Hommage à l’Assemblée nationale suite au décès accidentel de Moussa Sylla, un agent d’entretien

Hommage à l’Assemblée nationale suite au décès accidentel de Moussa Sylla, un agent d’entretien

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© LOIC VENANCE / AFP

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Par Eve Chenu

Publié le , modifié le

Représentants syndicaux et députés de gauche dénoncent un drame de la sous-traitance.

Une centaine de personnes se sont rassemblées mardi devant l’Assemblée nationale afin de rendre hommage à Moussa Sylla, un agent de propreté employé au palais Bourbon, une semaine après sa mort des suites d’un accident du travail, a constaté l’AFP.

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Représentants syndicaux et députés de gauche de l’Assemblée nationale ont dénoncé un drame de la sous-traitance : Moussa Sylla, employé de la société Europ Net, d’origine mauritanienne, est décédé le 12 juillet, trois jours après un accident survenu au cinquième sous-sol d’un parking de l’Assemblée nationale, alors qu’il avait “perdu le contrôle” d’une autolaveuse, a rapporté le collectif CGT parisien du nettoyage.

“Un mort de plus, un mort de trop”, tonne Danielle Cheuton, membre du collectif. Dans un article de Libération, elle raconte : “On lui a demandé de faire en quatre heures le travail que le salarié qu’il remplaçait faisait en six heures. Il n’y a aucun témoin, son corps a été retrouvé par hasard par des déménageurs alors que ses collègues s’inquiétaient de ne pas le voir remonter à l’heure de la sortie.”

André Chassaigne, patron des députés communistes, a exprimé le vœu de “faire en sorte que dans cette Assemblée nationale, la sous-traitance disparaisse, qu’on puisse réinternaliser”, estimant qu’il n’est “pas normal qu’il y ait les fonctionnaires, qu’il y ait les intérimaires, qu’il y ait les sous-traitants” qui travaillent dans une maison commune et ne bénéficient pas de droits communs.

“Il faut arrêter cette externalisation vers des entreprises qui, bien souvent, manquent de vigilance, sans doute, dans les conditions de leurs travailleurs”, a estimé pour sa part le député LFI Alexis Corbière. Contactée par l’AFP, la société Europ Net n’avait pas donné suite dans l’immédiat.

“Le fait de choisir la sous-traitance est en grande partie responsable de cet accident mortel”, a estimé Fabrice Egalis, de la CGT, pour qui “il n’y a plus de relation de travail entre le donneur d’ordre et les salariés”, mais une simple “relation commerciale”.

Une enquête en cours

Une centaine de députés de tous bords et de collaborateurs se sont réunis ensuite, peu avant 15 heures, dans la cour d’honneur de l’Assemblée nationale pour rendre un hommage à Moussa Sylla et observer de nouveau une minute de silence en sa mémoire.

Évoquant un “drame terrible”, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (LREM), a formé le vœu que l’enquête ouverte par la justice et celle menée par l’inspection du travail permettent de “faire la lumière” sur les faits, et a assuré qu’elle suivra “attentivement” les suites des investigations.

Elle a également dit partager “l’émotion de la famille” de la victime, qu’elle avait rencontrée dans la matinée. “Nous ferons le maximum pour les soutenir”, a-t-elle dit, entourée notamment du président LFI de la commission des finances Éric Coquerel, qui a, lui aussi, rencontré la famille du défunt.

Le 13 juillet, une minute de silence avait déjà été respectée dans l’enceinte de l’Assemblée nationale en hommage à Moussa Sylla.

Konbini avec AFP