États-Unis : dans un supermarché, une nouvelle fusillade raciste cause la mort d’une dizaine de personnes

États-Unis : dans un supermarché, une nouvelle fusillade raciste cause la mort d’une dizaine de personnes

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© SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

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Par Emma Couffin

Publié le

L’assaillant de 18 ans aurait diffusé un "manifeste" raciste en ligne, s’inspirant des massacres commis par des suprémacistes blancs.

À Buffalo, dans l’État de New York, dix personnes ont été tuées dans un supermarché dimanche 15 mai. Onze des victimes étaient des personnes noires et deux étaient blanches, dans ce quartier majoritairement afro-américain de Buffalo.

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L’auteur de la fusillade est un homme blanc de 18 ans. Lourdement armé, Il aurait d’abord tiré sur quatre personnes sur le parking du supermarché Tops, tuant trois d’entre elles, avant d’entrer dans le commerce, selon le commissaire Gramaglia. Le tueur a été immédiatement arrêté sur place, poursuivi dans un premier temps pour “meurtre avec préméditation” et incarcéré.

L’assaillant avait commencé à diffuser en live son crime sur la plateforme Twitch, laquelle s’est déclarée “dévastée” et a promis une “tolérance zéro contre toute forme de violences”. D’après le réseau social, le contenu a été supprimé “deux minutes” après le début de sa diffusion, le compte de l’assaillant a été “suspendu définitivement” et “tous les comptes susceptibles de rediffuser ce contenu sont sous surveillance”.

Des médias américains ont également évoqué un “manifeste” à caractère raciste diffusé sur Internet. Selon le New York Times, le suspect aurait été “inspiré” par des crimes commis par des suprémacistes blancs, notamment le massacre, en 2019, de 51 fidèles dans deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande.

“Crime raciste motivé par la haine”

Il s’agit d’un énième “crime raciste motivé par la haine” a fustigé le shérif du comté d’Érié, John Garcia. “Cet individu est venu avec l’objectif de tuer le plus de personnes noires possible”, a résumé Byron Brown lors d’une conférence de presse.

“Les preuves que nous avons réunies jusqu’à présent ne laissent aucun doute sur le fait que c’est un crime raciste motivé par la haine et qu’il sera jugé comme tel”, a précisé le chef de la police de Buffalo, Joseph Gramaglia.

Sous le choc, les habitants de la ville de Buffalo ont rendu hommage aux victimes dimanche. “Comment un garçon de 18 ans peut se procurer une arme ?”, s’est exclamé auprès de l’AFP Derryl Long, né à Buffalo et habitant dans la ville voisine de Chautauqua.

Une large foule était réunie sur le lieu du drame, priant, déposant des gerbes de fleurs et scandant le mot “unité” tandis qu’une autre veillée avait lieu dans une église où le maire de Buffalo, Byron Brown, s’est dit “dévasté” face à cette “attaque raciste et violente”.

“Terrorisme intérieur”

“C’était du terrorisme intérieur, purement et simplement”, a déclaré la procureure générale de New York, Letitia James, qui s’est rendue à Buffalo pour assister à la veillée.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a, de son côté, fermement condamné cette tuerie, qu’il a qualifiée d’acte “ignoble d’extrémisme raciste et violent”, a indiqué dimanche son porte-parole.

“Nous devons travailler ensemble pour combattre la haine qui demeure une tache sur l’âme de l’Amérique”, a martelé dimanche Joe Biden à Washington. Le président américain se rendra mardi à Buffalo “pour partager la douleur d’une communauté qui a perdu dix des siens dans une tuerie de masse horrible et insensée”, a annoncé la Maison-Blanche.

45 000 morts par balle en 2021

Cette tuerie raciste en rappelle deux autres : celle d’El Paso au Texas, en 2019, où 23 personnes avaient été tuées par un militant d’extrême droite, dont huit Mexicains et des personnes d’origine hispanique, et celle de Charleston en Caroline du Sud où un suprémaciste blanc avait tué neuf fidèles afro-américains dans une église en 2015. Dans ces deux cas, des manifestes haineux avaient été mis en ligne avant les attaques.

Un jour après cette tuerie, une église en Californie a fait l’objet d’une attaque. Une personne est décédée et quatre ont été grièvement blessées dans une fusillade dont la motivation n’est pour l’heure pas connue.

Les fusillades dans les lieux publics sont quasiment quotidiennes aux États-Unis et la criminalité par armes à feu est en augmentation dans les grandes villes comme New York, Chicago, Miami ou San Francisco, notamment depuis la pandémie de 2020. En 2021, les armes à feu ont fait près de 45 000 morts dans le pays, dont environ 24 000 suicides, selon l’organisation Gun Violence Archive.

Konbini news avec AFP.