Affaire Alexandre Benalla, épisode 3245.
© Bertrand GUAY / AFP
À voir aussi sur Konbini
“Ça peut paraître loufoque, mais c’est la réalité”, a assuré Alexandre Benalla devant les juges pour tenter de les convaincre que l’arme identifiée comme étant un pistolet de type Glock avec laquelle il posait sur une photo révélée par Mediapart – à une période où il n’était pas autorisé à en porter une en dehors du QG de la République en marche –, était en réalité… un pistolet à eau.
L’ancien collaborateur déchu de l’Élysée était entendu par les juges d’instruction le 29 novembre dernier. Sa défense pour le moins originale semble avoir fonctionné puisqu’ils ont renoncé, à ce stade, à ordonner sa mise en examen pour “détention non autorisée d’arme de catégorie B”, comme ils l’envisageaient initialement.
Selfie armé de Benalla: le parquet de Poitiers ouvre une enquête https://t.co/xGiMApFb0A
— Mediapart (@Mediapart) 25 septembre 2018
Mais Alexandre Benalla n’a pas échappé à tous les chefs d’accusation : il a de nouveau été mis en examen pour des violences en marge du défilé parisien, cette fois au Jardin des Plantes, peu avant l’affaire de la Contrescarpe, a appris l’AFP dimanche de source proche du dossier.
Déjà poursuivi depuis le 22 juillet pour ces faits survenus place de la Contrescarpe à Paris, il a de nouveau été entendu le 29 novembre. L’enquête vise donc aussi les événements intervenus quelques heures plus tôt au Jardin des Plantes. Ce jour-là, le jeune homme de 27 ans se trouvait en “observateur” embarqué avec les forces de l’ordre.
Ces faits, révélés après la mise en examen initiale de M. Benalla, constituent le premier acte de cette journée du 1er mai qui a précipité au cœur de l’été la chute de l’ex-chargé de mission, un élément central du dispositif sécuritaire autour d’Emmanuel Macron.
Plusieurs vidéos le montrent avec son acolyte Vincent Crase, employé du parti présidentiel La République en Marche, aux côtés de policiers dans les allées du jardin. Dans l’une d’elles, on les voit emmener un homme qui vient d’être interpellé alors que des CRS sont autour d’eux.
Au terme d’un interrogatoire de plus de huit heures, les magistrats ont une nouvelle fois mis en examen M. Benalla pour “immixtion dans l’exercice d’une fonction publique” et “violences volontaires en réunion ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure à 8 jours”. Des faits commis au préjudice de l’homme interpellé ce jour-là, Khélifa M.
À ce moment-là, Alexandre Benalla et Vincent Crase suivaient des policiers en civil appelés en renfort au Jardin des Plantes alors que des CRS essuyaient des jets de pierre venus de militants d’ultragauche, selon M. Benalla. Khélifa M., partie civile au dossier, affirme s’être réfugié dans le parc après un mouvement de foule et avoir été frappé. Il devra répondre dans quelques mois devant le tribunal de violences sur des policiers, des faits qu’il conteste.
Rires et silences
Depuis le début de l’affaire, les juges cherchent aussi à savoir si M. Benalla a outrepassé son rôle d’observateur en interférant dans les missions de la police.
Interrogé sur ce point, Benalla a démenti tout rôle directif, soutenant au contraire qu’il était “en retrait”. Sur les vidéos, “on constate à chaque fois que je n’ai pris aucune initiative […] Je suis le mouvement”, se défend-il, selon l’interrogatoire dont a eu connaissance l’AFP.
Mais les choses se seraient ensuite emballées lorsque Khélifa M. aurait tenté d’échapper aux policiers. Si Alexandre Benalla reconnaît l’avoir interpellé avec Vincent Crase, et lui avoir fait “une clé de bras” avant de le remettre aux forces de l’ordre, il affirme avoir agi par “réflexe citoyen”, un argument qu’il a déjà mis en avant lors de sa première mise en examen.
“J’ai apporté mon concours à la force publique pour interpeller un délinquant violent qui venait de commettre un acte grave sur les policiers”, des jets de pierre sur des CRS, a-t-il justifié.
Des explications qui semblent avoir laissé les juges dubitatives : – “Admettez-vous qu’à ce moment-là vous n’êtes plus vraiment dans votre mission d’observation”? Entre rires, silences et piques à l’adresse des trois magistrates, la suite de l’interrogatoire est tendue.
“Ce n’est pas normal d’arrêter un délinquant et d’aider les policiers ?”, se défend-il. Il refuse ensuite de répondre aux questions sur le cas de Khélifa M.
La suite de l’interrogatoire lui sera ensuite plus favorable. Les juges ont décidé de ne pas le mettre en examen pour un port illégitime de brassard de police, ni pour une autre interpellation dénoncée dans les médias par un couple qui se trouvait au Jardin des Plantes. Pour sa défense, il a assuré ne pas avoir assisté à cette scène.
“Et le coffre qui a disparu, c’était son coffre à jouets ?”
La justification du pistolet à eau n’a pas manqué de faire réagir les internautes, qui ont sauté sur l’occasion de moquer tantôt la stratégie des avocats de la défense, tantôt l’ancien chargé de mission lui-même.
#Benalla Son pistolet était à eau, sa matraque en mousse, son salaire en billets Monopoly, sa voiture de fonction une autolib, son brassard de police un brassard de visibilité décathlon, colonel de la PatPatrouille et son pin’s GSPR est une étoile de chérif en plastique...
— Guido.dC ن (@Menfain) 17 décembre 2018
#Benalla @le_gorafi avait rendu l'info publique dès le 19 septembre#QuandLaRéalitéRattrappeLaFiction pic.twitter.com/EZE0e8trNy
— Maxime Combes (@MaximCombes) 17 décembre 2018
- Et là M. #Benalla c’est quoi ça ?
— General Alcazar ? (@GeneralAcazar) 17 décembre 2018
- Oh juste un p’tit coup de brumisateur, M. le Juge c’était un jour de canicule..
- La canicule ? En décembre ?
- Bah vous savez avec le réchauffement climatique, les saisons ce n’est plus ce que c’était..
- ... ??! pic.twitter.com/acxYDoxjoN
- Et sur cette photo pourquoi vous étranglez ce manifestant ?
— General Alcazar ? (@GeneralAcazar) 17 décembre 2018
- Étrangler ? Ptdrrr.. c’est un vieux copain de classe. Quinze ans qu’on ne s’était pas vu. J’lui fais un gros câlin ! #Benalla pic.twitter.com/OYzOCe0c7c
Et le coffre qui a disparu c'était son coffre à jouets ?#Benalla #BlagueDuJour pic.twitter.com/qcmQaj7tF6
— Dadou (@Dadoudidonk) 16 décembre 2018
#Benalla un pistolet à eau ? OK pic.twitter.com/6UfDzevSCH
— bakary (@bakary019) 17 décembre 2018
- Quelqu'un pourrait servir un verre d'eau au président ?
— Schtroumpf Tweeteur (@Schtroumpf_Twit) 17 décembre 2018
- Bien sûr, j'suis toujours là pour rendre service ! *PAN *
- PUTAIN ALEX !!
#Benalla pic.twitter.com/46lLaRF0EZ
« Qu’es-ce t’as fais là ?! -Rien juste une bataille d’eau... » #Benalla pic.twitter.com/KXlbsov4Ft
— Maxence Futuradios (@MaxFuturadios) 17 décembre 2018
@PatocheBlakany
— nathalie renard ????? (@nrenard75) 17 décembre 2018
La voiture de #Benalla pic.twitter.com/9kKp1yfxd5
matraques de #Benalla pic.twitter.com/IWOEsZKJTa
— RendslarJean (@PatocheBlakany) 17 décembre 2018
On va bientôt lui decouvrir des liens de parenté avec Jawad ma parole ???#Benalla #waterGun #lol #Hashtag https://t.co/l6MuN79cjH
— Karim Khenoune (@KarimKhenoune) 17 décembre 2018
Alexandre #Benalla n'a d'ailleurs jamais existé
— CMElysée (@CmElysee) 17 décembre 2018
Konbini avec AFP