Guerre en Ukraine : à Boutcha, les pays occidentaux dénoncent un crime de guerre

Guerre en Ukraine : à Boutcha, les pays occidentaux dénoncent un crime de guerre

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© RONALDO SCHEMIDT / AFP

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Par Emma Couffin

Publié le

Boutcha est le théâtre de combats parmi les plus féroces depuis le début de l’invasion russe en Ukraine.

L’Ukraine a accusé dimanche l’armée russe d’avoir commis un “massacre” à Boutcha, une petite ville au nord-ouest de Kyiv récemment reprise par les troupes ukrainiennes, où de nombreux cadavres de civils étaient visibles dans les rues. Ce massacre a suscité l’indignation des pays occidentaux, pour lesquels il s’agit d’“un terrible crime de guerre”.

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Cette ville d’environ 37 000 habitants, à 30 km de la capitale, a été le théâtre de combats parmi les plus féroces depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février dernier. Occupée par l’armée russe dès le 27 février, la ville est restée inaccessible pendant plus d’un mois. Les bombardements y ont cessé jeudi et les forces ukrainiennes n’ont pu complètement y pénétrer qu’il y a quelques jours.

Des journalistes de l’AFP se sont rendus samedi dans cette localité et ont pu voir des trous béants provoqués par des obus dans des immeubles d’habitation, de nombreuses carcasses de voitures et des rues jonchées de débris ou de lignes électriques abattues. Ceux de ses habitants restés sur place, pris au piège par les tirs incessants, étaient privés d’eau et d’électricité par des températures très basses.

280 personnes enterrées dans des “fosses communes”

L’AFP a vu samedi les cadavres d’au moins 22 personnes portant des vêtements civils dans des rues à Boutcha. L’un était couché près d’un vélo, d’autres avaient à côté d’eux des sacs à provisions.

La plupart des corps étaient éparpillés sur plusieurs centaines de mètres dans une même rue. Si la cause exacte de leur mort reste indéterminée, deux des victimes présentaient de larges blessures à la tête. Selon le maire de Boutcha, Anatoli Fedorouk, ces personnes ont été tuées par les soldats russes d’“une balle dans la nuque”.

Les cadavres de 57 personnes ont été retrouvés dans une fosse commune, a déclaré dimanche le chef des secours locaux, Serhiï Kaplytchny, en montrant à une équipe de l’AFP ce site. Une dizaine de cadavres étaient visibles, certains seulement partiellement inhumés, derrière une église du centre de la ville. Plusieurs d’entre eux étaient dans des sacs mortuaires noirs et ceux que l’on pouvait voir portaient des vêtements civils.

Samedi, M. Fedorouk avait affirmé que “280 personnes” avaient été enterrées “dans des fosses communes” car elles ne pouvaient être inhumées dans les cimetières de Boutcha, tous à portée des tirs russes pendant les combats. “Nous avons trouvé des fosses communes. Nous avons trouvé des gens avec les mains et les jambes ligotées […] avec des impacts de balles à l’arrière de la tête”, a de son côté déclaré à la BBC le porte-parole du président ukrainien, Serguiï Nikiforovil, affirmant qu’il s’agissait “clairement de civils”.

Le nombre exact des victimes n’est pas encore connu, a déclaré à l’AFP le maire de Kyiv, Vitali Klitschko, qui s’est rendu dimanche à Boutcha : “Nous pensons que plus de 300 civils sont morts.”

Réactions internationales

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé dimanche la Russie de commettre un “génocide” en Ukraine pour éliminer “toute la nation” ukrainienne.

Les images et informations en provenance de Boutcha ont provoqué un tollé international. Elles sont “un coup de poing à l’estomac”, a réagi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. Il s’agit d’actes “horribles” et “absolument inacceptables”, a jugé l’Otan.

Le président français Emmanuel Macron a pour sa part fait état de “centaines de civils lâchement assassinés” dans cette ville, ajoutant que “les autorités russes devront répondre de ces crimes”. Marine Le Pen évoque des “crimes de guerre” en Ukraine : “À partir du moment où des civils sont ainsi abattus sans défense, ça recouvre la définition de crimes de guerre”, a déclaré la candidate d’extrême droite sur BFM TV et RMC.

Pour le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot, imposer un embargo sur le pétrole et le gaz russe était le seul moyen de “forcer Vladimir Poutine au cessez-le-feu et à la fin de ces atrocités”, après le massacre de civils à Boutcha, près de Kyiv en Ukraine.

La Grande-Bretagne a demandé une “enquête pour crimes de guerre” et le président du Conseil européen, Charles Michel, a annoncé que l’UE allait “aider l’Ukraine et des ONG à rassembler les preuves nécessaires pour des poursuites devant les cours internationales”.

L’Union européenne discute en “urgence” de nouvelles sanctions contre Moscou, réclamées notamment par la France et l’Allemagne, après la découverte d’un grand nombre de corps de civils dans la région de Kyiv, a indiqué lundi le haut représentant de l’UE Josep Borrell.

La Russie dément toutes les accusations

La Russie a quant à elle démenti avoir tué des civils à Boutcha, assurant que “pendant la période au cours de laquelle cette localité était sous le contrôle des forces armées russes, pas un seul de ses habitants n’a souffert d’actions violentes”.

De son côté, la Russie rejette “catégoriquement” toutes les accusations. Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a assuré que les experts du ministère russe de la Défense avaient découvert des signes de “falsifications vidéo” et des “fakes” dans les images présentées par les autorités ukrainiennes comme preuves d’un massacre dont elles accusent la Russie.

Konbini news avec AFP