intégrisme.”

François Cocq, ancien orateur national de LFI, qui tient Éric Coquerel pour son “parrain en politique”, est circonspect à ce sujet : “Cette ligne, ils l’ont portée instantanément. Je veux bien qu’être élu de Saint-Ouen lui donne une révélation, mais ils ont surtout regardé leurs intérêts électoraux pour garder leurs circonscriptions.”

Il raconte : “Coquerel a fait partie, après 2017, de ceux qui ont théorisé les 600 000 voix manquantes à l’élection de Jean-Luc Mélenchon” et la nécessité d’amplifier la conquête des quartiers populaires. Mais François Cocq garde “beaucoup d’affection” pour le député qui “humainement dépareille à LFI” et “est l’un des seuls qui osent dire les choses à Mélenchon”.

Konbini news avec AFP